Moissons
“Vers de bonnes surprises en blé”
Les prévisions moisson de Xavier Goutte, responsable agronomie à la Chambre d'agriculture de l'Orne
Quelles sont vos prévisions pour l’Orne ?
Plus 5 % pour le blé, - 5/10 % pour l’orge et - 3 % pour le colza, du côté des rendements, par rapport à ceux de 2012. Compte tenu des parcelles ayant été détruites, le repli de la collecte des cultures d’hiver sera partout en repli, avec - 5/10 % pour le blé et l’orge et - 15 % pour le colza. Jamais il n’aura été aussi difficile d’établir un prévisionnel de récolte, tant l’occupation des sols a été bouleversée cette année.
Comment expliquer cette chute de production ?
Sur la période entre le 10 avril 2012 et le 10 avril 2013, il y a eu entre 1200 et 1350 mm de précipitation. C’est en moyenne 30 % d’excédent, et par endroits 50 %. A cela s’ajoute un déficit de températures de 0 à 2 ° C, vis-à-vis de la moyenne à trente ans. 15 % des intentions de semis d’hiver ne seront finalement pas récoltés. En rattrapage, de nombreuses cultures de printemps ont été semées. Les céréales à paille de printemps occupent 15 % de l’assolement. C’est du jamais vu (5 % d’ordinaire). Les surfaces de maïs sont également en hausse de 20 %. Certaines personnes qui n’avaient jamais semé de maïs se sont lancé dans cette culture; les surfaces de pois et de tournesol ont certainement doublé.
Les prévisions sont plus optimistes que prévu ...
Depuis le 10 avril le temps, est idéal pour la croissance des plantes - jamais trop froid, jamais trop chaud et jamais trop humide. Tout autre météo que celle là aurait été catastrophique pour les cultures. Les plantes comme le blé ont profité de ce créneau, et tout me fait penser que cela va très bien se passer pour cette culture. En colza ce sont finalement “seulement” 8 à 10 % des surfaces semées qui ont été détruites. Grâce aux excellentes conditions printanières, on a évité le scénario de destruction de 30 à 40 % des parcelles. Quelles seront les difficultés logistiques ? Il faudra gérer le triage des colzas, vu le fort développement des mauvaises herbes dans les parcelles. Avec un retard en végétation de 20 jours pour les cultures d’hiver, la moisson sera très tardive et potentiellement très délicate. A la fin de l’été, la charge de travail devrait être très importante, avec la gestion de la paille, les déchaumages, le semis des CIPAN, des colzas, les épandages, ... Il faudra aussi gérer une très forte récolte de maïs-grain. Les séchoirs devraient tourner à plein régime.
Quel revenu des cultures, pour 2013 ?
Lutte contre les limaces, cultures cassées en sortie d’hiver, prix de l’azote au sommet, ... Les charges pour les grandes cultures atteignent de nouveaux sommets. Il faut ajouter à cela la chute de la production et la baisse du prix des céréales, avec un taux très faible (moins de 15 %) d’engagement avant-récolte, sur des bases de prix élevées. Cela présage une forte baisse des marges. Aucun signe d’amélioration des prix des céréales n’est attendu avant la fin de l’hiver 2013/2014. Ceci d’autant plus que la France est mal placée à l’exportation face aux pays de la Mer-Noire.