Dans le Bessin
Reportées, les journées portes ouvertes espèrent remettre le couvert
Deux journées en bout de champ, étaient prévues avec l’antenne Chambre de Bayeux. La première chez Arnaud Pignolet, sur le colza et la redynamisation des prairies. La seconde chez Virginie Sartorio, sur la destruction des couverts végétaux. Les deux rendez-vous sont annulés pour cause de Covid-19. On fait le point.
Deux journées en bout de champ, étaient prévues avec l’antenne Chambre de Bayeux. La première chez Arnaud Pignolet, sur le colza et la redynamisation des prairies. La seconde chez Virginie Sartorio, sur la destruction des couverts végétaux. Les deux rendez-vous sont annulés pour cause de Covid-19. On fait le point.
Chez Arnaud Pignolet : sécuriser l’implantation du colza
Mardi 10 novembre, une journée portes ouvertes était programmée chez deux agriculteurs du Bessin. Au programme, un retour sur les essais colza mis en place dans les aires d’alimentation de captage de Saon, chez Arnaud Pignolet, et de Bayeux Intercom, chez Pascal Vautier. Avec deux objectifs : assurer un démarrage rapide du colza ; diminuer, si possible, le recours aux intrants (produits phytosanitaires et fertilisation azotée). Dans cette optique, différents leviers ont été identifiés. Le premier : un semis précoce avec une variété peu sensible à l’élongation automnale. Arnaud Pignolet a semé son colza le 18 août, après une pluie de 15 mm et un apport de lisier. Des conditions réunies pour un démarrage rapide du colza, qui a été très peu attaqué par les altises et n’a reçu aucun insecticide. Pascal Vautier a pu faire le même constat en semant son colza à deux dates différentes, le 27 août et le 7 septembre sur la même parcelle : « j’ai dû effectuer deux passages d’insecticide sur le semis de septembre, ayant subi de nombreuses morsures d’altises sur la première feuille. Mais aucun sur celui de fin août ». Deuxième levier : l’association avec des plantes compagnes. Objectif : améliorer la couverture de sol et restituer de l’azote au printemps grâce à la dégradation des légumineuses gélives (trèfle d’Alexandrie, lentille et fenugrec). Une réduction de 30 unités d’azote sur le deuxième apport est possible si les plantes compagnes se sont suffisamment développées. Troisième levier : intégrer une variété de colza à floraison plus précoce, à raison de 10 à 15% du mélange de semences. L’objectif est de concentrer les méligèthes sur ces boutons floraux précoces au printemps, et de préserver la majorité des boutons plus tardifs.
Redynamiser les prairies grâce à la fissuration
Un second thème aurait dû être abordé le 10 novembre, celui de la rénovation des prairies permanentes. Les prairies occupent une place importante dans le bassin de captage de Saon, et notamment celles permanentes. En vieillissant, elles peuvent perdre en productivité en raison de tassements, de l’apparition d’adventices. Un moyen d’entretenir la prairie, sans la perturber, est le fissurateur : ses dents travaillent à 15 cm de profondeur et permettent d’aérer le sol et d’améliorer l’infiltration de l’eau. Avantage de la technique : la prairie reste en place, ce qui est intéressant en cas d’interdiction de retournement des prairies. L’outil est utilisé dans le secteur par François Beaussire, éleveur de vaches allaitantes en système 100% prairies permanentes, depuis quelques années. Une démonstration d’un outil de fissuration des prairies (l’herbasol d’Actisol), était prévue. Les organisateurs espèrent reprogrammer la journée quand la situation sanitaire le permettra.
Chez Virginie Sartorio : quel matériel pour détruire la biomasse ?
Virginie Sartorio est agricultrice à Creully-sur-Seulles. Entre le 10 et le 18 août, après déchaumage, elle a semé deux essais de couverts végétaux, sur une vingtaine d’hectares. Le premier, un mélange trèfle d’Alexandrie, phacélie et vesce. Le second, trèfle d’Alexandrie, phacélie et radis chinois. Une troisième bande de couvert se distingue dans la plaine semée, elle, avant moisson. Mardi 17 novembre, une journée portes ouvertes sur la destruction des couverts devait être organisée en partenariat avec la Chambre d’agriculture, la Coopérative de Creully, la fédération des Cuma Normandie Ouest, Bayeux Intercom et Danone. « Différents constructeurs étaient invités annonce-t-elle. On bute sur le matériel pour détruire le couvert. Je possède un chisel équipé de pattes d’oies et un broyeur mais ce n’est pas adapté pour détruire autant de biomasse. ». Une dizaine de matériels de destruction mécanique étaient prévus (déchaumeurs à disques, rouleaux Faca, scalpeurs, broyeurs, bêches roulantes). Virginie Sartorio et Clément Chevalier, conseiller en agronomie, animateur Dephy à la Chambre, travaillent sur un report de la journée mi-janvier. « Derrière ces couverts, je sème une partie de la surface en lin et féverole courant mars. Je ne peux pas prendre le risque qu’il y ait trop de biomasse au sol et que la terre soit trop humide. » Le stade optimal pour détruire un couvert reste celui de la floraison. Bientôt atteinte.
Hors zone de confort
L’exploitante fait partie d’un groupe sol, animé par la Chambre d’agriculture, en partenariat avec l’OP des 3 Vallées (Danone). Dix éleveurs en conventionnels sont dans le groupe. « Nous travaillons sur les trois piliers de l’agriculture de conservation : la couverture maximale des sols, la diminution du travail du sol et la diversité de la rotation. L’objectif, ambitieux, est aussi d’y associer la réduction d’utilisation d’herbicides », contextualise Clément Chevalier. Un diagnostic de départ est réalisé chez les producteurs, puis un plan d’action est établi. L’EARL de la Bucaille teste, entre autres pistes, « le couvert avant le lin, la culture de colza associé avec des trèfles pour améliorer la couverture du sol et l’autonomie fourragère. L’objectif de diversifier la rotation passe par l’apport de légumineuses, comme la féverole, dans un contexte où la betterave sucrière a disparu. » Virginie Sartorio salue « la force du groupe. L’expérience est enrichissante, car elle nous redonne des objectifs, des nouvelles façons de conduire les cultures. On s’adapte aux contraintes environnementale et sociétale. En montrant l’intérêt agronomique de nos essais, on espère influencer les politiques agricoles départementale et régionale ».