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Rénovation et entretien du bocage
Planter une haie bocagère

Avec l'arrivée du printemps dans les prochains jours, c'est aussi la période des coupes de bois de chauffage qui va s'achever. Ces récoltes de bois sont souvent l'occasion de repérer des trouées dans les haies qui méritent d'être replantées…

Le bocage fait partie du patrimoine paysager de la plupart des départements du grand ouest. Pour la Basse-Normandie, le bocage représente 123 400 km de haies(1) dont 56 200 km rien que pour le département de la Manche. Ce qui fait de la Manche le département le plus bocager de la région Basse-Normandie avec 46 % du linéaire. L'Orne et le Calvados totalise chacun environ 34 000 km de haies (soit respectivement 27 % du linéaire régional).Le bocage représente un atout environnemental important en terme de protection (brise vent pour les animaux, ressource en eau), de richesse écologique, de patrimoine et de production de bois. La valorisation, l'entretien et le maintien de ce bocage passe nécessairement par des plantations régulières visant à le pérenniser dans le temps. La régénération des haies pour rénover des haies vieillissantes mais aussi pour créer de nouveaux linéaires mieux adaptés aux évolutions de son parcellaire nécessite de replanter régulièrement. Pour la mise en œuvre de ces plantations, on rencontre alors différentes situations telles que la création de haies nouvelles à plat ou sur talus et la rénovation de haies existantes par regarnissage. Pour réussir ces travaux de plantations le respect de quelques règles simples s’impose.

Différents type de plantations selon le contexte (à plat, sur talus, par regarnissage…)

La préparation du sol est une étape essentielle qui a pour but de favoriser la reprise et l’enracinement des jeunes plants. Dans le cas d’une plantation à plat, et selon les antécédents de la parcelle, on prévoit un décompactage (sous-solage) en profondeur pour casser la semelle de labour lorsqu’il s’agit d’une parcelle qui a été cultivée. On réalise de façon systématique un émiettage réalisé à l’aide d’un outil qui ne lisse pas le sol (type rotobèche). La largeur de travail dépendra du nombre de lignes d’arbres. Le plus souvent, on plante une seule ligne de plants. Dans ce cas, un travail du sol sur une largeur de 1,30 m suffit. Ce travail permet l’obtention d’une surface plane pour mécaniser le déroulage de la bâche et donc de réduire le coût de la plantation. Pour rénover ou créer une haie sur talus, il est nécessaire de préparer le sol à l’aide d’une pelle hydraulique. Dans le cas d’une haie existante sur talus, la terre a été lessivée et à besoin d’être renouvelée. Entre les souches, la terre de talus est retirée et rechargée en terre végétale. D’une façon générale, la bonne terre est prélevée sur la parcelle sur une dizaine de mètres de large. La pelleteuse effectue alors un calibrage du talus de forme trapézoïdale avec un sommet plat suffisamment large pour faciliter la mise en place du paillage.La plantation se réalise de fin novembre jusqu’au 31 mars. Les périodes de gel ou de neige seront évitées. Il est important de soigner la mise en place du jeune plant. Dans le cas de travaux manuels sans préparation de sol préalable, il est nécessaire de réaliser un potet (trou) de 30 x 30 x 30 cm.Pour le choix des végétaux, la reprise est améliorée en utilisant de jeunes plants de type forestiers âgés de 2 à 3 ans, de 50 à 80 cm de hauteur et  dont les origines génétiques respectent l’arrêté préfectoral en vigueur. L’intérêt d’utiliser ce type de plants facilite la reprise, limite la taille du trou de plantation et évite l’arrosage (opération rarement possible pour ce type de plantations). A la mise en place, il est possible de tailler les racines en veillant à simplement couper l’extrémité des racines. La réalisation d’un pralinage (mélange de terre 2/3, eau 1/3 et bouse 1/3 peut aider la reprise et l’installation d’un jeune plant notamment en terrains difficiles tels que pour des talus dont la terre est appauvrie. Lors de la plantation, il faudra veiller à limiter au maximum l’exposition des racines au vent.En règle général, l’espacement entre les plants varie de 0,5 m à 1 m. Au-delà, la haie mettrait trop de temps à se fermer. Selon la catégorie des plants, l’espacement  entre les différentes catégories de plants sera de 5 à 10 m pour les hauts jets, 2 à 5 m pour les cépées (arbres de taillis) et 0,5 à 1 m pour le bourrage. Concernant la répartition par espèces, il est conseillé de privilégier un mélange aléatoire et de varier les séquences afin de donner un aspect naturel à la haie. Le choix des espèces devra se faire parmi les essences locales et en fonction des conditions pédoclimatiques et des objectifs de la plantation. Par exemple, pour produire du bois énergie, certaines essences sont reconnues pour leur qualité en bois de chauffage mais aussi pour être à la fois productives et faciles à exploiter (frêne, châtaignier, érable sycomore, charme, érable champêtre…).

