Aller au contenu principal

Agriculture de conservation, évolution des systèmes

D’après la FAO, l'agriculture de conservation consiste en la mise en œuvre des trois principes suivants : travail minimal du sol ; associations et rotations culturales, couverture permanente du sol.

Cette année le groupe “agriculture de conservation” de la Manche est allé à la découverte des systèmes en semis direct sur couverture végétale chez Hubert Charpentier, dans l’Indre.
Cette année le groupe “agriculture de conservation” de la Manche est allé à la découverte des systèmes en semis direct sur couverture végétale chez Hubert Charpentier, dans l’Indre.
© CA 50

Leur application simultanée en un ensemble cohérent de pratiques a pour objectif la rentabilité de la production au travers de l’amélioration du fonctionnement du sol. D’autres bénéfices sont également visés par la mise en place de ces systèmes : économie en temps de travail et carburant ; limitation de transferts vers les eaux de nitrates, phytosanitaires et terre ; séquestration de carbone.Des systèmes s’inspirant de ce type d’agriculture sont pratiqués sur des millions d’hectares dans le monde entier, notamment en réponse à des problématiques d’érosion. En Europe leur développement est plus lent même s’il s’accélère face aux nouveaux enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Des agriculteurs moteurs

En France, les agriculteurs motivés par ces systèmes ne sont pas autant accompagnés que sur d’autres thématiques : on commence à avoir ponctuellement des références sur des points ciblés, mais ce mode de production reste moins étudié que d’autres. Ce qui rend compliqué le travail de recherche et développement c’est l’évaluation des coûts et bénéfices du changement de système et le temps de réponse du sol à ce changement. Ainsi, pour pouvoir progresser en la matière, les directs intéressés se mettent en réseau et partagent leurs expériences. Au niveau national, l’association BASE fédère 800 agriculteurs de plusieurs régions françaises et organise des journées techniques. Localement, les Chambres d’agriculture accompagnent des groupes d’agriculteurs qui veulent faire évoluer leur système et mettent en place des essais pour creuser des questions particulières.Pour répondre à la demande du terrain, la Chambre d’agriculture de la Manche a proposé en 2011 une formation sur les techniques culturales simplifiées et un premier groupe a été constitué, motivé par la préservation de la qualité du sol, l’optimisation de l’organisation du travail et de la consommation de fioul. Au fur et à mesure, le groupe s’est élargi et s’est orienté vers une approche plus large incluant le système fourrager et l’autonomie vis-à-vis de plusieurs facteurs extérieurs : intrants de synthèse, protéines, aides publiques. Le groupe a pu s’appuyer sur sa diversité d’expériences et de recul par rapport aux techniques sans labour, avec des jeunes et des moins jeunes, chacun apportant sa vision du système visé.

Aller voir ailleurs…

L’année 2014 du groupe a été marquée par l’exploration des systèmes sur couverture végétale permanente. Au mois d’avril, Hubert Charpentier est intervenu à Saint-Lô pour partager son expérience d’ancien chercheur au Cirad ainsi que d’agriculteur à Brives (Indre). En effet, depuis 14 ans il pratique le semis direct sur son exploitation et depuis 9 ans il a fait évoluer son système vers la couverture végétale permanente. Cette couverture était assurée d’abord par des cultures intermédiaires et, depuis trois ans, par un couvert permanent de luzerne dans lequel il a cultivé colza, blé dur, blé tendre et, à partir de cette année, pois d’hiver.En tant qu’agronome-chercheur, Hubert Charpentier a testé une large gamme d’espèces et variétés de couverts. De plus, il garde dans toutes ses parcelles une bande conduite selon les critères de l’agriculture raisonnée où le sol est travaillé. A la fin de chaque campagne les résultats technico-économiques le confortent dans son choix : des rendements comparables et un niveau de charges fortement diminué, notamment concernant azote et herbicides. En juin, le groupe s’est déplacé sur son exploitation pour apprécier visuellement ces résultats, poursuivre les échanges et rentrer chez soi avec des nouvelles idées. Entre-deux, Hubert Charpentier avait visité des parcelles d’un éleveur manchois, pour avoir un aperçu des questions spécifiques au contexte local.En effet, les systèmes de polyculture-élevage n’ont pas les mêmes contraintes que ceux de grande culture. Par conséquent, lors du déplacement, le groupe a également visité l’exploitation de Pascal Périn, éleveur laitier en Indre et Loire, en non labour depuis 10 ans. Dans son cas, la couverture du sol est assurée par des prairies, des couverts d’interculture et du colza associé. L’éleveur se pose tout de même des questions sur une couverture plus importante. Celle-ci pourrait être garantie par la conservation de trèfle blanc de prairie ou du couvert associé au colza pour ensuite y semer du méteil ou du blé.

