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Sanglier : le ras-le-bol général

En 2017, près de 700 000 prélèvements de sangliers ont été réalisés en France. S'ils augmentent d'année en année, les producteurs continuent pourtant de subir de nombreux dégâts et le dernier avis du CNCFS ne rassure pas la FNSEA.

Il n'y a pas que les agriculteurs qui s'inquiètent de la présence du cochon dans le maïs. Loïc Desdoits (ici au centre), président du Comité des Fêtes de Chaulieu (50) qui organise le 23 septembre prochain la «Fête de l'ensilage à l'ancienne», semblait bien dépité le 11 août dernier. Il était venu constater en équipe les dégâts de sangliers dans la parcelle qui servira de support aux festivités. Force était alors de constater qu'il fallait faire quelque chose pour ...
Il n'y a pas que les agriculteurs qui s'inquiètent de la présence du cochon dans le maïs. Loïc Desdoits (ici au centre), président du Comité des Fêtes de Chaulieu (50) qui organise le 23 septembre prochain la «Fête de l'ensilage à l'ancienne», semblait bien dépité le 11 août dernier. Il était venu constater en équipe les dégâts de sangliers dans la parcelle qui servira de support aux festivités. Force était alors de constater qu'il fallait faire quelque chose pour préserver le précieux fourrage
© TG

lll Au début des années 1990, un peu plus de 100 000 prélèvements de sangliers étaient réalisés chaque année, en 2017, ce nombre est passé à 700 000, selon les chiffres du Réseau Ongulés sauvages de l'Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage. L'augmentation de ces prélèvements s'explique en partie par l'augmentation de la population de sangliers, en France, depuis 30 ans. Dans dix départements français, le nombre de prélèvements est supérieur à 15 000 sangliers ; le Var et le Gard totalisent à eux seuls plus de 60 000 opérations. Des animaux sauvages ont occasionné de nombreux dégâts sur les exploitations agricoles, l'an passé, ils ont été estimés à 30 millions d'euros, 80 % de cette somme est imputable aux seuls sangliers. « La perception que nous en avons, nous agriculteurs sur le terrain, c'est, qu'au minimum, il y a une persistance des dégâts d'année en année, qui restent extrêmement importants. C'est un problème lancinant pour l'ensemble du monde agricole. Malgré nos demandes, on n'arrive pas à réguler la population de sangliers pour diminuer la pression », dénonce Thierry Chalmin, président de la Commission Faune sauvage de la FNSEA. L'éleveur bovin a vu les prairies, destinées à la pâture de ses bêtes, être décimées par les gibiers l'année précédente. Les dégâts ont été estimés à 1 500 euros sur les 60 ha de prairie, pour remise en état de la parcelle et perte de récolte. « Le problème c'est aussi que le système d'indemnisation ne prend pas en compte la totalité des dégâts causés aux agriculteurs », souligne-t-il. Dans les champs de Thierry Chalmin, la récolte du foin, déjà en retard à cause de la météo, a dû se faire dans des parcelles ravagées, ce qui augmente la pénibilité du travail et a une incidence sur la qualité de la production. « Même avec un siège correct, en passant sur les trous, le dos prend, et on récolte de la terre dans les bottes de foin, mes vaches ne sont pas faites pour manger de la terre ! », déplore l'éleveur. En raison de la sécheresse, les sangliers ont tendance à chercher de la fraîcheur dans les champs de maïs, saccageant, au passage, les futures récoltes, réduisant ainsi les futures réserves de nourriture pour les élevages l'hiver.


Droit de destruction et droit de chasse

Le 12 décembre 2017, le Groupe Technique National Sanglier (GTNS), a tenu une réunion afin de faire le point sur le Plan national de maîtrise du sanglier, sur les difficultés rencontrées et pour proposer des actualisations réglementaires. Ce groupe réunit des représentants du Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage (CNCFS), de la Commission Nationale d'Indemnisation des dégâts de gibier (CNI) et du monde agricole. Les représentants de la Fédération Nationale des Chasseurs de France et des Fédérations départementales de chasseurs, étaient aussi invités à siéger, mais ont cependant refusé de participer. Ils ont proposé, de leur côté, au Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage, le 24 juillet dernier, un projet de décret afin d'étendre la période de chasse du dernier jour de février au 31 mars, ainsi qu'un projet d'arrêté qui supprimerait le sanglier de la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts. Des mesures peu convaincantes pour le président de la Commission « Faune sauvage » de la FNSEA : « cela pourrait aider à la régulation d'allonger la durée de la période de chasse, mais c'est déjà possible neuf mois sur douze, ce n'est pas un mois de plus qui changerait grand-chose ». L'organisation est aussi fermement opposée au retrait de l'animal de la liste des espèces « susceptibles d'occasionner des dégâts ». « Avec le texte actuel, un agriculteur qui constate des dégâts de sanglier sur sa parcelle peut demander à faire usage du droit de destruction, ou déléguer ce droit à quelqu'un, ce ne serait plus le cas s'il était retiré de la liste », explique Thierry Chalmin. Lors de la réunion du GTNS, en décembre 2017, la FNSEA avait fait plusieurs propositions : augmenter le nombre de prélèvements, supprimer les plans de chasse, interdire les consignes de restriction pour les tirs, la mise en oeuvre de bracelets de chasse à tarif préférentiel pour les agriculteurs et un accès plus facile au permis de chasse, ainsi que la généralisation du dispositif expérimental mis en oeuvre dans le Gard, permettant des tirs en avril et mai, ainsi que le piégeage. L'organisation s'est donc montrée opposée à l'avis favorable rendu par le CNCFS concernant les propositions de la FNC. Dans un courrier adressé à Nicolas Hulot ministre de la Transition écologique et solidaire, la FNSEA a demandé la suspension « de l'application de ces projets de texte et de réunir les repressentant cynégétiques et agricoles afin d'échanger sur l'efficacité des moyens de régulation du sanglier ».

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