Filière
Reine Mathilde, un projet pour développer le lait bio en Basse-Normandie
L’opération “Reine Mathilde” est un programme de développement de la production de lait biologique en Basse-Normandie. Son objectif est de faire de la Basse-Normandie une région pilote pour la production et la transformation laitière biologique et pour l’accompagnement des producteurs. Ce programme qui s’article autour de plusieurs modules vise à dynamiser la filière dans le cadre d’un projet partenarial qui se déroule sur 5 ans de 2010 à 2014.
Engagée depuis 2006 dans la production d’une gamme de produits biologiques ultra frais l’entreprise Stonyfield France (marque “les 2 vaches” et filiale de Danone) s’est implantée sur le site du Molay Littry (14). En 2009, Stonyfield France sollicite le fonds écosystème de Danone pour mettre en place un programme de développement de la production laitière biologique en Basse-Normandie.Le fonds écosystème est un fonds de financement mondial mis en place en 2009 par Danone. Il est destiné à financer des projets innovants et collectifs à l’échelle de territoires. Centrés autour d’une unité de production de Danone ces projets doivent nécessairement dépasser son strict intérêt et profiter à l’ensemble de son environnement et de ses partenaires locaux. Ils doivent, en outre, être gérés par un organisme indépendant. D’autres projets sont déjà en cours dans le monde: organisation d’une structure de collecte de lait auprès de petits producteurs en Ukraine, mise en place d’une ferme école au Mexique et en Russie, etc.Pour assurer la gestion programme “Reine Mathilde” tels que la coordination de l’ensemble des partenaires et du programme d’actions, Stonyfield France a choisi de s’adresser à l’Institut de l’élevage pour son expérience en matière d’animation d’opérations collectives et son investissement depuis plus de 15 ans sur le thème de l’agriculture biologique.
Valoriser les acteurs locaux autour d’un large partenariat
Le cœur du projet est de faciliter les conversions d’élevages en mettant en place un environnement dynamique, en développant les compétences et le savoir-faire “bio” de l’ensemble des producteurs et de leurs partenaires (techniciens, vétérinaires...).Le programme d’actions a été élaboré après un diagnostic régional réalisé dans le cadre d’une concertation auprès de tous les acteurs régionaux. La Chambre régionale d’Agriculture, le Groupement régional d’Agriculture biologique assurent le développement d’une grande partie des actions, ceci sous le regard impliqué du Conseil régional de Basse-Normandie.Les autres acteurs de la filière régionale sont également parties prenantes tels que UNEBIO, Normandie Viande Bio, Conseil Elevage, la SNGTV, la DRAAF…Les banques, les assurances, les centres de gestion et évidemment les laiteries impliquées dans la collecte et la transformation de lait biologique ont été consultés lors de la conception du projet. Ils siègent également à l’instance de pilotage.
Les objectifs à l’échelle de la Basse-Normandie
Ce projet qui se déroulera sur 5 ans, et qui est exclusivement financé par un fonds privé (Fonds Ecosystème de Danone), s’adresse à l’ensemble de la filière laitière de Basse-Normandie et à tous les producteurs laitiers quelle que soit leur laiterie. Les actions mises en place sont donc ouvertes à tous les producteurs de lait et sont, le plus souvent, gratuites.Les objectifs généraux sont :- développer le nombre de producteurs de lait biologique et les volumes d’ici 5 ans ; - réunir au sein d’un projet commun l’ensemble des acteurs concernés par la production, la transformation et la commercialisation de lait biologique ;- permettre aux éleveurs d’entrer dans cette production dans un environnement dynamique, en développant les compétences “bio” de l’ensemble des acteurs du monde de l’élevage.Il s’agit donc de mettre en place tous les éléments propices au développement d’une filière, dans une région aux atouts manifestes : forte dynamique laitière, liée à la densité de ses producteurs et des entreprises, contexte de production à l’image sauvegardée par la prédominance de ses surfaces en herbe... A ces éléments de contexte s’ajoute également un tissu d’acteurs agissant déjà en faveur du développement de l’agriculture biologique. Tous ces éléments en font une région à fort potentiel pour la production de lait biologique. Une carte à jouer pour l’avenir.
Un programme complet, ouvert à tous les acteurs
Le projet “Reine Mathilde” s’articule autour de différents modules : formation - conseil ; analyse de la qualité du lait ; filière viande biologique ; vétérinaire et élevage biologique…
- Un module de formation - conseil
Il s’agit de sensibiliser et former, en cohérence avec les actions régionales déjà conduites. Il vise le corps enseignant, les futurs éleveurs laitiers biologiques, les éleveurs biologiques déjà engagés, les prescripteurs et les techniciens pour qu’ils deviennent des acteurs “bio” dynamiques. Ce module viendra consolider certains actions déjà en place en partenariat avec certains acteurs et développera des actions innovantes (formation des vétérinaires, diagnostics d’aptitude à la conversion, finition des animaux laitiers, …).
- Un module d’analyse de la qualité des produits biologiques
Ce module doit permettre d’objectiver la qualité bactériologique et la composition fine du lait à des fins d’optimisation de la transformation des produits élaborés ou de contribution “santé” des produits biologiques. Il s’agira aussi de mieux connaître le lait pour mieux conseiller sur les systèmes alimentaires ou fourragers des systèmes biologiques. Ces actions sont déjà en place en collaboration avec le LANO.
- Un module filière viande biologiqueAu delà du lait, le projet vise aussi à accompagner les éleveurs pour améliorer la valorisation des animaux et leurs débouchés (finition des vaches de réformes ; débouché des animaux du troupeau laitier, en filière viande biologique). Les partenariats avec UNEBIO, NVB et les Chambres doivent y contribuer.
- Un module vétérinaire et élevage biologique
Il faut sensibiliser les vétérinaires à l’approche des éleveurs en production biologoqie pour promouvoir le lien éleveur-vétérinaire en production biologique, optimiser le conseil sanitaire et développer les médecines alternatives.Bien sûr, au cours des cinq années du projet, d’autres modules, d’autres actions pourront se mettre en place en fonction des priorités des différents partenaires du projet et des résultats des premières actions. Un module autour de la qualité de l’eau est par exemple en préparation.Si le projet est ouvert à tous les acteurs bas-normands de la production, de la transformation et du développement de la filière laitière biologique, le bénéficiaire doit au final être l’éleveur s’engageant dans la filière laitière biologique.
Un résultat à évaluer à l’issue du projet
Bien sûr, le contexte des prochaines années influencera le développement des volume, le rythme des conversions et donc les résultats du projet “Reine Mathilde”. La consommation, la capacité des entreprises à développer leurs marchés seront des éléments déterminants au développement des volumes et à la place que prendra la Basse-Normandie dans la production laitière biologique française. Mais si chacun à une meilleure connaissance de ce qu’est l’agriculture biologique, si elle apparaît plus crédible et plus performante aux yeux d’un plus grand nombre, si les compétences des acteurs se sont améliorées au cours des 5 années du projet, alors les producteurs et la région seront demain en capacité de saisir les opportunités d’un marché en développement.