Aller au contenu principal

Agrandissement de l’aéroport Caen-Carpiquet : trois exploitations concernées

FONCIER URBAIN llll Caen-la-Mer souhaite allonger la piste d’aéroport de Caen Carpiquet : + 350 m de piste vers l’ouest, impliquant l’achat par l’intercommunalité de 25 ha et la déviation de la route départementale 9 sur 1,8 km. L’aéroport de Caen Carpiquet, situé à 50 minutes de celui de Deauville, a-t-il besoin d’être agrandi et de consommer du foncier agricole ? Le projet reste à l’étude.

© DR

« Nous avons opté pour une solution qui consomme le moins de terrains agricoles, à la demande de la profession », informait Joël Bruneau, président de Caen-la-Mer, sur le site de nos confrères de Normandie actu, en novembre. Caen-la-Mer prévoit d’ajouter 350 m de piste d’atterrissage pour atteindre 2 250 m, à l’horizon 2022. Cela implique le dévoiement de la route départementale 9 vers le nord. Caen-la-Mer invoque des raisons de sécurité, d’équilibre financier et d’attractivité du territoire pour justifier le projet. Trois exploitations agricoles sont impactées.

Anticiper les problèmes

L’option retenue est « celle qui passe le plus près de la piste d’aéroport », reconnaît Marc Vandecandelaère, agriculteur. Un peu moins de 25 ha sont pris par le projet, répartis dans trois exploitations : le Gaec du Tilleul, de François et Thibault Pinçon ; l’EARL Vandecandelaère et celle de Franck Ghesquière. « Nous aurions aimé davantage de concertation. On n’a pas eu le choix du tracé », regrette François Pinçon. Les premiers plans sortent de terre et les exploitants anticipent déjà les problèmes : des recoins et des pointes où les matériels ne passeront pas ; une piste cyclable qu’ils appréhendent comme une contrainte pour travailler ; des plantations de haies à l’intérieur du bac de rétention à entretenir ; des routes à traverser. « Ce sont plein de choses qui ne sont pas mesurées », lâchent-ils. Franck Ghesquière a, lui, l’impression d’être « pris en otage. La piste d’aéroport finit dans mon champ ». Il espère une compensation « pour la perte de qualité. Les 8 ha que l’on me prend sont les meilleurs terres de mon exploitation ». Franck Ghesquière emploie son neveu qui espère un jour le rejoindre dans l’exploitation. « J’aimerais qu’on me donne des parcelles plus éloignées de la ville, quand je sors mon pulvé, je me fais insulter ».

La vraie question

« La vraie question, soulève-t-on du côté du Gaec des Tilleuls, c’est : est-ce qu’il faut un aéroport international dans toutes les grandes villes françaises ? » Car l’aéroport de Caen se situe à 57 km de celui de Deauville, dont la piste est plus longue et le restera après allongement à Carpiquet (2 550 m). L’aéroport de Rennes se trouve à moins de deux heures de Caen. Les deux sites desservent des destinations internationales. L’interrogation est reprise par des associations locales, qui posent les questions de nuisances sonores et environnementales. Les habitants de Louvigny, Fleury-sur-Orne et d’autres communes voisines ont créé l’Association contre l’allongement de la piste de l’aéroport de Caen-Carpiquet, lors de l’assemblée constitutive du 27 mars, à Fleury-Sur-Orne. Contactée par téléphone, elle confirme son opposition au projet et annonce une communication pour le mois de septembre. L’association ECU (Environnement, cadre de vie et urbanisme), de Bretteville-sur-Odon, réclame, selon nos confrères de Ouest-France, une enquête de flux et des capteurs pérennes pour cartographier les nuisances sonores et la pollution liées au trafic aérien à l’aéroport de Caen-Carpiquet.

