Le Ministre de l'Agriculture en Manche
Stéphane Le Foll, "oui à une seule interprofession cidricole"
Visite manchoise au pas de charge, vendredi dernier, pour Stéphane Le Foll. L’occasion de mettre en exergue la filière cidricole régionale à Condé sur Vire. Suite à la demande du président de la FNPFC, Thierry Pelletier, le Ministre de l'Agriculture se déclare favorable à une seule et unique interprofession.
La venue d’un Ministre de l’Agriculture, c’est toujours un événement dans la Manche, premier département de France en la matière. Stéphane Le Foll ne s’y est pas trompé en consacrant une journée à la filière cidricole et l’enseignement. Première étape, la visite de l’exploitation laitière du lycée de Coutances, puis l’IREO de Condé sur Vire avant de finir par la Cidrerie Dujardin (Agrial). Un Ministre en pleine forme qui n’a pas hésité à intervenir sur l‘abandon des quotas laitiers en indiquant « nous devons réfléchir à l’échelle européenne. J’ai demandé à la Commission Européenne un travail de propositions. Avec mes homologues allemand et néerlandais, avec l’appui des Italiens et Espagnols, nous allons pousser très fort pour la mise en place d’un outil de coordination des politiques laitières de chaque pays. On ne peut faire disparaître les quotas sans avoir autre chose pour protéger la production en cas de retournement de conjoncture ». Et d’évoquer la poudre avec des tours de séchage poussant comme des champignons. « Reste que les agriculteurs devront être performants écologiquement et économiquement ».
10 000 installations
Face à un parterre de 300 personnes, toujours au lycée agricole de Coutances, Stéphane Le Foll a répondu à quelques questions, sur le prix du lait bien sûr, mais aussi deux sujets cruciaux pour le département, la pression foncière et les conditions d’installation. « La nouvelle loi d’avenir agricole prévoit la mise en place de mesures favorisant l’installation des jeunes et le renouvellement des générations. L’enseignement agricole est de qualité avec 90% des BTA/BTS trouvant un débouché. Nous installons entre 5 et 6000 jeunes par an en France ? Nous devons franchir la barre des 10 000 ». Seconde étape, l’IREO de Condé sur Vire, toujours dans le cadre de la promotion de l’enseignement agricole. Le Ministre a réaffirmé son attachement à la formation en alternance en parcourant classes et ateliers, tout en discutant avec les responsables du réseau MFR, les enseignants et les élèves. Dans la foulée, une réunion d’une heure avec les différents syndicats agricoles, dont la FDSEA et les JA, a permis d’aborder quelques points d’actualité, dont la directive nitrates ou encore la fameuse loi d’avenir agricole.
Cidre, jouer la carte du collectif
La filière cidricole qui a connu des années de tourmentes sort de l’ornière. Après un rapide circuit dans la cidrerie Dujardin (groupe Agrial), Thierry Pelletier, président de la FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre), après le discours de Pascal Férey président de la Chambre d’Agriculture, a effectué un état des lieux. « Le marché du cidre sur 2013 s’est bien redressé. Les efforts de l’interprofession UNICID et les cidres de marque ont donc été payants. En clair, nous avons su innover à tous les niveaux, en effectuant aussi des sacrifices ». Thierry Pelletier veut donc aller encore de l’avant. « Notre petite filière est gérée par deux interprofessions séparées (l’une pour les, cidres, l’autre regroupant tout les produits agricoles sous AOC). Un rapprochement, dans le respect de chacun, serait opportun et utile économiquement ». Autre problème, l’avenir des OP. « Nous nous sommes inspirés de la filière fruits et légumes. Notre structuration est bien avancée, mais nous sommes inquiets de la réforme en cours de l’OCM fruits et légumes. Nous demandons un soutien notamment pour faire réintégrer le cidre dans les produits agricoles éligibles. Il en a été exclu alors qu’il reste le produit le plus transformé de la pomme à cidre ». Réponse de Stéphane Le Foll, « La filière cidricole, c’est fantastique. 52 pays dans le monde achètent ses produits. J’aime cette idée de rassembler autour de la marque « cidre de France « qui amène de la clarté auprès des consommateurs ». Sur les interprofessions, « il faut se mettre en ordre de marche. Petite filière, mais pas petit sujet. Il faut mieux une seule interprofession pour gérer les produits cidricoles, ce sera plus clair et plus efficace. Il faut, là aussi, jouer collectif ». Quant au décret réglementant la production cidricole, datant de 1953, estimé caduque par la profession, il devrait être révisé d’ici l’été.