SAFER : l’urbanisation au delà des clichés
Le 22 juin, la Safer Normandie et l’association Vigisol ont lancé une campagne de photo-interprétation des sols,
dans les cinq départements. Cinq étudiants de l’Université de Caen se chargent de l’analyse des photos.
Je m’occupe du Sud-Manche et du Bocage ornais. » Victor Saint-Lô vient de terminer sa licence de géographie aménagement du territoire à l’Université de Caen. Tout comme Marion Barbe, Anne-Sophie Herouard et Thomas Ahkong, il travaille cet été dans la salle TV des bureaux de la Safer Normandie, à Caen. Les quatre étudiants de 21 ans sont embauchés jusqu’à début septembre pour la 4e campagne de photo-interprétation lancée par l’association Vigisol. Alexis Goulet, 29 ans, bosse aussi sur le projet, mais dans une autre pièce. Lui a participé aux précédentes campagnes et est embauché plus longtemps, car il participera à l’analyse des résultats.
En lien avec leur formation universitaire
« Nous avons eu, à la fac, des TD (travaux dirigés) sur un logiciel similaire : trois heures par semaine, nous comparions le tau d’urbanisation sur deux périodes », poursuit Marion Barbe. Tous les quatre ont eu une semaine de formation au logiciel géoconcept. Depuis, ils font jongler les photos du territoire normand, découpé en mailles, entre les onglets. Une maille mesure 900 m x 900 m. « En zone urbaine, on zoom plus », précisent-ils. L’idée est de passer d’une photo prise en 2012 à une autre datée de 2016, pour les plus récentes. « On regarde si les parcelles agricoles ont été urbanisées. » Si c’est le cas, c’est à dire qu’elles ne sont plus exploitées pour des cultures ou de l’élevage, les géographes en herbe entourent la zone en rouge et « délimitent l’espace de consommation. Quand un hangar agricole y a été construit, ça compte. L’activité agricole consomme aussi des terres. Ca demande beaucoup de rigueur et de concentration. »
Une photo-interprétation
de toute la Normandie
Le terrain de jeu de Victor, Marion Anne-Sophie et Thomas s’étend à toute la Normandie. « Avec la création de la Safer Normandie, nous voulons avoir un même niveau d’information et d’expertise pour tout le territoire », relate Guillaume Jouan, chef de service études et collectivités à la Safer. Lors de précédentes campagnes, seule la Haute ou la Basse-Normandie était concernée. « Ils s’occupent chacun d’environ 500 communes. »
Ainsi, Guillaume Jouan espère savoir grâce aux résultats de cette campagne, « quelle est la tendance de consommation des terres agricoles ? Et, si elle a baissé ou si elle est restée stable, est-ce toujours dû à l’effet de la crise de 2008 ? Ou bien est-ce une réelle prise de conscience de la part des élus ? » Les résultats devraient être connus d’ici six mois.
« Consommer moins, consommer mieux... cette phrase qui symbolise à elle seule tout l'enjeu qui est devant les élus et l'Etat depuis que la loi a inscrit comme essentielle la préservation des espaces agricoles et naturels. Cette action parmi d'autres préfigure une SAFER attentive à ses territoires et au développement d'une économie agricole ayant besoin d'espaces de qualité pour produire l'alimentation et les matières premières indispensables », résume Emmanuel Hyest, président de la Safer de Normandie.