Plein gaz dans les campagnes normandes
Les nouvelles conditions d’achat de l’électricité issue du biogaz, la dynamique du biomethane (injection et bioGNV), la publication du cahier des charges sur les digestats, le partage d’expérience des pionniers, des offres de formations adaptées aux différentes étapes d’un projet sont autant de leviers favorables au développement de la filière. Les structures d’accompagnement de la filière seront présentes au Salon pour présenter différents retours d’expérience. Elles partagent toutes le même point de vue : la méthanisation est un nouveau métier pour lequel il faut savoir s’entourer.
La Petite méthanisation, on y va ?
À 22.5 c€/kWh pour 80 kWélec ou moins, indépendamment de l’usage fait de la chaleur de cogénération sur le site, il peut paraître plus aisé de produire du biogaz sur sa ferme, en restant ainsi autonome en intrants, peu ou pas dépendant de l’extérieur, tout en diminuant le risque financier du fait d’un investissement initial et de charges annuelles moindres.
Mais il s’agira de ne pas perdre de vue que, « petite » ou pas, la méthanisation à la ferme s’inscrit dans une stratégie globale sur l’exploitation, et chacun doit se poser les bonnes questions.
Certes, c’est une opportunité de gestion des effluents : elle donne une valeur économique à un déchet ; mais comment gérer agronomiquement dans son système, ce nouveau produit qu’est le digestat (stocker et épandre, sur quelles cultures) ?
Par ailleurs, même si ce n’est plus essentiel au chiffre d’affaires, la méthanisation n’a vraiment de sens que si l’énergie (le méthane) est produite et valorisée au mieux : l’électricité c’est 40% au plus, 30% pour les petites puissances. C’est d’ailleurs à cette condition que les financeurs pourront soutenir un projet (exigence attendue : 50% de valorisation énergétique). Aussi le rendement de l’unité et la valorisation de la chaleur demeurent-ils des points fondamentaux d’un projet vertueux.
De plus, la digestion est une affaire de biologie : la pertinence du système proposé et son efficacité doivent être regardées avec attention, en restant objectif sur les potentiels de production annoncés, et vigilant sur l’adaptation du process aux matières, solides notamment.
Enfin, n’oublions pas qu’un méthaniseur est un nouvel atelier sur l’exploitation. Si les risques financiers peuvent être plus faibles avec une petite unité, ils existent toujours. Acquérir des compétences reste nécessaire pour pouvoir décider et faire les bons choix stratégiques et techniques, aussi bien au départ (constructeurs, garanties, assurances), que pour piloter son unité au quotidien (temps de travail, ration, suivi biologique et agronomique, coût de mobilisation des intrants).
Pour en savoir plus et en débattre avec des témoins et des experts, rendez-vous sur les forums prévus à ce sujet lors du Salon.
Hervé POITOU, Chambres d’agriculture de Normandie