" On vend deux tonnes de pommes de terre par semaine "
L’exploitant de 44 ans est installé à Cintheaux, dans la plaine de Caen, en polycultures. Benoît Vandermersch, administrateur supplémentaire, région plaine, à la FDSEA, s’adapte aux évolutions réglementaires dont il essaie de tirer le meilleur parti. Depuis le printemps, il est entré au conseil d’administration de la FDSEA.
L’exploitant de 44 ans est installé à Cintheaux, dans la plaine de Caen, en polycultures. Benoît Vandermersch, administrateur supplémentaire, région plaine, à la FDSEA, s’adapte aux évolutions réglementaires dont il essaie de tirer le meilleur parti. Depuis le printemps, il est entré au conseil d’administration de la FDSEA.
>> Benoît Vandermersch, qui êtes-vous ?
Je suis fils d’agriculteurs et je représente la quatrième génération installée ici, à Cintheaux. J’ai toujours voulu reprendre la ferme. J’ai suivi un BTS Acse dans l’Eure. Pendant mon stage installation, je suis parti travailler dix mois aux États-Unis, dans une structure grandes cultures du Middle West. Je suis revenu en 2002 et me suis associé avec mon cousin. Nous avons repris les parts sociales de mes parents, mon oncle et ma tante. La transmission s’est achevée en 2018. La SCEA Vandermersch compte 400 ha de céréales, lin, colza, pois, pommes de terre. Avant la fermeture de la sucrerie de Cagny, les betteraves sucrières représentaient 12 % de la sole et permettaient des rotations sur huit ans. Nous les avons remplacées par des pois et du maïs mais ça s’est mal passé l’an dernier sur cette culture.
>> Vous avez un distributeur automatique de pommes de terre. Comment ça marche ?
Le client choisit son numéro de casier et achète la marchandise. Chaque année, nous multiplions par deux le tonnage vendu. On écoule en moyenne deux tonnes par semaine. Nous proposons un prix attractif, 0,45 €/kg. C’est surtout le bouche-à-oreille qui fonctionne. Personne ne nous demande si nous sommes en bio ou pas. On communique peu. Nous pourrions mettre des panneaux explicatifs de nos pratiques culturales : pas d’irrigation, pas de traitement chimique pour dépanner. Mais il faut savoir le dire avec pédagogie. Les clients nous complimentent sur le goût des pommes de terre. L’acte de revenir à la ferme est une preuve en soi de la qualité de nos produits.
>> Le système demande-t-il un gros investissement de temps et financier ?
Le réapprovisionnement me prend vingt minutes par jour. Si l’investissement de départ - achat des casiers et du système de paiement - est important, ce sont les contraintes réglementaires qui nous ont obligés à réinvestir. Depuis cet été, nous ne pouvons plus utiliser le CIPC, un antigerminatif. Nous appliquons de l’huile essentielle de menthe pour le remplacer. C’est efficace mais cher. Pour garder la vente directe, nous avons dû investir dans un bâtiment, des frigos pour conserver les pommes de terre et des palox. Notre installation était vieillissante mais fonctionnait à moindre coût. En revanche, le prix de la pomme de terre, lui, n’a pas augmenté.
>> Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
La recherche des subventions. Il faut tomber dans les bons critères et cocher les cases pour avoir les points. À un point près, soit vous avez jusqu’à 40 % de subventions, soit rien. Nous avons réussi car notre projet inclut du circuit court mais je trouve que les subventions devraient être mieux réparties. Dans un autre registre, nous sommes prêts à passer en HVE3, pour commercialiser la pomme de terre en restauration collective. Mais nous cherchons une valorisation pour les autres cultures. Pour que la certification apporte une valeur ajoutée financière à nos changements de pratiques culturales. Ce n’est pas simple de valoriser du blé HVE3 au port de Rouen.
>> Quel est votre parcours syndical ?
J’ai adhéré aux Jeunes agriculteurs quand je me suis installé. J’avais envie de rencontrer du monde, de ne pas rester isolé. Puis j’ai cotisé à la FDSEA. Je connais Xavier (Hay, président de la FDSEA, NDLR) et Geffroy (de Lesquen, NDLR) du groupe plaine animé par la Chambre. Ils m’ont sollicité pour entrer au conseil d’administration. J’ai dit oui pour garder le contact, me tenir informé. Notre métier et ses pratiques réglementaires évoluent rapidement, je ne veux pas passer à côté.
>> Comment voyez-vous ce nouveau rôle ?
Je débute. Mais je pense que je suis là pour faire remonter les problématiques du terrain. Notre canton est calme. Agronomiquement, nous sommes dans un secteur qui manque d’eau. Nous avons une grosse pression foncière et on voit de plus en plus de détritus dans les champs. Ça devient récurrent. On a souvent le réflexe de téléphoner au syndicat quand les choses vont mal. Je suis là pour participer, collaborer.