Prix du lait
Un "prix politique" ou comment Lactalis ne respecte pas son contrat
Voleur !" Le mot est fort, mais il exprime la lassitude des producteurs de lait livrant à Lactalis. Vendredi matin, la FDSEA 61 et les Jeunes Agriculteurs ont intercepté plusieurs camions de l'industriel pour les taguer. Symboliquement, ils ont déposé une plainte pour vol aux gendarmeries de Flers et Sées. Leur cible : Monsieur Besnier. En parallèle, un syndicalisme juridique débute...
Vendredi matin, la FDSEA 61 et les Jeunes Agriculteurs ont fait "la tenaille". Sur les routes ornaises, ils ont intercepté plusieurs camions Lactalis. Leur but : taguer les citernes. "C'est notre manière de dénoncer les pratiques de l'industriel. La colère monte dans les campagnes", note Pierre Abrahamse, agriculteur et apprenti tagger. Les camions ont donc circulé affublés de mots comme "Voleur", "Président, le compte n'y est pas" ou "Président, la monarchie, c'est finie !". La matinée s'est terminée à la gendarmerie. A Sées et à Flers, le syndicalisme a choisi de déposer symboliquement plainte contre Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis.
Une plainte contre Emmanuel Besnier
"Notre action est symbolique. A travers les médias, nous informons les consommateurs. Nous avons besoin des citoyens. Les règles du jeu changent soudainement lorsqu'elles deviennent favorables au producteur. Monsieur Besnier ne respecte pas son contrat. Il nous vole notre lait. Nous considérons légitime de déposer plainte", estime Guillaume Larchevêque, président des Jeunes Agriculteurs de l'Orne. Derrière cette action de communication, la Fédération Nationale des Producteurs de Lait s'active en coulisse. Déjà le syndicat rappelle qu'un "contrat (quel qu'il soit) est LA LOI DES PARTIES (article 1134 du Code civil). A ce titre, le contrat s'impose aux parties et il ne peut être modifié qu'avec le consentement de ces dernières".
"Il manque 20 à 30 EUR"
Concrètement, les producteurs pourraient perdre 20 à 30 EUR/1 000 litres. "Et peut-être même plus car les cours du lait s'annoncent favorables en fin d'année. Cela représente 7 à 8 000 euros pour un producteur moyen. C'est d'autant plus inacceptable que les trésoreries négatives du début de l'année ont engagé des frais supplémentaires pour les exploitations", estime Guillaume Larchevêque.
Contrat non respecté
L'échange sent la poudre. Face au géant lavallois, les producteurs ne demandent pas le beurre et l'argent du beurre. Simplement le respect de leur contrat. Il y est pourtant écrit "le prix de base du lait entier à 38 grammes de matière grasse et 32 grammes de matière protéique sera établi mensuellement à partir des éléments suivants : utilisation d'indicateurs de marchés retenus par le CNIEL et déclinaison de ces indicateurs en région pour déterminer le prix de base". Alors que les cours s'envolent, la lettre de Lactalis du 8 juillet a mis le feu aux poudres. Elle stipule que "les effets des dispositions contractuelles relatives à l'utilisation des indicateurs de marchés pour la détermination du prix sont suspendus pour le 2e semestre, pour être repris en 2014, compte tenu de l'application de la médiation visant à une hausse forfaitaire de 25 EUR/1 000 litres sur l'année civile 2013". Si la période de travaux perturbe la mobilisation, d'autres départements devraient cependant mener des actions. De son côté, l'Orne s'est déjà engagé à maintenir la pression. "On change d'ère. Le syndicalisme devient aussi juridique", note Guillaume Larchevêque. Ils seront effectivement nombreux à décortiquer les clauses du contrat pour observer les recours possibles.