Protéger et entretenir les jeunes plants (paillage, clôtures, protections contre le gibier…)

Les paillages du type “bâches plastiques” tendent à être abandonnée au profit des paillages biodégradables. En effet, le plastique est rarement retiré après l’installation des plants et finit par partir en morceau dans les parcelles. Il présente également l’inconvénient d'empêcher les repousses naturelles de semis et drageons. C’est pourquoi l’utilisation de paillages biodégradables est préconisé. On trouve alors différentes possibilités. Pour les haies à plat dont le déroulage de la bâche est mécanisable, des paillages à base d’amidon de maïs 100 % biodégradables existent. Ces produits se dégradent en 24 mois environ. Les paillages à base de plaquettes bois sont également une solution intéressante notamment pour l’agriculteur produisant déjà des plaquettes dans le cadre de la filière bois énergie. Ce paillage permet de maîtriser la végétation adventice et d’enrichir le sol en carbone. Le paillage du type feutre végétal à base de jute et chanvre est également une solution efficace. Il est préférable d’enterrer les bords plutôt que d’utiliser des agrafes métalliques. Ce qui serait contradictoire avec l’utilisation de paillages biodégradables. Ces paillages végétaux existent sous forme linéaire mais aussi en dalles carrés de 50 à 60 cm de côtés. Ce qui est intéressant pour réaliser des rénovations de haies sous formes de regarnis ponctuels. D’autres techniques existent telles que les pailles de lin ou de céréales mais les résultats sont parfois aléatoires selon les aléas climatiques, et l’épaisseur mise en place.Il est indispensable que les plantations soient protégées des animaux par des clôtures si possibles fixes. Ce qui réduit le risque d’incidents. De plus en plus souvent, il est nécessaire de protéger les plants contre le gibier notamment les arbres de haut jets susceptibles de produire du bois d’œuvre. Ces gaines individuelles doivent atteindre 60 cm pour protéger les plants du lapin et du lièvre mais 1,20 m dans le cas de chevreuils. Ces manchons présentent aussi l’intérêt de repérer plus facilement les plants et donc de réduire les accidents lors des travaux de désherbage mécaniques ou chimiques. Les gaines à mailles protègent les plants du vent et augmentent par conséquent la croissance des jeunes plants.La réussite d’une plantation de haies bocagères tient principalement à la qualité et au suivi des travaux.Les premières années suivant la plantation, des opérations de désherbage seront souvent nécessaire pour réduire l’impact de la végétation concurrente sur la croissance des jeunes arbres. Des tailles de recépage sur les arbustes de bourrage (rabattage des plants à quelques centimètres du sol pour les obliger à se développer en plusieurs rejets sur souche) et des tailles de formations (défourchages sur les arbres de haut-jet) destinés à produire du bois d’œuvre complèteront ces premiers entretiens. Le respect de ces techniques permettra d’obtenir rapidement une haie boisée fonctionnelle et adaptée à ses objectifs.

(1) : Inventaire Forestier National - 2011

Des aides financières existent…

La plupart des départements normands, principalement avec l'aide des Conseil généraux proposent des subventions pour mettre en œuvre ce type de travaux. Le montant et les conditions de mise en œuvre varient selon les départements. Le plus souvent ces aides portent sur les fournitures (végétaux, paillages, protections contre le gibier) et sur les travaux, notamment lorsqu'ils sont mis en œuvre par une entreprise spécialisée.

Renseignements ou inscriptions :

- Chambre d'agriculture du Calvados : Stéphane Berzinger - 02 31 70 25 34.

- Chambre d’agriculture de la Manche : Eddy Cléran / Stéphane Pestel - 02 33 06 49 91.

- Chambre d’agriculture de l’Orne : Clémence Adam - 02 33 31 49.43.

- Chambre d'agriculture de l'Eure : Yann Pivain - 02 32 35 95 32.

- Chambre d'agriculture de Seine-Maritime : Bastien Langlois - 02 35 59 47 52.

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