Transmission hors cadre familial : ça fonctionne !
Depuis le 1er janvier 2015, la ferme de La Hérisserie à Guehebert a changé d’exploitant. A la différence d’autres exploitations agricoles qui peuvent être reprises dans le cadre familial ou qui contribuent à la restructuration des exploitations voisines, celle-ci a été transmise hors du cadre familial.
et Thibaut Priez.
Cette transmission a pu aboutir car elle a été préparée, anticipée et accompagnée grâce à différents dispositifs : le Répertoire Départ Installation, la réalisation d’un contrat de parrainage et des aides encourageant la transmission à un jeune agriculteur. Pour Lucie Domont et Thibaut Priez, c’est la concrétisation de leur projet d’installation avec la reprise de l’exploitation de Marie et Régis Boudier. Ils reviennent sur leurs parcours.Lucie et Thibaut : “S’installer dans un département dont on n’est pas originaire : c’est un vrai challenge, avec l’accompagnement du RDI de la Chambre d’agriculture, nous avons réussi” ! Originaires de tous les deux de Picardie, leurs parents n’étaient pas agriculteurs, Lucie a suivi des études agricoles (DUT agronomie) et Thibaut a fait des études en mécanique industrielle (BTS et Licence). Rapidement, ils ont décidé d’exercer une activité en lien avec le milieu agricole. Lucie a été salarié dans une exploitation laitière et Thibaut salarié sur une exploitation céréales et pomme de terre. Parallèlement, ils ont également décidé de changer d’horizon géographique en venant s’installer en Normandie. Lucie : “Depuis 2011, nous avons trouvé du travail dans diverses exploitations agricoles dans la Manche et nous avions dans le même temps entrepris des démarches de recherche d’une exploitation auprès de la Chambre d’agriculture. Nous souhaitions avant tout une ferme bien structurée avec un système de production plutôt extensif”. Thibault : “Le service du Répertoire Départ Installation de la Chambre d’agriculture, nous a permis de consulter plusieurs offres d’exploitations sur les départements de la Manche et du Calvados, dont celle de Marie et Régis Boudier”.
Faire perdurer notre ferme à tout prix
Les deux enfants de Marie et Régis Boudier n’ont pas souhaité reprendre l’exploitation, Marie et Régis ont alors dès 2010 décidé de rechercher un successeur. Régis : “On voulait voir la ferme de la Hérisserie perdurée, ce site continue à vivre et faire vivre ses occupants. Nous voulions préparer et anticiper notre projet de transmission. Avec mon épouse nous avons engagé une recherche active d’un repreneur au printemps 2010 en nous inscrivant au RDI. Dès le début, nous avions associé à notre démarche les propriétaires du foncier qui ont accepté de jouer le jeu de la transmission à un nouvel exploitant : la ferme était alors transmissible”.Régis Boudier s’est installé en 1977 en reprenant la ferme détenue depuis trois générations par sa famille, qui comptait alors 30 vaches laitières sur 40 ha. Après leur mariage, Marie l’a rejoint sur l’exploitation, d’abord comme conjointe collaboratrice, puis comme associé au sein de l’EARL qu’ils ont créé.Au fil des ans, la structure s’est agrandie pour atteindre 66 ha avec une référence laitière de 194 000 litres et une production d’une dizaine de bœufs par an. L’exploitation était conduite en système tout herbe depuis de nombreuses années.Une dizaine de candidat à la reprise se sont manifestés et ont visité l’exploitation. Parmi eux, 4 ont fait une offre de reprise, dont Lucie et Thibaut. Après plusieurs rencontres, Marie et Régis ont choisi le projet de ces derniers. Régis et Marie : “Nous avons été séduit par la volonté de Lucie et Thibaut et leur détermination à s’installer dans le métier. Leur projet s’inscrivait dans la continuité de notre mode d’exploitation à savoir une pérennisation du système tout herbe”.Réciproquement, Lucie et Thibaut ont vu dans cette ferme une structure leur permettant de développer la production laitière tout en maintenant un système de production extensif.
