« On achète et on jette » : portes ouvertes pour dire stop
17 élèves ont visité l’exploitation maraîchère d’Alain Cottebrune, lundi matin à Réville (50). Les légumes attendaient les enfants de pied ferme. Découverte des cultures et explications, ce projet pédagogique a sensibilisé les enfants sur la façon de manger sans gaspiller.

llll Dans la serre de 5 000 m2, poivrons, tomates, basilics, courgettes... Les élèves de CE2/CM1 de l’école Hameau Noblet de Cherbourg (50) découvrent les légumes bio d’Alain Cottebrune.
Projet pédagogique
« Je me suis rendu compte que les élèves mangeaient très peu de légumes. Il fallait que je leur fasse découvrir le bon goût de ces derniers et toutes les possibilités qu’ils offrent », explique Béatrice, professeur des écoles. L’institutrice a donc mis en place un projet continu appelé « opération soupe ».
Une fois par mois et tout au long de l’année scolaire, les élèves concoctent des soupes de légumes. De l’épluchage à la soupe finale, ils se sont prêtés volontiers au jeu pour s’imprégner de légumes et apprendre à les consommer. Tels de vrais petits chefs, ils ont répété leurs recettes, chez eux, avec leurs parents. Objectif multigénérationnel atteint. « Nous constatons que, dans notre société, les gens ne font plus attention à ce qu’ils mangent. On achète et on jette. Il faut que cela cesse. Ce projet pédagogique est une superbe idée. Sensibiliser l’enfant passe de plus en plus par les professeurs et de moins en moins par les parents. C’est tout l’intérêt de cette porte ouverte », se satisfait Alain Cottebrune.
Après avoir visité une exploitation laitière l’année dernière, la classe est repartie de Réville « avec la patate ». « Les légumes, c’est pas mes aliments préférés. J’en mange pas beaucoup. Maintenant, je vais en cuisiner avec mes parents et en manger plus souvent » dit avec ses mots Gabriel, 9 ans.
Manger bien, partout
« Cela fait une quinzaine d’années que j’accueille du public, surtout des jeunes, sur ma ferme et toujours à la même période. Ils découvrent les variétés, la pollinisation, la production biologique... C’est très important de partager notre savoir-faire, de montrer que l’on produit bien et dans le respect de l’environnement, que l’on contribue à la santé de chacun... »
Et d’ajouter : « quand des enfants me disent qu’ils ne mangent pas de légumes, ça m’agace. La restauration collective doit faire des efforts. Elle achète au moins cher des produits qui ne sont pas de bonne qualité. Les enfants vont manger de piètres brocolis, trop cuits... Ils ne vont pas trouver ça bon mais comment pourrait-il en être autrement ? » s’interroge notre légumier.
Pourtant, manger sainement ne signifie pas manger plus cher. Diminuer le gaspillage passe par une gestion optimale du réfrigérateur. Alain, qui consacre 19 de ses 50 ha au bio, en est convaincu. « Il nous faut redécouvrir notre façon de consommer, notamment celle des fruits et légumes ».
« La Fête des fruits et légumes frais » organisée par la FDSEA Manche, va dans ce sens.