Technicien agricole de 1971 à 2006
"Une époque formidable"
Technicien agricole de 1971 à 2006
Pendant près de 40 ans, Michel Boutruche a labouré le terrain du conseil agricole, dans le Mortainais d’abord puis sur tout le département.

Michel Boutruche, près de 40 ans à sillonner le département pour répandre la bonne parole du conseil technique.
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E.C.
“Aujourd’hui, les techniciens ont de moins en moins de temps pour être utile et rendre service aux agriculteurs puisqu’on nous demande de faire de plus en plus “d’administratif”. La voix de Michel Boutruche, ingénieur agricole, spécialiste des productions végétales, tout jeune retraité (cela date de vendredi dernier), laisse percer de la nostalgie... qui le ramène au tout début de sa carrière manchoise, en 1971.
11 juillet 1971
En ce début des années 1960, la Manche ne vit que et par l’agriculture. Les exploitations se comptent par dizaines de milliers. Dans toutes les têtes résonnent encore les mots d’ordre de la première PAC de 1962 : produire encore et toujours plus. Dans le même temps, l’exode rural vide les campagnes. Ceux qui restent doivent s’adapter aux méthodes modernes. C’est dans ce contexte que le jeune Michel Boutruche, natif de Chancé, (Ille et Vilaine) débarque dans le Mortainais. “Je suis arrivé le 11 juillet 1971 comme conseiller de secteur sur les cantons de Mortain et du Teilleul”. Et Michel va en faire des découvertes. “C’est clair, ce n’était pas les mêmes méthodes qu’en Bretagne : pas ou très peu de maïs (5000 ha contre 95 000 en 2006), beaucoup de prairies”. Première surprise, les quelques hectares de blé que notre technicien voit sont encore récoltés à la lieuse. “Les vaches se trayaient à la main dans les champs”.
Mais voilà, tel un missionnaire s’apprêtant à convertir les populations, Michel Boutruche part en croisade pour répandre la nouvelle parole de la Chambre d’Agriculture. “Je me suis vite aperçu que le département avait un bon potentiel agronomique et climatologique”.
De réunion en réunion, Michel arrive à convaincre le monde agricole des bienfaits de l’ensilage de maïs. “C’était logique, tout le monde voulait faire plus de lait, ce qui induisait de nouvelles techniques d’alimentation, une augmentation des cheptels et des bâtiments adaptés. J’ai vécu une véritable révolution puisque la Manche est passée de 20 à 60 000 ha entre 1976 et 1986 par exemple”.