Apprendre à se connaître …
Pour préparer au mieux la transmission et permettre aux repreneurs de connaître les pratiques des cédants, un contrat de parrainage est mis en place entre mai et décembre 2014 avec l’appui de la Chambre d’agriculture et le soutien financier de la région Basse-Normandie. Parallèlement, un contrat de transmission et une demande d’aide de l’Etat (PIDIL) sont déposés pour faire bénéficier les cédants et les propriétaires des aides à la transmission du foncier.Après estimation des différents actifs à céder, les deux parties se sont mis d’accord sur le prix et les modalités de transfert de l’exploitation. La reprise portait sur 62 ha en location. Les bâtiments, une partie du cheptel et du matériel, les stocks et la maison d’habitation ont été achetés par Lucie et Thibaut. Ils ont obtenu un accord de financement de leur banque. Entre-temps, Thibaut a sollicité les aides à l’installation car il a obtenu un Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA).Lucie et Thibaut sont donc installés depuis le 1er janvier avec un troupeau de 60 normandes et une référence laitière de 354 000 litres (dont 160 000 li-tres d’attribution dans le cadre des aides à l’installation).Ils ont engagé la démarche de conversion à l’agriculture biologique et les projets d’investissements visant à agrandir et mettre aux normes les bâtiments.
Le Répertoire Départ Installation (RDI) : un dispositif national
Le RDI est un dispositif national animé par les cham-bres d’agriculture. Il permet de favoriser la transmission des exploitations agricoles en rapprochant les porteurs de projet souhaitant s’installer en individuel ou en société et les exploitants en recherche d’un repreneur ou d’un associé. Les conseillers en charge de ce dispositif après définition des offres des uns et des projets des autres organisent les mises en relations entre les deux parties en s’appuyant sur les critères de recherche des cédants et des candidats. Au-delà de ces mises en relation la chambre d’agriculture accompagne les cédants et les candidats par la réalisation d’audits ou d’études économiques. Pour découvrir les offres du RDI consulter le site repertoireinstallation.com et les sites des chambres d’agricultures ou contactez les conseillers RDI de votre département.
- Calvados : Emilie Legros - 02 31 31 87 64 ou Denis Decaen - 02 31 51 66 35.
- Manche : Christian Body - 02 33 95 46 13 ou Christelle Durand - 02 33 06 48 80.
- Orne : Odile Lesaule - 02 33 31 48 43.
- Eure : Françoise Aumaitre - 02 32 28 73 84.
- Seine Maritime : Jean-Luc Duclos - 02 35 59 47 47.
Le contrat de transmission et les contrats de parrainage : des outils en faveur de l’installation
- Le Contrat de transmission
Ce dispositif est financé par la région Basse-Normandie et est animé par les Chambres d’agriculture.Il s’applique dès lors qu’une transmission permet une installation (avec ou sans les aides) hors du cadre familial. Il a pour objectif d’encourager les cédants et leurs propriétaires à transmettre leur exploitation à un jeune sans démantèlement du foncier (la reprise doit porter sur au moins 75 % de la surface) et en privilégiant la location. Il permet aux cédants et aux propriétaires qui s’engagent de bénéficier de différentes aides (sur la location du foncier, des bâtiments d’exploitation, de la maison d’habitation).
- Le Contrat de parrainage
Les contrats de parrainage sont des dispositifs qui consistent en une période d’essai au cours de laquelle le jeune se familiarise avec son futur outil de travail et son environnement technique, économique et social. Ils peuvent être financés par la région Basse-Normandie ou par Pôle emploi en fonction du statut social du demandeur. Pendant cette période le jeune a le statut de stagiaire de la formation professionnelle. Il touche une indemnité de stage qui lui est versée soit pour partie par la région et pour partie par le maître de stage, soit par Pôle emploi.