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Elevage
Valoriser les protéagineux avec ses bovins

Pois, féverole et lupin sont les trois protéagineux utilisables par les bovins. Aucune contre-indication à leur utilisation, ils peuvent être distribués avec un complément de correcteur tanné ou bien comme aliment de production.

La formule “produire ses protéines pour limiter ses achats” séduit les éleveurs avec le renchérissement des tourteaux. La PAC a aussi commencé en 2010 à soutenir la production. Encore faut-il valider techniquement l’utilisation des protéagineux.


Pour une longue conservation

Une fois récolté, le potentiel “protéines” des graines doit être préservé jusqu'à la distribution aux animaux. Selon les conditions à la récolte, plusieurs possibilités existent :

- la voie sèche : pour les pois et les féveroles à moins de 16 % d'humidité et les lupins à moins de 18 %. Le stockage de protéagineux graines entières peut se faire au sol ou en cellule comme des céréales. La forme inertée est aussi efficace pour les protéagineux, comme pour les céréales. A faible taux d'humidité, un broyage grossier suffit pour conserver la graine dans un silo étanche. Des suivis réalisés dans le Calvados ont démontré la très bonne conservation et la stabilité de la graine des pois : il n'y a pas de fermentation, ni de moisissure, ni modification de la graine en respectant les conditions d'humidité et d'étanchéité. Plusieurs éleveurs du Calvados utilisent cette forme de stockage pour les vaches laitières ;

- la voie humide : cette solution est à envisager comme un recours, les années humides, où pois et féveroles sont récoltés malgré le mauvais temps. C'est aussi une piste possible pour garder du lupin dans nos conditions normandes : la maturité ne sera pas toujours acquise pour des lupins de printemps, variétés tardives ou semis tardifs. Dans cette éventualité, le broyage et la conservation sous bâche étanche permettent de préserver les qualités alimentaires du lupin.La Chambre d'agriculture du Calvados a testé pendant 3 ans la conservation du lupin à des taux compris entre 20 et 30 % d'humidité. La réussite tient à :

- un broyage grossier (attention au broyeur, le lupin riche en matière grasse a tendance à colmater) ;

- un silo bien tassé et étanche ;

- une bonne protection contre les rongeurs ;

- un ajout possible de conservateurs : 400 g d'acide propionique/100 kg de graines.

Du lupin au pois, des teneurs en protéines variables

Pour les teneurs en protéines, le tiercé dans l’ordre croissant est pois, féveroles, lupin (tableau 1). Les pois sont caractérisés par un fort taux d’amidon rapidement digestible. Le lupin se distingue des deux autres protéagineux : plus riche en matière azotée totale, (MAT), il a aussi la particularité de ne pas contenir d'amidon. Il est aussi riche en matière grasse. Sur ce dernier point, la question du rancissement a été suivi lors de nos essais et n'a pas relevé de problèmes particuliers. De plus, les acides gras présentent un profil intéressant sur le plan nutritionnel. La féverole affiche des teneurs en protéines intermédiaires entre le pois et le lupin. La teneur en MAT des protéagineux est soumise à des variations, notamment variétale, et une seule analyse permettra de vérifier ce point.


Utilisé comme aliment de production ou correcteur

Les 3 protéagineux sont riches en énergie et en azote fermentescible (PDIN) (tableau 2).La faiblesse de ces 3 protéagineux tient à leur teneur en PDIE, ce qui nécessitera un complément azoté, notamment avec du tourteau tanné pour assurer un haut niveau de production.Le lupin est le plus azoté des protéagineux avec des valeurs proches d'un tourteau de colza. Il peut s’envisager comme un correcteur unique pour des rations incluant de l'herbe ou des niveaux de production modérés ou avec du lupin sous forme extrudée.Le pois et féverole s'utilisent comme aliment de production (2,5 à 3 l) ou bien associés avec du tourteau protégé (20 à 25 %) pour rétablir l'équilibre PDIE.

Autant de lait, des taux qui bougent un peu avec le lupin

Aujourd'hui, les variétés disponibles ont été sélectionnées pour éviter tout trouble nutritionnel chez les ruminants (tableau 3).Il possible d’assurer des niveaux de production à 30 kg de lait avec lupin ou féveroles et un correcteur tanné. La teneur en matière grasse du lupin tend à faire grimper le TB (+1,5). Avec les protéagineux, le TP peut être affecté de - 0,5 à 1 point par manque de méthionine.

Jamais seul dans la complémentation

Rations type pour un troupeau à 30kg de lait après le pic de lactation. Pour une question de simplification, nous avons retenu de garder la même quantité de tourteau tanné dans la ration (tableaux 4, 5 et 6).La richesse en phosphore des protéagineux permet de se passer de complémentation pour cet élément.


Economie liée au cours élevé des tourteaux

Sur le plan économique, le prix d'intérêt pour VL avec un soja à 360 € et un blé aplati à 220 €, le prix d’achat du pois ne doit pas dépasser celui du blé de plus de 36 € (53 € pour la féverole) et celui de l'orge de plus de 52 €.D'après les cours actuels, l'écart blé-pois, de l'ordre de 30 €/t, et de 40-45 € pour orge-pois permet d’envisager cette valorisation. La féverole destinée à l'alimentation animale est au même prix (voire 5 € de moins) que le pois, par contre la féverole destinée à l'alimentation humaine cote 40 € de plus. L'intérêt économique est donc limité, sauf pour de la féverole qui ne pourrait être valorisée qu'en alimentation animale, et sûrement encore plus pour des féveroles avec beaucoup de grains bruchés sans pénalité a priori sur la valeur et la conservation.Implanter des protéagineux pour autoconsommer doit prendre en compte le raisonnement à l’échelle de l’exploitation avec les intérêts agronomiques des protéagineux (allongement de la rotation, restitution pour la culture suivante,…). Les protéagineux restent une des pistes possibles pour améliorer son indépendance en protéines.

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