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A Nonant-le-Pin (61)
Pris dans la folie des grandeurs de GDE

A Nonant-le-Pin (61), les éleveurs laitiers François et Véronique Maignan, sont voisins directs du site d’enfouissement de déchets ultimes de GDE. L’industriel convoite la moitié de leur SAU. Témoignage.

© AD

Alors que le site d’enfouissement de GDE à Nonant-le-Pin est toujours bloqué par les opposants, François Maignan et Véronique Poisson-Maignan dénoncent une emprise foncière disproportionnée par rapport au projet initial. 

Comment avez-vous accueilli le projet au départ ?
François Maignan - On utilise tous des voitures. Les déchets qui en sont issus, malheureusement, il faut bien s’en occuper, et même si nous étions aux premières loges, on ne trouvait pas aberrant que l’Orne, participe, à sa mesure, à cet effort de stockage des déchets. Si le dossier tient la route, difficile de s’y opposer. 

Pourquoi votre attitude     a-t-elle évolué ?
FM - Le projet n’a plus rien à voir avec ce qui était annoncé au départ, même si GDE prétend aujourd’hui qu’il n’a jamais caché vouloir s’étendre. Véronique Poisson-Maignan -  L’emprise de l’industriel sur la commune est déjà impressionnante et avec le projet de rachat de terres à notre propriétaire, il pourrait posséder rapidement le quart des surfaces de Nonant-le-Pin !

En quoi consiste ce nouveau projet d’achat de GDE ? 
VPM - Nous avons un fermage pour des terres situées dans le prolongement du site d’enfouissement et au delà, jusqu’au pied de notre ferme. Un ensemble de 92 ha au sein desquels 12 ha nous appartiennent. GDE nous a informé en juillet, qu’il allait acheter les 80 ha de notre propriétaire. Finalement, nous n’avons pas de nouvelles de ce projet, mais c’est potentiellement la moitié de notre exploitation qui passerait à l’industriel, et notre outil de travail qui pourrait être remis en cause. Nous avons eu quelques discussions avec GDE, et notre position est toujours restée la même. Il nous reste 18 ans à faire et on ne veut pas partir. 

Pourquoi l’industriel a t-il besoin de toutes ces terres ?
FM - Mesures compensatoires à l’environnement, terrain de chasse privé, mise à disposition gratuite de paddocks à un ami... Jusqu’ici voilà les premières valorisations de ces achats. Méthanisation, élevage de chevaux ou extension du site d’enfouissement, le plus grand flou existe sur les projets économiques de GDE à moyen-terme.

N’y a t-il pas des moyens de limiter l’emprise de GDE ?
VPM - En tant que fermier, on serait prioritaire pour acheter les parcelles mises en vente. Mais comment tenir l’enchère face à GDE ? Quant-à la SAFER, elle n’a pas le droit de préemption pour des projets de nature industrielle. 

Pourquoi avoir rejoint l’opposition au projet ? 
VPM - L’attitude de GDE ne nous a pas rassuré. “Il te faut combien ? Tu veux cela aussi ?” Entre eux, les responsables discutent sur des cartes de la commune, comme les joueurs tout-puissants d’une partie de Monopoly. Pourtant, nous ne voulons pas entrer en conflit avec GDE. C’est aujourd’hui notre voisin direct et demain peut-être notre propriétaire. Il nous faudra pouvoir discuter.  Sur le terrain, ce qui a réellement mis le feu au poudre, ce sont les premiers déversements de déchets, à l’encontre du tribunal de grande instance d’Argentan qui demandait d’attendre que les expertises soient rendues. C’est ce qui a provoqué le blocage du site.

Quels sont vos moyens d’action ? 
FM - Avec d’autres personnes, nous faisons valider un état des lieux de la qualité environnementale aux abords du site. Nous voulons aussi montrer notre mécontentement. Intrigues politiques avec éviction du préfet Bertrand Maréchaux en 2011, pressions exercées dans les ministères, droit de préemption de la SAFER inopérant, prise de position partisane du nouveau préfet de l’Orne en faveur de GDE, ... Au delà de notre cas personnel  et du cas particulier du centre d’enfouissement à Nonant-le-Pin, nous voulons dénoncer que des projets de cette nature puissent se monter avec autant de mépris de la population. Il y a un besoin urgent de réorchestrer les choses pour que cela se passe mieux ailleurs. GDE doit acheminer 150 000 tonnes par an de déchets ultimes vers le site. En toute conformité avec la législation, ce sera l’industriel lui-même qui sera chargé de contrôler les quantités et la qualité des déchets. C’est comme si nous demandions à la laiterie de nous payer le lait sur la bonne foi des volumes et de la qualité qu’on lui communique... ­­­­

Le projet est pourtant favorable à l’économie ... 
FM - C’est ce que pense le préfet. Mais combien d’emplois sont-ils menacés par ailleurs par ce projet ? S’il faut axer le développement de l’Orne sur l’enfouissement de déchets, cela pose question pour l’avenir.

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