Manche
PMBE en zone de captage manchoise : du beau et du bio en Jersiaise
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Au GAEC de la Haute Folie, situé à Sainteny, entre Périers et Carentan (Manche), les trois associés ont tout compris. Située dans un e zone de périmètres de captages d’eau, leur exploitation n’avait pas de grosse marge de manœuvre pour évoluer. Du coup, ils ont transformé leur handicap en atout : faire du Bio « en intensif » avec une race réputée pour ses taux, la Jersiaise; le tout sur des prairies permanentes et temporaires.
Une stabulation pour 160 laitières en logettes fortement paillées, permettant un compostage de fumier pour la fertilisation des prairies.
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Yves Françoise (Chambre d’Agriculture 50) explique les modalités techniques du bâtiment aux visiteurs.
La semaine dernière, le GAEC de la Haute Folie a ouvert ses portes au public avec plusieurs optiques : découvrir l’installation d’un nouvel associé, en l’occurrence Marc Duguay un jeune agriculteur ; visiter un système de production adapté pour répondre aux exigences environnementales d’un bassin d’alimentation en eau potable, sans oublier une conversion à l’agriculture biologique avec une race atypique dans la Manche, la Jersiaise.Les divers intervenants de la Chambre d’Agriculture et du Contrôle Laitier ont présenté les performances et les résultats technico-économiques de l’élevage. Élevage dont le système fourrager est à base d’herbe (pâtures et foin); l’atelier-logement, lui, comporte une stabulation à logettes paillées avec fumier. À noter que le GAEC composte pour fertiliser ses prairies. Il joue aussi la carte du séchoir ventilé.Quant à l’atelier bloc traite, il compte un roto de 24 postes pour les 160 VL présentes sur l’exploitation.asser d’un atelier lait intensif avec des Prim’Holstein à 10 000 kg aux Jersiaises à 4500 kg relevait du pari. Lors de la porte ouverte, les associés ont prouvé que leur challenge était réussi. « Tout a cependant un coût, nous avons investi 1 150 000 euros HT pour le bâtiment, la fumière et le séchage du foin en grange mais aussi 180 000 euro pour le cheptel ». En effet, même si le bassin d’origine de la Jersiaise se situe dans les îles anglo-normandes, il a fallu aller chercher les animaux notamment au Danemark. Le quota se situe à 700 000 l, « mais grâce aux taux exceptionnels de la Jersiaise, nous ne produisons que 500 000 l ». Ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’Agence de l’Eau, le Conseil Général, la Région au niveau financier. “Il était logique d’être aidé lorsqu’on se trouve à 200 mètres d’un captage et que l’on nous demande de nous adapter”.Yves Françoise, responsable du service bâtiment à la Chambre d’Agriculture, souligne l’intérêt d’un tel projet. « L’enjeu, c’est prouver que l’on peut produire du lait dans le cadre de contraintes environnementales spécifiques ». Au niveau du bâtiment, construction d’une stabulation « logettes » paillé (production de fumier ensuite composté) de 180 places avec un séchoir en bout et un dispositif pour stocker les déjections positionné latéralement pour tenir compte du circuit du raclage. La Chambre d’Agriculture s’est investi très tôt dans ce projet en partant de l’étude de faisabilité de la conversion en bio, puis redistribution des parcelles en prairies, étude d’impact et suivi du bâtiment. Philippe Ripouteau, représentant le Conseil Général, parle de succès pour la reconversion de cette exploitation. « Cela répond à deux axes prioritaires de la politique agricole du département : la protection de la ressource en eau lié à la préservation et la viabilité des exploitations ». Marc Lecoustey,secrétaire général de la Chambre d’Agriculture, évoque de son côté, « une réussite dans un contexte particulier dans le cadre du développement de l’agriculture biologique ». Cerise sur le gâteau, en passant en Jersiaise, le GAEC de la Folie s’est offert un beau trophée, celui du plus gros troupeau de la race sur le territoire français.