Icône de “L’amour est dans le pré”
Thierry Olive tient toujours les ficelles de la communication
Alors que la 9ème saison de “L’amour est dans le pré”, diffusée sur M6, vient de débuter, Thierry Olive refait parler de lui en sortant son autobiographie : “Je voulais juste être un petit peu heureux”. Rencontre avec une icône de la téléréalité sur son exploitation de Ver (50).
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Dans son livre sorti la semaine dernière aux éditions “Michel Lafon”(1), Thierry Olive évoque les ficelles qu’il place et déplace sur les chemins, matin et soir, pour amener ou ramener ses vaches au champ. Et ficelle, l’homme l’est sans conteste. Mais s’il en est une qu’il maîtrise plus particulièrement, c’est la ficelle de la communication.
Un filon médiatique bien exploité
Thierry Olive, producteur de lait à Ver près de Gavray (50), a assuré lors de la saison 2012 le succès de l’audimat de la 7ème édition de “L’amour est dans le pré”.
Plus de 7 millions de téléspectateurs le lundi 17 septembre 2012 et 28 % de part de marché à titre d’exemple. Une émission de téléréalité, diffusée sur M6, qui consiste à mettre en relation des agricultrices ou agriculteurs célibataires avec des postulants au mariage.
Après une erreur d’aiguillage, Thierry avait finalement choisi Annie, une assistante dentaire de Sarcelles (région parisienne). Leur mariage, le 15 septembre 2012 à Gavray devant plus de 8 000 curieux, a constitué le point d’orgue médiatique de cette aventure hors normes. Mais le soufflé n’est pas totalement retombé. Profitant d’un effet d’aubaine, Thierry Olive a exploité le filon. Partant du principe que toute peine mérite salaire, il a monnayé sa présence tout autant dans les foires agricoles ou rurales que dans les salons parisiens. Au point même d’en irriter certains. A commencer par Guy Nicolle, maire de Gavray, qui lui a refusé les 300 e de dédommagements qu’il réclamait en contrepartie de sa présence à la foire St-Luc.
Irritation parfois palpable aussi dans le monde agricole où le “vivre caché pour vivre heureux” est plus répandu. Quoique ? La participation à la même émission, lors de l’édition 2011, d’un jeune agriculteur ornais avait majoritairement attiré la sympathie. Mais Sylvain était dans la norme. Thierry, avec ses saillies oratoires parfois salaces, ne l’est pas. On apprécie ou pas, mais pas question pour autant de porter un jugement de valeur. Plus gênant par contre l’imbroglio judiciaire dans lequel se défend notre éleveur. Une histoire de négoce de veaux aux âges plus ou moins bien déterminés. L’enjeu financier est presque secondaire. Beaucoup plus grave serait de jeter le discrédit sur le système français de traçabilité animale.
Je suis un enfant
Avec “Je voulais juste être un petit peu heureux”, Thierry Olive affirme “vouloir simplement adresser un remerciement à tous les gens qui sont venus chez moi. A ceux qui m’ont envoyé du fromage, du vin, des apéros et même 10 paquets de bonbons de Vichy. Je suis un enfant. J’aime bien les bonbons”. Un livre écrit à 4 mains, voire 6, puisque Annie sa femme, de sa plume clôt les 220 pages de l’ouvrage. Ce qui précède, c’est le travail de Caroline Andrieu. “Michel Lafon, que j’ai rencontré grâce à Patrice Carmouse(2), un de mes amis, m’a dit un jour que j’étais une personne qui l’avait beaucoup touché et qu’il allait m’envoyer un écrivain pour écrire un livre”. Il a tenu parole. Caroline a passé 3 semaines à “La Duranderie”. Elle couchait à l’hôtel, mais passait 12 à 13 heures par jour à la ferme. Elle a été de corvée d’ensilage. Elle allait chercher les vaches avec moi. Je l’ai emmenée au marché aux veaux”.