Pas de souterrain

Dès 2016, trois tracés sont imaginés. « Nous sommes allés à la mairie de Saint-Manvieu-Norrey en juillet 2017. A l’époque, quatre exploitations étaient concernées, se rappelle Marc Vandecandelaère. Nous souhaitions deux choses : que la piste d’aéroport soit allongée vers le sud et que la déviation de la route passe par un souterrain. »
La D9 est une route habilitée à recevoir les convois exceptionnels.  Dans son bilan de concertation, Caen-la-Mer, explique : « le scénario de création d’un sous-terrain a été écarté du fait de son coût de 40 M€ (pour rappel, le scénario proposé prévoit un budget de 11 M€). En conséquence, le scénario retenu, à savoir le passage de la RD9 en déblai est la solution optimisée pour le projet. » Sur son site internet, le Département, chargé de la route, affiche : « la solution retenue consiste à modifier le tracé de la RD9, avec une connexion de la route actuelle au niveau de la sortie d’agglomération de Carpiquet et de Saint-Manvieu-Norrey. La RD9 gardera les mêmes fonctionnalités, c’est-à-dire une 2 fois une voie, permettant le transit des convois exceptionnels ». Pour le dévoiement, le Calvados apporte 2,5 millions d’euros.

Rien n’est tracé

De son côté, la Safer mesure la faisabilité du projet. « Nous sommes présents au début et à la fin, quand le projet est déclaré d’utilité publique (DUP) », rappelle Stéphane Hamon, directeur général de la Safer Normandie. Pour l’aéroport, « nous avons des pistes de réserve foncière : il y a trois ans, nous avons acheté 80 ha à la société Immochan (désormais Ceetrus), à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe. Caen-la-Mer nous a fait une avance financière remboursable pour les acquérir ». Si ces terres se situent de l’autre côté de la 2x2 voies, l’étude d’impact prend en compte ce handicap. Mais pas que : « on regarde la distance du siège d’exploitation, l’âge de l’exploitant, etc. Ces terres constituent un début de solution potentiel, si le projet se confirme. » Car pour le moment, l’allongement de la piste d’aéroport n’a pas encore été déclaré d’utilité publique. Le calendrier prévisionnel annonce les arrêtés DUP pour le troisième trimestre 2019 et les travaux d’allongement de la piste de mai à octobre 2022, indique le Conseil départemental sur son site. Stéphane Hamon rappelle que la Safer réalise « un travail d’orfèvre pour la paix foncière » et que les « élus de Caen-la-mer sont soucieux du développement économique agricole et vont essayer de restreindre au plus petit le prélèvement de surface. Quand le projet sera dans la phase « allez-y », nous étudierons les besoins, les angles, les triangles. Nous exercerons notre travail habituel. Le tracé définitif sera établi par Caen-la-Mer. »     


Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - RED STAR FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Éleveurs de Prim'Holsteins, de Limousines et de Normandes étaient sur le marché de Lisieux, samedi 29 mars, pour annoncer la foire de ce week-end.
[EN IMAGES] Les vaches paradent sur le marché de Lisieux, dans le Calvados
Samedi 29 mars 2025, sur le marché de Lisieux, dans le Calvados, les éleveurs organisateurs de la Foire de Lisieux ont déambulé…
Une dérogation liée à l'abattage de haie obtenue partiellement dans l'Orne
La FDSEA de l'Orne a sollicité un report de la date d'interdiction de taille des haies du 16 mars au 16 avril 2025 en raison des…
Pascal Caron présentera certaines de ses bêtes lors de la vente aux enchères.
Vente aux enchères : la Normande cularde à l'honneur
Pascal Caron, en collaboration avec l'association Envies, organise une vente aux enchères de Normandes, suitées, gestantes... en…
Patrick Levrard, Philippe et Guillaume Lefoulon, Emmanuel Leboucq, Jocelyn Bertrand et Julian Meilink du collectif de "défense des éleveurs pour faire face à la gestion sanitaire de la tuberculose bovine sur nos territoires".
Tuberculose bovine : bientôt une nouvelle réunion sur l'abattage total
Le collectif de "défense des éleveurs pour faire face à la gestion sanitaire de la tuberculose bovine sur nos territoires"…
Suzanne Henry, une femme engagée
Suzanne Henry s'est éteinte le 1er avril 2025 à l'âge de 96 ans.
Publicité