Agriculteurs et chasseurs : un duo incontournable pour l’opération faisans
Les agriculteurs, acteurs incontournables dans la gestion du territoire, contribuent à préserver la flore et la faune sauvage. Ainsi, des opérations communes sont menées avec la Fédération Départementale des Chasseurs de la Manche (FDC50). L’opération « faisans » est le témoin de cette réussite. Explications avec Thierry Chasles, membre du réseau Agrifaune et Gérard Bamas, président de la FDC50.

>> En quoi consistent les opérations faisans organisées par la FDC de la Manche ?
Gérard Bamas : Ces opérations consistent à retrouver des populations naturelles de faisans à l’échelle départementale. Tout d’abord, on lâche des faisandeaux de 9-10 semaines de souches sauvages. Ensuite, la seconde étape est l’aménagement du territoire avec la mise en place d’agrainage, de culture à gibier, de bande de maïs et de CIPAN à base de sarrasin. Enfin, avec les responsables de chasse on signe une convention pour le tir des faisans à l’exception des poules faisanes.
>> Après 3 ans, un 1er bilan se dessine-t-il ?
Gérard Bamas : En 2014, seules
7 communes participaient, pour une surface de 5 500 ha et 1 600 faisans lâchés. L’an dernier, en 2016,
63 communes ont participé, représentant 50 000 ha et 13 000 faisans lâchés. En 2017, ce n’est pas moins de 98 communes qui participent à cette opération pour un total de
75 000 ha et 19 500 faisans lâchés, ce qui représente un budget supérieur à 150 000€. Actuellement, des couvées sont observées sur l’ensemble des secteurs de l’opération avec également des différences selon l’intensité de l’investissement des chasseurs (agrainage, piégeage, prélèvements, CIPAN).
>> Quelles sont les modalités pour participer à ces opérations de repeuplement ?
Gérard Bamas : Les agriculteurs ayant cédé leur droit de chasse et uniquement sur les communes de l’opération « faisans » bénéficient de semences à base de sarrasin implantées en culture intermédiaire (CIPAN). Ainsi, cette année, plus de 745 ha ont été semés, 135 exploitations sur
48 communes, contribuent ainsi à augmenter l’alimentation et le couvert en période hivernale. L’aide des agriculteurs est précieuse pour cette opération car l’aménagement du territoire est primordial pour réussir une opération de repeuplement.
>> Thierry Chasles, vous êtes agriculteur et membre du réseau Agrifaune, pourquoi le monde agricole a décidé de s’investir dans ce type d’opération ?
Thierry Chasles : Le monde de la chasse et l’agriculture entretiennent à travers Agrifaune, un lien réel et sérieux. Nous ne pouvons évoluer qu’ensemble. Réimplanter des souches d’oiseaux sauvages, c’est bénéfique, cela convient parfaitement pour le territoire et c’est agréable ! Avec cette opération, on ne parle pas simplement de biodiversité, on la développe.
>> Comment se passe la collaboration avec la Fédération des Chasseurs ?
Thierry Chasles : C’est une véritable réussite. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur le terrain, les sociétés de chasse et la chasse privée sont déjà en lien étroit avec la FDC car elles sont adhérentes au service complémentaire (garderie), ce qui facilite fortement la mise en place et la réalisation de cette opération.
>> Comment peut-on identifier les lieux où les opérations sont mises en place ?
Thierry Chasles : Sur chacune des 246 parcelles, un panneau « Ici, Interculture favorable à la faune sauvage » sera planté et vous aurez peut-être même la chance d’apercevoir des faisans. En agriculture, nous avons l’image de ne pas être très communiquant mais une telle opération doit être mise en avant surtout quand c’est une réussite.