Tuberculose bovine : « situation insupportable » estime Daniel Courval (FDSEA 14)
La campagne 2018/2019 de prophylaxie contre la tuberculose bovine va démarrer le 1er novembre pour s’achever le 31 mars prochain. «Ça va être la pagaille si l’administration ne modifie pas la procédure», pronostique Daniel Courval, responsable de la section bovine de la FDSEA 14.
lll Avec 3 cas avérés en 2018 dans le Calvados, la situation sanitaire du cheptel bovin vis-à-vis de la tuberculose bovine n’est pas alarmante, mais la maladie n’est pas éradiquée non plus. Ces trois cas, c’est l’aboutissement d’une campagne de dépistage qui a concerné 140 élevages ciblés. « Un vrai boulot pour les éleveurs qui passent en moyenne 25 bêtes à l’heure deux fois en trois jours et pour le GDS qui s’implique financièrement dans cette prophylaxie », insiste Daniel Courval, double casquette (syndicale et d’élu GDS) vissée sur la tête. «Mais le pire est peut-être à venir. Pour la campagne 2018-2019; ce sont 850 à 900 élevages qui vont être expertisés et donc, potentiellement et si on reste dans les mêmes proportions, une vingtaine de troupeaux qui serait à abattre. Quand je vois comment les choses se sont passé cette année pour gérer simplement 3 cas, je suis très inquiet ».
Au bout de la table, un des éleveurs concernés (dont les pâtures et les stabulations sont vides) acquiesce. Pour lui, le couperet est tombé en janvier. « Je ne comprends pas pourquoi. Je n’ai jamais acheté une bête à l’extérieur. Ce troupeau que l’on m’a fait abattre, c’est tout un travail de sélection entamé par mon père en 1984 ». A ce presque sentiment de culpabilité d’avoir porté la maladie, s’ajoute le traumatisme de l’autodestruction de son outil de travail. Daniel évoque le sujet avec d’infimes précautions. Celui qui accompagne bien souvent l’administration auprès d’éleveurs dans la panade connait le poids des mots et surtout ceux à ne pas employer. « Ce métier qui demande autant d’astreintes et de ténacité pour les éleveurs doit être respecté par l’administration centrale, ce n’est pas uniquement une gestion d’enveloppe financière ».
De l’huile dans les rouages, du charbon dans la chaudière
Cette bataille contre la tuberculose bovine, personne et surtout pas la profession ne la remet en cause. «Nous devons la gagner pour que la France reste une référence en matière d’élevage mais il faudrait sans doute revoir les procédures », plaide Daniel Courval. Remettre de l’huile dans les rouages en d’autres termes pour apporter un peu plus de fluidité dans les prises de décisions comme informer les éleveurs en septembre ,avancer la prophylaxie au 1er octobre pour soulager les cabinets vétérinaires et permettre aux éleveurs d’anticiper leur prophylaxie et de la gérer en plusieurs lots. «Tout cela a été demandé au mois de mai dernier par la profession mais le temps administratif ne tient pas compte de la réalité des éleveurs. Les dossiers font des aller-retour générant des pertes de temps énormes alors qu’il nous faut rebondir au plus vite pour se remettre en ordre de marche ». Il faut remettre parallèlement du charbon dans la chaudière. «Indemniser une procédure d’abattage, ce n’est pas additionner quelques chiffres en euro pour aboutir à la valeur marchande d’un troupeau à l’instant T. Il faut tenir compte de tous les aléas possibles et imaginables. Tu repars à zéro avec tous les risques que cela comporte. Tu peux perdre par exemple des primes animales parce que, durant une période, tu n’as pas respecté certains ratios législatifs, rappelle Daniel Courval. On ne peut quand même pas faire subir à la victime une double peine. L’expertise doit donc être rapide, quasi exhaustive tout en laissant la porte ouverte à une clause de revoyure au cas ou...» Il faut ainsi profiter de l’expérience acquise pour améliorer le système. Pour notre éleveur et après de longs mois de vide sanitaire, l’heure est à l’indemnisation et au redémarrage. Pour le syndicalisme, l’heure est à la vigilance. La filière bovine a suffisamment à faire contre les vents contraires pour ne pas en rajouter un grain.