Covid-19
« Seules les missions liées à l'agriculture sont maintenues »
Après avoir fait face à une météo capricieuse depuis le 20 octobre 2019, le monde agricole se confronte désormais à une crise sanitaire mondiale. Les ETA, qui attendent depuis des semaines de pouvoir sortir le matériel, commencent les travaux aux champs depuis lundi 16 mars 2020. Règle d'or : aucune prise de risque.
Après avoir fait face à une météo capricieuse depuis le 20 octobre 2019, le monde agricole se confronte désormais à une crise sanitaire mondiale. Les ETA, qui attendent depuis des semaines de pouvoir sortir le matériel, commencent les travaux aux champs depuis lundi 16 mars 2020. Règle d'or : aucune prise de risque.
« Je suis actuellement en train de faire le tour de mes parcelles. Je vais commencer demain les travaux aux champs par la destruction des couverts végétaux », détaille Olivier Philippe, agriculteur dans la Manche. Depuis lundi 16 mars, le beau temps s'installe enfin en Normandie. Une aubaine pour les entreprises de travaux agricoles, qui attendent depuis des semaines de pouvoir sortir les machines. Mais un problème chassant l'autre, les ETA doivent désormais faire face, comme tous les citoyens français, à la pandémie de Covid-19 qui touche l'ensemble du pays. « Nous avons des dérogations pour effectuer des missions chez nos clients. Maintenant que le beau temps est là, il faut y aller. Nous avons déjà beaucoup de retard. Les carnets de commandes se remplissent considérablement. Les fosses sont pleines, les fumières aussi. Nous allons démarrer l'ensilage d'herbe et enchaîner avec les semis », explique Patrice Gauquelin, président des EDT de Normandie et gérant d'une ETA dans l'Orne.
Consignes de sécurité strictes
Le syndicat des EDT de Normandie a transmis les consignes de sécurité à tous les clients et à tous les salariés des ETA de la région. « Un délégué régional assure sa mission confiné dans son habitation et produit un travail extraordinaire. Il donne des informations journalières sur l'évolution de la situation, sur les consignes de sécurité et sur ce qu'il est possible de faire ou de ne pas faire. Cela permet de renseigner toutes les personnes qui nous appellent depuis lundi », raconte Patrice Gauquelin. Denis Giffard dirige une ETA dans le Calvados. Il a demandé à tous ses salariés s'ils étaient d'accord pour continuer à travailler, malgré le confinement imposé par Emmanuel Macron. « Ils ont tous dit oui. Nous avons pris les précautions nécessaires pour que ni eux, ni les clients ne courrent de risques. Ils doivent se laver les mains et utiliser un gel hydroalcoolique aussi souvent qu'ils le peuvent, ils ne doivent pas serrer la main des clients, ne prendre personne avec eux en cabine et respecter une distance d'au moins un mètre.» L'attestation de déplacement dérogatoire est également obligatoire pour les salariés. « Plusieurs de mes gars se sont fait contrôler par la gendarmerie hier, ils ont présenté le document et tout s'est très bien passé », confie Denis Giffard.
Priorité à l'agriculture
« Nous n'obligeons personne à travailler. Chacun peut exercer son droit de retrait. Je tiens tout de même à être ferme sur un point. Seules les missions liées à l'agriculture sont maintenues. J'en appelle au bon sens, les travaux publics et les activités de transport, sauf si elles sont destinées à l'acheminement de produits agricoles, doivent être repoussés. Je ne cautionnerai aucun cas qui va à l'encontre du bon sens », martèle Patrice Gauquelin. Ce dernier apprécie la solidarité qui se met en place entre les différents organismes. « Certaines ETA étaient déjà fragilisées économiquement à cause de la météo catastrophique qui dure depuis le mois d'octobre. Certaines peuvent à nouveau être mises en difficulté à cause du contexte actuel. J'ai reçu un mail de la MSA qui annonce geler les prélèvements automatiques. Les banques semblent également assouplir les délais et étaler les échéances.»