Une simplification qui donne du temps
A Coulonces (14), le GAEC Anger est devenu adepte des techniques culturales simplifiées. La première motivation n’est pas forcément agronomique. L’abandon du labour répond à des problématiques de temps de travail ou de consommation de carburant.
Le GAEC Anger exploite 175 hectares. Associé avec son oncle, Mickaël Anger élève 80 vaches laitières et 40 limousines. Les journées sont bien remplies pour cet agriculteur également papa de quatre filles. L’exploitation a abandonné la charrue en 1999 et gagne donc du temps. “Dans le monde, la majorité des surfaces ne sont pas labourées. Je me dis que cette technique ne doit pas être si mauvaise”, justifie-t-il. Cependant, ce choix s’avère rare dans cette zone d’élevage du bocage virois. L’organisation des travaux a convaincu Mickaël Anger. “Je n’ai pas forcément de meilleurs rendements. Mes résultats sont stables. En revanche, la technique présente un avantage non négligeable : je peux étaler les travaux. Je ne fais que semer, je n’ai pas à labourer donc la main d’œuvre est limitée”. L’agriculteur travaille son sol un mois avant le semis. “Je peux faire 10 hectares par jour et avoir le temps de faire la traite du matin”, résume-t-il.
5 à 7 litres par hectares
Ce temps limité sur le tracteur se traduit dans les chiffres de consommation de carburant. Concrètement, chaque déchaumage nécessite 7 litres de fioul par hectare. Pour le semis, 5 litres par hectare suffisent. “Nous avons longtemps utilisé un tracteur de 100 chevaux. Aujourd’hui, nous disposons d’un 150 chevaux, mais seuls 80 travaillent”.
Ces avantages prennent le pas sur les quelques inconvénients du sans labour. L’agriculteur pense notamment aux années particulièrement humides. Chargé, son semoir Sulky Easydrill pèse près de 4,5 tonnes. “Mais depuis 1999, nous n’avons été embêtés que deux années. En général, nos semis sont terminés avant la fin du mois d’octobre”. Si les techniques culturales simplifiées peinent en cas de forte humidité, l’agriculteur tire son épingle du jeu en conditions sèches. “Je sème précocement mes couverts végétaux dans le but de les récolter pour nos animaux. En terrain sec, ils lèvent bien”, souligne l’agriculteur.
Rotation allongée
Avec 15 ans d’expérience, la technique est maîtrisée sur l’exploitation. Les parcelles ne sont pas plus sales qu’ailleurs. Le GAEC Anger a néanmoins choisi d’allonger ses rotations. La ferme dispose d’une rotation type : blé, triticales, orges, colza, blé, maïs, blé, féverole, blé. Côté travail du sol, Mickaël Anger joue encore la carte de la simplicité. Il dispose d’un simple chisel couplé à un rouleau. Exemple : après un triticale, l’agriculteur passe donc le déchaumeur, puis apporte du fumier et déchaume une seconde fois. La tâche se termine avec le semis d'une orge début octobre environ 1 mois après le second déchaumage.
Un semoir adapté à l’élevage ?
Dans ses pratiques culturales, le GAEC Anger dénote dans son secteur. L’exploitation a donc porté l’investissement dans le semoir Sulky Easy Drill. Près de 40 000 € ont ainsi été déboursés,
subventions aux CUMA de la région déduites. Ce genre d’investissement est généralement porté par des fermes céréalières. L’équipement trouve cependant sa place dans cet élevage. L’ensemble des praires est refait en semis direct. “Comme on ne laboure pas, je passe aussi dans les parcelles avec cailloux”, précise-t-il. Avec le système Fertisem, le semoir dispose aussi de deux trémies. Lorsqu’il rénove une pâture, Mickaël Anger sème du ray grass à 2 cm et du trèfle entre les rangs en surface. Le semoir a ainsi travaillé près de 120 hectares sur la dernière saison. Preuve qu’un tel équipement a trouvé sa place dans une ferme de polyculture-élevage.
A l’aise en conditions sèches
Le semoir Sulky easydrill pèse 4,5 tonnes, une fois chargé. 17 roues larges de 5 cm se chargent de rappuyer la graine. L’appareil peut semer sur des préparations superficielles.