…et ensuite capitaliser

De retour du voyage d’études, les agriculteurs manchois ont eu 3 mois pour faire décanter toutes ces informations et cogiter. Ensuite, une journée de capitalisation a été organisée à la Chambre pour remettre à plat tout ce qui avait été vu et planifier l’activité des mois à venir. Une synthèse vidéo des deux visites a servi de support pour faire une analyse critique qui est allée compléter les impressions collectées à chaud lors du voyage. Les agriculteurs ont été marqués par les performances du système d’Hubert Charpentier car finalement cela correspond à leurs objectifs : réduction de la dépendance des aléas climatiques, du prix des intrants et des produits agricoles, résilience aux changements des aides publiques et notamment leur orientation en matière d’azote et phytosanitaires. En même temps le groupe a partagé le “tâtonnement” de Pascal Périn, en mettant en avant le manque de recul sur maïs sur couverture permanente ainsi que la sécurité fourragère.Voilà pourquoi le groupe de la Manche a décidé de continuer sa démarche pas à pas en jonglant entre objectifs visés et contraintes imposées par le contexte. Lors de cette campagne 2014/15, chaque agriculteur mettra en place des solutions qui visent l’autonomie en sens large, tout en améliorant la qualité du sol : des méteils riches en protéines entre deux maïs, des plantes “compagnes” pour apporter un plus aux cultures, des maïs implantés dans un couvert de luzerne ou d’avoine et féverole…

Une boucle pérenne

Au printemps 2015 le groupe se réunira pour partager avancées et questionnements. D’ici là, agriculteurs et conseillers vont tester une nouvelle modalité d’échange : un outil web collaboratif permettant de collecter et partager des documents relatifs à l’agriculture de conservation, photos de parcelles, etc, en plus d’un forum pour interagir sur des questions précises. L’expérience de cette année sera répétée avec un nouveau voyage d’études dans un contexte plus proche à celui de la Manche, ainsi que par une nouvelle journée de capitalisation.Une démarche de progrès continue impliquant tous les participants et se nourrissant d’expériences internes et externes au groupe, représente un grand atout pour que chacun puisse avancer vers le système qui réponde à ses objectifs. Et au fur et à mesure que la boucle tourne, le réseau de compétences et les références constituées pourront permettre d’accompagner de plus en plus d’agriculteurs.


Avec la participation financière du Conseil général 50 et le CasDar

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Richard Leroy, patron du Garage d'Eugène avec une partie de l'équipe, qui compte au total 16 personnes, à Saint-Lô.
Au Garage d'Eugène, le tracteur fait son festival
Après 11 années de quête, de recherches, de rencontres, Richard Leroy et sa compagne, Marie-Charlotte, ont ouvert un lieu…
Gabriel Siroux, 13 ans, a remporté la première place du prix jeunes meneurs Blondes d'Aquitaine. Il est aux côtés du préfet de l'Orne, venu saluer les jeunes.
[En images] Salon Tous paysans : 10 000 personnes en visite
Le Salon Tous paysans organisé samedi 26 et dimanche 27 octobre 2024 à Alençon a réuni environ 10 000 personnes sur deux jours.…
  
Un abattement à hauteur de 6,5 millions d'euros
Sur les comptes des propriétaires, un versement devrait apparaitre dans les prochaines semaines. Il correspond à un dégrèvement d…
" Je suis né dans une exploitation. J'ai toujours été bercé dans l'ambiance agricole avec ses difficultés et ses espoirs. Je fais souvent valoir autour de la table du conseil municipal que ce métier est un beau métier et qu'il faut le soutenir", rappelait François Carbonell dans ces mêmes colonnes en février 2020.
François Carbonell, un ambassadeur de la ruralité nous a quittés trop tôt
Maire de Vitrai-sous-L'Aigle (61) et rédacteur en chef de l'Eure Agricole de 1989 à 2020, François Carbonell nous a quittés le 4…
Céline Pacary, directrice de l'Association de gestion des ODG laitiers normands, a accueilli les visiteurs sur le stand des fromages AOP de Normandie lors du Fêno, au parc des expositions de Caen.
Le livarot se fait tirer le portrait dans un livre de recettes
À l'occasion du Festival de l'excellence normande (Fêno), du 18 au 20 octobre 2024, l'Association de gestion des ODG…
Sur les 70 jeunes présents au concours de pointage, treize sont sélectionnés pour la finale départementale.
MFR : treize pointeurs en finale départementale
Chaque année, la Fédération de la MFR organise le concours du jugement de bétail en vue de sélectionner des jeunes pour la finale…
Publicité