Philippe Marie, responsable “Lait” de la FDSEA du Calvados : "un effort indispensable sur le dernier trimestre”
A la suite de la table ronde sur la filière laitière, le 1er octobre, la FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) demande aux entreprises laitières de rencontrer les organisations de producteurs pour appliquer les recommandations du médiateur. Selon son analyse, les engagements pris par la grande distribution ont été tenus, alors que ce n’est pas le cas de tous les transformateurs. Il demande, en outre, la redistribution aux producteurs d’une partie des profits réalisés par les transformateurs sur les produits résultant de la transformation du lait collecté en France. « En clair, les tarifs négociés début 2015 par la distribution et les entreprises n’ont logiquement pas anticipé la dégradation du prix du lait payé aux producteurs », souligne la FNPL. D’ailleurs le ministre de l’Agriculture s’est prononcé dans le même sens en recommandant aux transformateurs « de faire un effort sur le prix payé aux producteurs sur le dernier trimestre ». Une recommandation que soutient Philippe Marie, responsable lait de la FDSEA.
Quel bilan tirez-vous des engagements pris le 24 juillet et de la table ronde du 1er octobre ?
Concernant les produits premiers prix et les MDD (Marque De Distributeur), les différents acteurs ont joué le jeu. Le problème, c’est que les produits concernés par les engagements du 24 juillet ne représentent que 16 % des produits transformés en France. Il faudrait donc élargir le périmètre des produits concernés pour aboutir à une répercussion significative sur le prix du lait.
Mais il semblerait que tous les transformateurs n’aient pas la même lecture des accords du 24 ?
Sodiaal, Eurial, Alsace lait, Les Maîtres Laitiers du Cotentin (...) jouent le jeu. Ce qui n’est pas le cas de Savencia (ex Bongrain), Lactalis ou bien encore Danone. Ces entreprises ont pourtant vu leur résultat sur le premier semestre 2015 progresser de façon significative. Bel : + 98 %, Savencia : + 94 %, Danone : + 22 %. Quant à Lactalis, l’entreprise ne communique jamais ses chiffres mais je ne doute pas de sa bonne santé financière.
Face à cela, vous avez appelé la grande distribution à déréférencer les produits des entreprises qui ne jouent pas le jeu. N’est-ce pas se tirer une balle dans le pied ?
La méthode est contestée par certains mais elle n’aurait pas lieu d’être si ces entreprises se livraient à des négociations plus constructives. Les fluctuations mondiales ne peuvent pas justifier que ces dernières confisquent aux producteurs les bénéfices d’un marché national qui se tient bien par rapport à 2014.
Nos charges n’ont cessé d’augmenter. Nos contraintes de production sont plus drastiques qu’ailleurs même si une pause environnementale a été annoncée.
Pendant ce temps là, et alors que la grande distribution commence à comprendre les enjeux, ce sont certains transformateurs qui dérapent alors même qu’ils enregistrent de bons résultats. Il n’y a aucune raison pour que le prix payé au producteur ne soit pas revalorisé au cours du dernier trimestre. Une partie du chemin a été parcourue. Il en reste une autre à parcourir et c’est pourquoi nous devons maintenir la pression syndicale.