l'actualité des JA -Edito
Quotas laitiers : petite phrase et petite lettre
Entre les déclarations du président de la République et le courrier de la DGCRF, les éleveurs laitiers ont de quoi s’interroger...

"Ne vous inquiétez pas, on va les faire sauter les quotas !” rassurait le président de la République en déplacement à Rungis, il y a quelques semaines, en réponse à des personnes se plaignant des prix élevés du lait. Un prix, au passage, à peine correct pour les producteurs qui subissent de plein fouet la hausse des charges...
Certes, la fin des quotas est programmée pour 2015 et il est fort probable que d'autres systèmes puissent les remplacer avantageusement, mais ne les oublions pas trop vite. Depuis 1984, ils ont permis de réguler la production et de stabiliser les prix en permettant à beaucoup de vivre de leur métier. Même s’ils n’ont pas empêché une profonde restructuration du secteur laitier.
Sans quotas, de nouveaux systèmes devront être mis en place pour éviter toute fluctuation excessive. Car leur abandon ne signifie pas une baisse obligatoire du prix du lait comme peut l'espèrer le Président pour le pouvoir d’achat. Dans un marché mondial, on observe les conséquences de la libéralisation des marchés. Elles peuvent conduire à de très fortes hausses, surtout couplées à des phénomènes structurels comme l'accroissement de la population mondiale ou conjoncturels comme la sécheresse, les maladies qui diminuent les quantités disponibles. Qui sait d'ailleurs ce que nous apportera la fièvre catarrhale ?
L objectif est donc de repenser un système qui permette de répondre aux besoins des consommateurs, au niveau de la quantité et à ceux des producteurs, au niveau du prix. Cela passe par la gestion en contractualisant à la plus grande échelle possible (pour garantir le débouché des éleveurs et l'approvisionnement des usines), l'utilisation du marché a terme pour assurer un prix minimum s’il y a excédent. Et de garantir un prix rémunérateur pour un éleveur qui à aussi droit à un pouvoir d achat.
Ce rôle revient au Cniel, d'ailleurs reconnu par Paris qui a déposé un mémorandum à l'UE pour faire reconnaitre la légitimité des interprofessions à réorganiser la filière.
Mais, ô surprise, la DGCRF envoie son petit courrier informant qu’il est interdit de s’entendre sur le prix du lait et de communiquer dessus. De quoi décontenancer les intervenants du Cril qui se réunissent depuis des dizaines d'années pour fixer le prix du lait. Sans parler de la nouvelle loi de modernisation de l'économie qui favorise les GMS et rend difficile les négociations de prix pour les laiteries.
La filière va donc devoir faire preuve de solidarité pour s'assurer un avenir serein et contrer les attaques de toutes parts. Nos voisins allemands ont organisé une grève des livraisons de lait le mois dernier. Ils ont ainsi obtenu une hausse conséquente.
Mais quel dommage d’en arriver là ! Que de pertes pour les entreprises et quelle gâchis de nourriture, inacceptable lorsque tant de personne ont faim. Mieux vaut s'organiser en assurant les revenus et l'alimentation de tous.
Retrouvez l'intégralité de l'actualité des JA
dans l'édition papier de l'Eure agricole du 31/07/08,
page 6 et 7