Protéagineux de printemps
Quels couverts avant ?
En cas d’interculture longue avant l’implantation d’un protéagineux de printemps derrière une céréale par exemple, la mise en place d’un couvert a pour objectif de couvrir le sol et de piéger les nitrates.
Les cultures intermédiaires cultivables en France sont de plus en plus nombreuses. Nous avons recensé 27 espèces de couverts qui peuvent afficher des performances tout à fait correctes, au moins dans certaines situations, et la liste aurait pu être encore plus longue... Cette diversité de plantes est une chance pour adapter le choix des espèces au contexte considéré (système de culture, conditions pédoclimatiques). La moutarde représenterait environ les deux tiers des semences vendues, son succès s’expliquant par sa facilité d’implantation et de destruction et par son coût.
Si la forte diversité des couverts ne simplifie pas les choix, c’est une des clés pour valoriser les bénéfices potentiels des couverts.
Les propriétés à rechercher pour un couvert avant un protéagineux de printemps sont de couvrir le sol et de piéger les nitrates. La restitution de l’azote n’est en effet pas recherchée, l’objectif étant que le fonctionnement des nodosités du pois ou de la féverole soit optimal. Ces cultures en croissance assimilent en effet en priorité l’azote minéral présent dans le sol et, seulement lorsqu’il n’y en a plus assez, il utilise l’azote de l’air.
Dans le tableau 1, nous avons recensé les avantages et les limites des principaux couverts.
Une certaine prudence s’impose quant au choix des couverts lorsque les rotations incluent de manière fréquente certaines cultures, notamment de la classe des dicotylédones. Le bon sens agronomique incite à opter pour un équilibre de la rotation des cultures et des couverts. Certaines rotations incluent des cultures nécessitant un certain délai avant leur retour dans la parcelle pour des raisons sanitaires. Si une parcelle accueille fréquemment (tous les 2-3 ans) du colza, du tournesol ou des légumineuses, il est plus prudent d’éviter d’introduire des couverts respectivement de la famille des crucifères, composées et légumineuses. Ces trois familles sont hôtes du Sclerotinia.
Ainsi, il faudra être prudent avec les couverts de légumineuses dans les rotations qui incluent du pois. Le couvert pourrait en effet multiplier l’Aphanomyces, par exemple avec des espèces sensibles comme le pois fourrager et la lentille.
Pour la vesce commune, le trèfle blanc, et le trèfle violet, des travaux récents (UNIP-INRA de Rennes) ont montré qu’il existe de fortes différences variétales vis-à-vis d’Aphanomyces (avec une souche pathogène sur pois). Les tableaux suivants donnent les résultats obtenus pour des variétés du catalogue européen. Concernant la vesce, il se trouve que les principales variétés actuelles sont plutôt résistantes. Cette information devrait amener à écarter les variétés sensibles, comme Safran ou Améthyste, ou moyennement sensibles. Ceci vaut également pour la production de semences de vesce ou les associations triticale+pois+vesce qui se développent en production fourragère. En effet, dans un sol contaminé par Aphanomyces, le rendement d’une variété de vesce sensible peut être affecté et l’inoculum d’Aphanomyces risque d’augmenter.
Les différences entre variétés de trèfle sont moins marquées, mais par précaution on préférera les plus résistantes. Enfin, on ne dispose pas actuellement d’informations pour certaines espèces proposées en interculture comme la gesse commune ou d’autres espèces de luzerne, ni sur d’autres variétés des espèces citées plus haut.
Quelle date de destruction ?
Le choix de la date de destruction de la culture intermédiaire relève d’un compromis entre deux objectifs : laisser le temps au couvert de jouer son rôle (piégeage des nitrates, protection du sol…) et éviter un effet dépressif sur la culture suivante (implantation, eau, azote…). En fonction du type de sol, la date de destruction doit être adaptée (cf. tableau 5).
De manière générale, le rôle d’une culture intermédiaire “piège à nitrates” est atteint à la mi-novembre. En effet, le couvert a absorbé les nitrates à l’automne et les a mis à l’abri du lessivage pendant la phase de drainage ou lixiviation en hiver. Dans de nombreux cas, la réglementation autorise la destruction des couverts avant les cultures de printemps dès le 15 novembre pour cette raison. Dans certains cas, la destruction peut être retardée à la sortie d’hiver. La destruction plus tardive se justifie ici par la volonté de garder les sols couverts en hiver (structure du sol, érosion…) plus que par le volet “fuites de nitrates” mais attention, une destruction tardive peut pénaliser la qualité d’implantation des protéagineux, notamment de la féverole qui se sème dès la mi février (cf. photo).
Les sols argileux (plus de 35 ou 40 % d’argile) sont ceux qui posent le plus de questions quant à la mise en place des couverts, en particulier en cas de labour. En effet, pour réussir l’implantation de la culture suivante, le labour doit être réalisé précocement sur un sol friable et non plastique, et pour permettre l’évolution ultérieure du futur lit de semences (alternances humectation-dessication et gel-dégel). Un labour en novembre donne des résultats très aléatoires dans ce type de sol. Un labour plus précoce donnera de meilleurs résultats, mais pose la question de l’efficacité du couvert qui bénéficie alors de possibilités de croissance restreintes. Face à toutes ces inconnues qui doivent être travaillées, de nombreux départements ont mis en place des dérogations à la mise en place des couverts dans les sols argileux.