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Covid-19
Prix du blé : le coronavirus génère de la volatilité

Après avoir dévissé de 15 e/t il y a 3 semaines, le prix du blé atteint son plus haut niveau de campagne à 195 e/t sur le marché à terme. Décryptage avec Sébastien Lemaistre, directeur du pôle agriculture de la coopérative Agrial.

Trois bateaux de blé (de 6 500 à 7 500 t) sont partis la semaine dernière du port de Caen, direction le Portugal. Ils viennent s’ajouter à la dizaine de navires qui a levé l’ancre en mars pour un total de 78 000 t.
© TG

Trois bateaux de blé (de 6 500 à 7 500 t) sont partis la semaine dernière du port de Caen, direction le Portugal. Ils viennent s’ajouter à la dizaine de navires qui a levé l’ancre en mars pour un total de 78 000 t.
« Et même si nous n’avons pas de visibilité à moyen terme, la demande devrait rester soutenue sur le court terme », pronostique Sébastien Lemaistre, directeur du pôle agriculture d’Agrial. A la fin de la campagne 2019-2020, c’est la bagatelle de plus de 400 000 t que la coopérative normande aura valorisée sur le marché export meunerie, principalement à destination du Portugal, mais aussi des pays du Maghreb.

De 195 e/t à 170 e/t
Pourtant, les planètes étaient loin d’être alignées au début de la crise du coronavirus. Le prix du blé a décroché de 15 e/t en quelques jours.
Plusieurs explications à ce phénomène : le prix du baril de pétrole a
plongé et les incertitudes de la demande mondiale de blé a entraîné la baisse du prix du blé. Par ailleurs, quelques problèmes de logistique dans les transports ont perturbé les approvisionnements de certains ports français. Le confinement a tout fait basculer. « Un effet caddie, rebondit Sébastien Lemaistre, comme les consommateurs qui se sont jetés sur les pâtes et la farine, beaucoup d’importateurs internationaux de blé ont craint des difficultés d’approvisionnement et sont revenus aux achats ».
Et comme le prix du blé est régi par la loi de l’offre et de la demande, les cours ont immédiatement retrouvé des couleurs.
Tous les opérateurs ont donc cherché à se couvrir tirant ainsi le marché vers le haut.

Un phénomène durable ?
Ce phénomène est-il durable pour autant ? Faut-il s’attendre à un retour violent du balancier une fois la crise finie ? « La situation actuelle est inédite. Les conséquences sur les marchés en seront tout autant inédites. Il faut donc rester très humble dans les prévisions », reconnait Sébastien Lemaistre qui souligne également que d’autres éléments viennent perturber les marchés. «
Nos concurrents de la Mer Noire subissent un déficit hydrique, alors qu’en France, toutes les surfaces de blé n’ont pas pu être emblavées à cause de l’excès d’humidité ». Des éléments auxquels vont s’ajouter les conditions d’emblavement et de culture dans les principaux pays producteurs.
Alors faut-il engager dès aujourd’hui sa récolte 2020 s’il n’est pas trop tard ? « Pour dresser sa stratégie de commercialisation, il est important de connaitre son prix de revient et de se sécuriser avec les différentes offres proposées par la coopérative, et plus particulièrement le prix de campagne qui permet de lisser les risques, » invite Sébastien Lemaistre. En attendant, rendez-vous début juillet pour connaitre les prix d’acompte d’Agrial, qui seront publiés dans ces mêmes colonnes.

 

Sébastien Lemaistre - © Agrial

Du champ à l’assiette

Si personne ne peut se satisfaire de cette crise sanitaire, elle aura quand même eu pour mérite de remettre les projecteurs sur l’importance de la nourriture dans le monde et sur l’autonomie alimentaire. A ce titre, Sébastien Lemaistre tient à souligner « le rôle fondamental des travailleurs de l’ombre que constituent les agriculteurs dans leurs tracteurs ou bien encore nos collaborateurs dans les silos. Les salariés de la coopérative, tout en appliquant strictement au quotidien les gestes barrières, assurent la continuité de l’approvisionnement des exploitations et la valorisation de leurs productions pour que les agriculteurs continuent à jouer leur rôle nourricier, du champ à l’assiette ».

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