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Tuberculose bovine : la profession réclame efficacité et rapidité

Jeudi 18 mars, à Thury-Harcourt, les éleveurs de Suisse normande étaient invités à une réunion sur la tuberculose bovine, à l’initiative de la Chambre d’agriculture. Quatre cas ont été recensés dans le secteur, en quelques semaines. L’inquiétude monte d’un cran. L’État et le GDS étaient à la tribune pour répondre aux interrogations de la profession.

TUBERCULOSE BOVINE, REUNION THURY HARCOURT
De gauche à droite : Vincent Rivasseau et Christophe Martinet, de la DDPP ; Jean-Yves Heurtin, président de la Chambre d’agriculture ; Jonathan Lenourichel et Étienne Gavart, président et directeur du GDS.
© DR

« On pensait le sujet un peu derrière nous. Mais la pression tuberculose revient fortement, en particulier dans la zone historique », entame Jean-Yves Heurtin, président de la Chambre d’agriculture. Jeudi 18 mars, les éleveurs de la Suisse normande, soumis à l’épreuve de la prophylaxie et sous stress permanent, sont réunis à Thury-Harcourt. Ils ont face à eux les représentants de l’État. Le rendez-vous est initié par la Chambre, qui, à l’issue d’une rencontre avec le préfet, a demandé à ce que des réponses soient apportées à la profession.

Piqure de rappel

Dans la salle, tous les éleveurs sont passés par la case prophylaxie. Le secteur est presque « rodé », car la même souche, GB35 dite Calvados, y a sévi il y a trente-cinq ans. Vincent Rivasseau, chef du service protection sanitaire et environnement à la DDPP, refait le cours du dépistage : intradermotuberculination comparatives (IDC), analyses des animaux douteux et négatifs, si besoin recontrôle par prises de sang pour interféron et abattage du bovin positif et douteux. L’animal est inspecté à l’abattoir, des prélèvements sont effectués puis mis en culture. Si les prélèvements réagissent, l’exploitation est déclarée foyer de tuberculose. Vincent Rivasseau parle ensuite de comment gérer un foyer. « Le seul moyen pour connaître l’ampleur de la contamination est l’abattage total. » La marche à suivre pour assainir est alors : nettoyage et désinfection ; six mois de vide sanitaire des parcelles et un mois pour les bâtiments. Le troupeau est expertisé, les pertes de productions évaluées (trois mois en lait, un an en viande) pour calculer l’indemnisation. En parallèle, une enquête épidémiologique est enclenchée : « les cheptels voisins d’un foyer doivent faire une IDC et un interféron pour les animaux de 12 à 24 mois. Et un interféron pour les plus de 24 mois ayant déjà eu une IDC. Le moyen de propagation privilégié de la tub est le contact mufle à mufle. » Seules les mesures de biosécurités peuvent garantir une efficacité. Etienne Gavart, directeur du GDS, informe : « nous travaillons avec le Conseil départemental pour subventionner les équipements de biosécurité (doubles clôtures, etc.) ».

« Vous n’en faites pas assez »

Mais la profession tique sur l’enquête sur la faune sauvage. Depuis 2015, seulement 193 blaireaux ont été prélevés. En décembre, après la découverte d’un blaireau positif dans l’Orne, le plan de surveillance de la faune sauvage est passé en niveau 3. « Nous demandons que plus de blaireaux soient prélevés. D’après l’Anses, dans notre zone, il faudrait en piéger 200 par an », chiffre Jonathan Lenourichel, président du GDS. Le ton monte. La profession se plie aux règles, passe 60 000 têtes en prophylaxies. Cette année, 400 bovins douteux ont été abattus. Deux fois plus que le nombre de blaireaux prélevés en six ans. « Nous sommes vigilants, pointilleux, rage Jean-Yves Heurtin. Et vous (l’État, NDLR) prélevez 40 blaireaux par an ? Vous n’en faites pas assez. » Idem sur les sangliers. Les buvards pour prélèvement n’ont pas ou peu été distribués. Ils sont désormais prêts alors que la période de chasse est finie. Encore un rendez-vous manqué. Sans désigner la faune sauvage comme la coupable idéale, les présidents de la Chambre et du GDS demandent « un engagement de l’État, fort et officiel, pour que nous n’ayons ni doute ni regret ». Vincent Rivasseau de se défendre : « le piégeage est compliqué dans le département, car les lieutenants de louveterie sont peu nombreux. On considère que la faune sauvage est infectée si 25 % des animaux sont positifs. Ici, ce n’est pas le cas ».

« On dort mal »

« Nous cumulons les problèmes, gronde Daniel Courval. Il y a deux ans, les délais de retour d’analyses étaient de six semaines. Cette année, les laiteries n’ont pas collecté le lait des élevages en suspicion. Les abattoirs sous-paient les animaux et gagnent de l’argent aux frais du contribuable. C’est lourd, on dort mal. » Et Jean-Yves Heurtin de marteler : « on se doit d’être efficaces, car le préjudice moral n’est pas quantifiable. Nous sommes exigeants envers les services de l’État pour la faune sauvage, la gestion des cas, l’estimation la plus juste des cheptels ». Les responsables agricoles reconnaissent cependant une amélioration globale des délais de traitement. Quant à savoir si la zone de prophylaxie va s’agrandir, l’enquête est en cours. « Nous devons déterminer la souche (détectée à Evrecy, NDLR). Définir le zonage dès juin et commencer la prophylaxie le 1er octobre », conclut Jonathan Lenourichel. Efficacité et rapidité devront être les maîtres mots de la DDPP. Un discours peu éloigné de celui concernant une autre pandémie.

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