Les feuilles se sont noircies. Thierry s’est appliqué à la relecture. “Je reconnais les mots que j’ai dit”, se réjouit-il. Le personnage du livre a cependant perdu en authenticité. Pas de “Annie voulait que je viens avec elle,” à titre d’exemple. Les temps ont retrouvé leurs concordances. La grammaire ses droits. “Je n’ai pas été à l’école, mais “L’amour est dans le pré” m’a permis de mieux connaître la géographie, juge-t-il. A chaque fois que quelqu’un vient me rendre visite, la première chose que je fais, c’est regarder sa plaque d’immatriculation. L’autre jour, il y en avait un du 27, l’Eure-et-Loir. C’est pas très loin de la Manche, mais il faut le savoir”. Du Thierry dans ce qu’il a de plus attachant.
La douche au quotidien
Au-delà de son humour, volontaire ou pas, “Je voulais juste être un petit peu heureux” nous fait entrer dans l’univers d’un fils de paysan élevé à la dure. “Mon enfance, ça a été une pioche et une faucille avec laquelle je fauchais l’herbe à lapins sous les banquettes des routes parce que je n’avais pas le droit de toucher à l’herbe de mon père”. Il évoque aussi ses épreuves comme le décès de sa première femme, Nathalie, rongée par le cancer à 36 ans.
Mais au fait, Thierry, heureux ? “Je n’ai plus peur de rien, j’ai tellement eu de malheurs. Mes épaules se sont formées. Ma tête est ferme. Annie est formidable. J’ai rencontré le bonheur.”. Parallèlement, il a changé ses habitudes. “Je me douche désormais tous les jours. Avant, c’était une fois par semaine. J’ai appris à vivre, mais je suis toujours comme avant”. Une certaine philosophie de la vie comme sa réponse aux critiques qui lui recommandent parfois de rester dans sa ferme. “Je n’empêche personne de passer à la télé. Je n’ai jamais dit de mal de quelqu’un et les gens, je les aime bien. J’adore Monsieur le président du Tribunal et ma porte est ouverte à tout le monde”. Plus particulièrement aux journalistes de tous poils qui affluent de partout. Et quand ils ne viennent pas à lui, c’est lui qui va à eux. Il prend le train ce soir pour enchaîner à Paris 3 plateaux télévision. “C’est ma fierté d’avoir écrit ce livre. Tu te rends compte ? Je n’ai jamais eu aucun examen”. Les rendez-vous 2014 se multiplient et débordent déjà même sur 2015.
Et l’argent dans tout cela ? Il n’en parle guère ou si peu. “Thierry Olive n’a pas beaucoup d’argent et je n’ai pas fait un livre pour ça, clame-t-il à l’envi. Comme tous les agriculteurs, j’ai du mal à joindre les deux bouts”. Il n’en dira pas plus, mais une chose est certaine, dans son intérieur, aucun signe ostentatoire d’un quelconque pactole financier. Sur la table encombrée de son salon, un pot de Ricoré pour qui accepte le café. Sur tout un pan de mur, son presse-book dont un article de Closer. Il s’y affiche en “guest-star”. L’occasion d’évoquer le sujet du moment. “Un commentaire sur les révélations de ce journal quant à la vie privée de François Hollande ?” “Tout ça, c’est une histoire de journalistes. Lors de notre voyage de noces au Sénégal, offert par Fun Radio (Ndrl : il oublie rarement de citer ses généreux donateurs), certains d’entre eux voulaient nous accompagner uniquement pour faire des photos et les vendre ensuite. On nous a même proposé un voyage en Tunisie pour poser en maillot de bain et alimenter leurs torchons... Ce que j’attends de Hollande, c’est qu’il nous dise ce qu’il va faire au cours des 4 prochaines années. Comment il compte lutter contre le chômage ? La crise ? Les guerres ?”
Pan sur le bec des journalistes mal intentionnés qu’il fréquente tant. Plus aucun doute, Thierry Olive sait tirer toutes les ficelles de la communication.
(1) : “Je voulais juste être un petit peu heureux”. Edition Michel Lafon. 220 pages. 16,95 e.
(2): animateur TV. Il a présenté notamment avec Christophe Dechavanne “Coucou c’est nous”. Il officie désormais sur RTL au côté de Stéphane Bern.