Patrice Gauquelin (Président d’EDT Normandie Entrepreneurs des Territoires) : « difficultés de trésorerie ? On en parle ensemble ! »
EDT Normandie tient son assemblée générale le 27 janvier à partir de 15 h, à Torigni-sur-Vire (14). Hervé Pillaud (agriculteur, secrétaire général de la chambre d’agriculture et vice-président de la FDSEA de Vendée) interviendra sur le thème du numérique. «Internet est dans le pré et il s’agit de ne pas le laisser filer», insiste-t-il. En attendant, Patrice Gauquelin (président d’EDT Normandie) revient sur la crise agricole qui n’est pas sans conséquence sur le quotidien des ETA (Entreprises de Travaux Agricoles).
>> L’agriculture, et plus particulièrement l’élevage, est en crise depuis plusieurs années. L’ardoise financière s’alourdit-elle dans les ETA que vous représentez ?
A quelques exceptions près, on ne peut pas dire que le volume des impayés soit plus important qu’avant. Par contre, celui des encours est en nette augmentation. On le ressent particulièrement dans le monde de l’élevage avec des contrastes très marqués en lait. On distingue très nettement à quelle laiterie livre un client à l’analyse des délais de paiement pratiqués. Là où le prix payé au producteur couvre les charges, il n’y a pas de difficultés majeures. Nous sommes donc nous aussi connectés à la réalité de la crise agricole et sommes aux côtés de nos clients dans leur revendication d’un meilleur partage de la plus-value.
>> Comment vous adaptez-vous ?
Nous devons être plus rigoureux et plus prudents dans la gestion de nos entreprises. Nombreuses par exemple sont les ETA qui, en 2016, ont baissé la garde dans le renouvellement de leur parc matériel.
Autre phénomène observé et liè en partie à cette crise qui dure depuis trop longtemps, certaines ETA qui étaient à vendre pour cause de retraite n’ont pas trouvé de repreneur. C’est humainement et économiquement dur à vivre.
>> Vis-à-vis de son prestataire de services, quelle est la bonne attitude à adopter pour un agriculteur qui connaît des difficultés de trésorerie ?
En premier lieu, nous en parler. Ce que nous voulons entretenir avec nos clients, c’est une relation de confiance sur du long terme. Nous comprenons parfaitement que, dans une telle conjoncture, honorer une facture de 8000 € au lendemain des moissons ou d’un chantier d’ensilage soit compliqué. Certains ont mis en place un échéancier, un système de mensualisation avec régulation en fin d’année... Voilà les réponses que nous pouvons apporter ponctuellement sachant que nous sommes, nous aussi, en attente d’une économie générale agricole plus porteuse.
>> L’horizon ne se dégageant pas, vous devez être très inquiets quant à l’avenir des ETA ?
Non, bien au contraire, je suis résolument optimiste. L’équilibre économique de toute entreprise passe par la maîtrise des charges et les charges de mécanisation grèvent lourdement celui des exploitations agricoles. Les ETA constituent une des solutions au problème.
Au-delà, l’avenir passe aussi par l’agriculture de précision, l’agroécologie, l’agriculture connectée, le numérique qui sera d’ailleurs le thème de notre assemblée générale. A nous de nous approprier toutes ces nouvelles technologies, de faire notre révolution, pour apporter le meilleur service à un coût acceptable.
>> Bientôt les présidentielles puis les législatives dans la foulée, vous en attendez quelque chose ?
Peut-être la remise en place des réductions de charges pour l’embauche de travailleurs occasionnels supprimés en 2015. Cela nous a coûté 300 € par mois et par salarié. Les ETA ont donc moins embauché.