« Si on supprime le glyphosate, je ressors la charrue »
La FDSEA et les JA ont invité les conseillers départementaux socialistes, jeudi 25 octobre, chez Geoffroy de Lesquen. Les représentants syndicaux ont souhaité démontrer la nécessité d’utiliser du glyphosate mais aussi l’évolution des pratiques agricoles en faveur de l’environnement. Seul Antoine Casini s’est rendu à Fierville-Bray.
llll Dans leur tribune publiée fin septembre, les conseillers départementaux du Parti socialiste ont demandé au président du Conseil que les aides allouées aux agriculteurs du Calvados soient subordonnées au retrait du glyphosate. A la suite de cette expression, la FDSEA et les JA 14 leur ont lancé une invitation chez Geoffroy de Lesquen, exploitant à Fierville-Bray.
« Nous répondrons toujours à l’agribashing par de la communication positive. Expliquer inlassablement nos pratiques, les efforts que nous avons déjà faits », souligne Antoine Bossuyt, secrétaire général des JA 14.
Le protectionnisme n’est pas un gros mot
Un seul d’entre eux a fait le déplacement : Antoine Casini, conseiller départemental à Caen. « Au-delà des postures dogmatiques, nous voulons mettre en avant les nombreux efforts réalisés par les agriculteurs », explique Xavier Hay, secrétaire général de la FDSEA. La preuve par le terrain : Geoffroy de Lesquen, céréalier, a choisi de limiter le travail du sol. Il travaille en agriculture de conservation. Xavier Hay et Antoine Bossuyt rappellent d’abord des évidences : « le glyphosate n’est pas utilisé en France sur la culture même, mais sur l’interculture. Que penser des produits importés via des pays qui utilisent en masse la molécule ? » Ce à quoi l’élu socialiste répond : « je ne suis pas favorable à la libre circulation zélée, le protectionnisme n’est pas un gros mot si c’est pour l’environnement ».
… Le productivisme non plus
Geoffroy de Lesquin a complété la démonstration en direct : ce jour, il semait son blé, en technique sans labour (TCS), sur le couvert végétal en place. « Pour que le blé lève, la phacélie doit mourir. Si, demain, on supprime le glyphosate, je ressors la charrue... je n’ai pas d’autres solutions. Or, la charrue détruit la vie du sol sur 30 cm. » Le cultivateur se réjouit de compter 3 t/ha de verres de terre en semi direct, contre 600 kg dans les systèmes avec labour. « J’ai baissé ici mes traitements de 75 % », informe-t-il encore.
Antoine Casini curieux
Antoine Casini se montre curieux de la démonstration, mais parle de productivisme qu’il faut revoir. Geoffroy de Lesquen répond : « oui, je suis producteur. A ce titre, je produis pour nourrir la planète, pour nourrir ma famille à la fin du mois. Alors, non, ce n’est pas un gros mot ». Les représentants syndicaux tentent démonter les idées reçues de l’élu, afin qu’il véhicule les bonnes pratiques auprès de ses collègues. « Nous faisons de plus en plus d’efforts. La population ne s’en rend pas compte. A vous de faire passer le message », lance le secrétaire général des JA à Antoine Casini.