Cidre au SIA
“On a réussi à faire passer le message”
Artisan cidrier à Tellières-le-Plessis (61), mais également producteur de pommes pour le compte d’Agrial, Emmanuel Gouëllo a passé 4 jours au SIA (Salon International de l’Agriculture) pour assurer la promotion du cidre. Mission accomplie.
"La fréquentation sur le stand par rapport à l’an dernier a doublé”. Emmanuel Gouëllo est affirmatif. Nous avons rencontré des personnes de tout âge et de toute catégorie socioprofessionnelle qui ont découvert des cidres et des couleurs. Du cidre rosé pour l’apéritif. Du sec, couleur blanche, pour accompagner la viande ou le poisson. Du cidre doux à marier avec le dessert...” L’opération “sortir le cidre de son ghetto/crêpe” entamée par l’interprofession depuis plusieurs années commence à porter ses fruits. Les chiffres le confirment d’ailleurs. “C’est la première fois qu’on assiste à un retournement de tendance. Le marché global, en volume et en chiffre d’affaires, est en progression : + 1,1 par exemple en France”, se satisfait Emmanuel.
De 40 à 80 du chiffre d’affaires
Un inversement de tendance qui arrive à point nommé pour notre laitier, artisan/cidrier et producteur de pommes. L’exploitation totalise 156 ha dont 50 ha de basse-tige (plantés entre 2007 et 2012 en contrat avec Agrial) et 6 ha de haute-tige transformés à la ferme. “On devrait arriver en vitesse de croisière en 2016 et produire annuellement aux alentours de 1 000 t”. L’activité cidricole, qui représente aujourd’hui 40 du chiffre d’affaires, devrait peser demain 70 à 80 . Mieux même. Si les clignotants vert clair passaient au vert foncé, Emmanuel n’exclut pas, sous conditions, d’abandonner le lait. “La pomme à cidre, c’est un contrat de 15 ans avec un prix garanti. La volatilité dans le secteur laitier est et sera beaucoup plus prononcée”, pronostique-t-il.
Agrialiste convaincu
Cette réflexion s’explique aussi par la confiance que nourrit Emmanuel vis-à-vis d’Agrial. Une boutique qu’il connait bien puisque, après son BTS ACSE, il y a travaillé en tant que responsable de magasin avant de s’installer en 1997. Il réfute d’ailleurs le générique de “cidre industriel” produit par le leader sur le créneau avec 80 de part de marché. Il lui préfère celui de“cidre de marque. ”
“Notre OP (Organisation de Producteurs) fait preuve de dynamisme. La branche boissons d’Agrial a donc de l’ambition. Le cider (Ndrl : cidre anglais) que l’on combattait hier représente 30 à 40 du marché, il faut donc s’adapter”. Ainsi, pendant qu’Agrial investissait aux Etats-Unis avec le rachat de l’entreprise californienne Manzana (27 M$ de CA et 50 salariés), spécialiste dans la fabrication de compote, jus et vinaigre de pommes bio, Emmanuel a investi, quant à lui, dans une station de lavage (aidée par l’OP). La qualité est incontournable, surtout quand on est coincé entre 3 AOP existantes ou à venir (Pays d’Auge, Domfront et Perche) mais à aucune desquelles on ne peut s’accrocher.
Ne pas rater le débarquement
Administrateur de la FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre), “un poste que je vis pleinement”, Emmanuel Gouëllo espère que le cidre saura surfer sur deux évènements majeurs à venir : les JEM (Jeux Equestres Mondiaux) et les cérémonies du 70ème anniversaire du débarquement en Normandie. “Imaginez Barach Obama, Vladimir Poutine ou bien encore Angela Merkel, un verre de cidre à la main, filmés par les caméras du monde entier. Ça aurait de la gueule, non ?” A n’en pas douter, ce serait même un beau clin d’œil à l’histoire. Les GI Américains n’ont-ils pas été accueillis par les paysannes et paysans normands le pichet de cidre à la main. Quant aux Allemands, ils se sont servis tout seul pendant quasiment 6 ans. Un tel cliché, ça se prépare. Peut-être que ça grenouille en coulisse avec les organisateurs pour préparer un coup médiatique.