L’interview du président du canton de Bayeux Ryes à la FDSEA 14
Philippe Gaillard : " J’ai toujours été sympathisant FDSEA "
Philippe Gaillard, 55 ans, est installé à Sommervieu en production de pommes à cidre et quelques cultures. Il se veut être un relais d’information, au contact du terrain et des élus.
Philippe Gaillard, 55 ans, est installé à Sommervieu en production de pommes à cidre et quelques cultures. Il se veut être un relais d’information, au contact du terrain et des élus.
>> Philippe Gaillard, qui êtes-vous ?
Je suis fils d’agriculteurs, mes parents étaient installés à Vaux-sur-Aure. Plus j’ai grandi et plus le fait de m’installer me paraissait une évidence. J’ai suivi un BTA au Robillard puis une formation de conducteur mécanicien en Bretagne. Je suis sorti de l’école en 1985. En 1986, j’ai fait mon service militaire. Ensuite, j’ai travaillé à droite et à gauche. Les terres qu’exploitaient mes parents ont été vendues. Je me suis installé ici, à Sommervieu, en 1989. Il y avait un peu de cultures, des prairies, une production laitière. J’ai transformé l’atelier lait en jeunes bovins et j’ai créé des vergers. En 1992, avec la réforme de la PAC, j’ai arrêté les JB. J’ai été, pendant dix ans, double actif en tant que chauffeur de Cuma. Puis, la Cuma dans la région qui s’occupait de la récolte des pommes a arrêté. Alors je me suis dit : à 40 ans, soit je continue comme je suis et je m’enterre, soit je prends cette opportunité et je rebondis. Alors, j’ai créé mon ETA dédiée à la récolte des pommes et aux travaux dans les vergers en 2003. Ça a bien marché, il y avait de la demande. Entre temps, j’ai planté de nouveaux vergers dans les parcelles de cultures, j’en ai 14 ha. Et j’en récolte entre Isigny-sur-Mer et Bayeux.
>> Comment avez-vous commencé le syndicalisme ?
J’ai adhéré à Jeunes agriculteurs. Mais, quand on est double actif, on n’a pas beaucoup de temps. Alors, j’ai laissé le syndicat un peu de côté. Un peu après avoir créé mon entreprise de travaux agricoles, je suis retourné aux affaires en intégrant la Fédération nationale des producteurs de fruits à cidre (FNPFC). Nous sommes une petite filière, le Bessin a besoin d’être défendu. Je suis aussi administrateur de l’Association cidricole normande (ACN) et de la Maison cidricole de Normandie.
>> Et la FDSEA ?
J’ai toujours été sympathisant de la FDSEA, mais j’ai pris ma cotisation sur le tard au fil des rencontres et des discussions. Cela fait cinq ou six ans que je suis adhérent officiel. Il y a douze ans, j’étais candidat aux élections Chambre d’agriculture sur la liste de Jean-Yves Heurtin. Il fallait un cinquième représentant cidricole sur la liste, mais ce sont les quatre premiers qui sont passés. L’ambiance est aussi moins conflictuelle qu’il y a quelques années. Je suis motivé pour les activités syndicales : défendre les sujets agricoles face à une administration de plus en plus pesante et déconnectée du terrain ; j’aime inviter un élu ou un responsable politique dans mon exploitation pour expliquer notre métier. C’est quelque chose qu’on a perdu, sans le savoir.
>> C’est-à-dire ?
Quand j’étais gamin, à l’école, il y avait beaucoup d’enfants de paysans. Les fils de citadins venaient jouer à la ferme le mercredi après-midi et le week-end. Ils voyaient la réalité des choses. Maintenant, ils sont moins nombreux, on a moins de contact. Une personne d’une cinquantaine d’années connaît mieux le monde agricole qu’un jeune. Il faut renouer le contact, ouvrir les exploitations aux scolaires quand la situation sanitaire le permettra. Les élus sont demandeurs de visiter les exploitations. J’en ai fait l’expérience à la FNPFC.
>> Qu’avez-vous envie de mettre en place dans votre canton pendant les trois ans de mandat ?
J’aimerais qu’on organise une soirée avec tout le monde, les agriculteurs et leurs familles. Pour le moment, la Covid-19 nous bloque, mais la soirée FDSEA organisée il y a deux ans par Christophe Macé était une réussite. J’aimerais faire pareil dans le canton. Nous allons mettre en place une collecte de pneus usagés, je suis responsable du dossier à l’échelle du département. Le canton est historiquement assez calme voire un peu difficile : les gens ne viennent pas aux réunions, mais c’est à nous d’aller les chercher. Le rôle du président, c’est d’avoir du contact, de rencontrer les gens à droite et à gauche, à la coop, sur la place du village, dans un magasin. Je le dis aux agriculteurs du canton : appelez-moi sur un sujet et je transmets les informations. Je suis aussi là pour apporter du soutien. J’espère qu’à la lecture de l’article, les agriculteurs vont me contacter.
Une question à Rémi Françoise, vice-président de Bayeux Intercom chargé de l’eau potable, de la défense incendie et de l’assainissement
Une enquête a été envoyée aux agriculteurs de Bayeux Intercom sur la représentation qu’ils ont de l’évolution de leur métier, et de leur environnement en lien avec la préservation de la qualité de l’eau. Elle me paraît menée à charge contre les agriculteurs. Quel est l’objectif du questionnaire ? A quoi vont servir les réponses ?
Bayeux Intercom est compétente en eau potable depuis 2005. À ce titre, notre préoccupation est de distribuer continuellement, en quantité et en qualité de l’eau potable à l’ensemble de ses abonnés (environ 10 270). Aussi, nous sommes attentifs, entre autres, à la reconquête et la préservation de la ressource en eau.
Ce questionnaire n’est aucunement à charge, il est dans la continuité du travail engagé depuis quelques années. Nous avons toujours défendu le fait qu’il ne fallait pas opposer les agriculteurs et les gestionnaires de l’eau mais, bien au contraire, que nous devions travailler ensemble pour notre territoire.
Dans ce contexte, depuis 2011, nous avons mené un travail spécifique en partenariat avec la profession agricole, Chambre d’agriculture et agriculteurs volontaires locaux notamment, pour élaborer un programme d’actions eau et agriculture. Ce programme d’actions a été signé en juillet 2019 entre Bayeux Intercom, la Chambre d’agriculture et l’Agence de l’eau Seine-Normandie.
Les enjeux de l’eau et de l’agriculture ont été au cœur de nos débats ; des questions sur la viabilité économique des actions ou sur la communication sur notre travail collaboratif ont été discutées. À noter que l’implication dans ces actions reste basée sur le volontariat. Les questionnaires adressés aux agriculteurs s’inscrivent dans cette démarche. Ils vont permettre à la collectivité de mieux connaître le profil des agriculteurs du territoire (la nature des exploitations, les orientations des exploitants dans la démarche, …). Ils sont environ 400. Ainsi, nous pourrons mieux les accompagner dans leurs problématiques éventuelles tout en intégrant la question de la préservation de la ressource et adapter, le cas échéant, les actions proposées. Les questionnaires sont totalement anonymes et utilisés uniquement dans le cadre de cette étude.