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Prairiales 2020 : Les services sociaux rendus par la prairie

Anthony Lebouteiller est éleveur laitier 100% herbe à Moyon dans la Manche. Depuis son installation, il repense son système pour l’adapter à ses besoins personnels et à son bien-être. Aux Prairiales, cet élu des Civam (Centres d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) de Normandie témoignera des services sociaux rendus par la prairie et animera un atelier : La chronique du changement, un outil pour (re)penser le travail sur la ferme et son évolution.

Installé seul en 2001 à Moyon dans la Manche, Anthony Lebouteiller est éleveur laitier sur 53 ha de prairies, dont la majorité est attenante à l’exploitation. Depuis l’arrêt du maïs il y a environ cinq ans, il fait peu à peu évoluer son système pour le rendre économe et autonome : pâturage tournant, monotraite, vaches nourrices pour ses veaux, stock d’herbe sur pied. « Basculer le système en tout herbe m’a laissé de la souplesse pour alléger ensuite mon système de travail », retrace l’éleveur. Sur 37 ha, les 50 vaches pâturent sur des paddocks de 1,40 ha, trois jours en moyenne. Sur ses terres humides, le pâturage est intégral durant neuf mois, y compris l’été. Il alterne fauche et pâturage, et pour la fin des beaux jours, il préfère le stock d’herbe sur pied qui évite un travail de fauche. L’arrêt du maïs lui a aussi permis de réduire une charge : « je n’ai plus l’aliment à gérer l’hiver ». Dans son groupe Civam, il découvre la monotraite. C’est le déclic. Au même moment, il met en place des vaches nourrices pour ses veaux et met fin au transport du lait pour la nurserie.

« Basculer le système en tout herbe m’a laissé de la souplesse pour alléger ensuite mon système de travail »

20 h de travail en moins

« Avant de changer de système, je me levais à 6h30, se souvient Anthony Lebouteiller, je consacrais la matinée à traire, nettoyer, soigner, mettre du concentré, pailler ». Depuis trois ans, il se lève une heure plus tard, et passe deux à trois heures dans la stabulation pour les tâches quotidiennes, les matins d’hiver. Le soir, il finit une heure plus tôt. Avec la monotraite, il a réduit son temps de travail de vingt heures en moyenne sur l’année. En été, la récolte de l’herbe et la gestion des clôtures constituent le pic du travail. Son prochain chantier est la simplification de la logistique des clôtures de haies : il envisage d’enlever les fils et de laisser ses haies au naturel et de ne broyer que l’excès. Le but est aussi de protéger la biodiversité.

« Avec la monotraite, les vaches sont moins sollicitées et se défendent mieux contre les infections », ajoute l’éleveur, qui traite moins son troupeau. Il estime que la perte de revenu qui en découle est en fait un bénéfice. « J’aurais pu prendre un salarié, ça reviendrait au même ».

Ces différents choix, Anthony Lebouteiller les a faits « pour me poser, privilégier la qualité de vie ». Référent du projet Casdar Transaé* sur le travail d’agriculteur, il a fait de cette notion la priorité de son système. « Ça laisse du temps pour les loisirs. Pour la chasse le dimanche, je ne suis plus obligé de me lever à des heures impossibles. » Pour lui, la question concerne le statut même de la profession : « Si on attend des autres qu’ils nous offrent cette qualité de vie, on ne l’aura pas. À nous de faire le choix ».

 

* Le projet Transaé (TRANSformations du TRAvail et TRANSitions vers l’AgroÉcologie) a été lauréat 2016 de l’appel à projets Innovation & Partenariat du Casdar. Il s’est terminé en mai 2020.

 

PRAIRIALES

JEUDI 15 OCTOBRE

Lycée du Robillard

Programme et inscription

http://www.prairiales-normandie.fr/

 

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