Xavier Trincot, Président de la filière “Porcs” d’AGRIAL
Amertume et regrets face au détricotage d’Union Capig mais aussi des espoirs
C’est désormais une certitude. Union Capig, créée il y a deux ans et qui réunit les filières “Porcs” d’Agrial et de la CAM (Coopérative Agrial de la Mayenne) et qui devait accueillir celle d’Union Set avant la fusion programmée en juin prochain d’Union Set et d’Agrial), a volé en éclats. Elle se contente aujourd’hui d’expédier les affaires courantes avant de disparaître définitivement le 31 mars prochain. Quant au GIE Capig (Agrial/Coopagri) qui n’a aucun pouvoir décisionnel, il perdure. Les éclaircissements de Xavier Trincot, président de la filière “Porcs” d’Agrial.

Votre sentiment face à cette fin annoncée d’Union Capig ?
De l’amertume, des regrets mais aussi de l’espoir. Amertume parce que nous avons perdu beaucoup de temps dans cette affaire. Union Capig a été créée il y a deux ans. Il s’agissait d’une mise en commun de moyens logistiques, sauf l’aliment et les produits vétérinaires, des filières “Porcs” d’Agrial et de la CAM. Le pouvoir y était partagé à 50/50 entre les deux coopératives. Une réflexion a ensuite été menée au sujet de l’intégration en son sein de la filière “Porcs” d’Union Set. Dans cette perspective, un rééquilibrage des pouvoirs de décisions qui tienne compte du niveau de production de chacune des entités nous paraissait indispensable.
Quel était justement le poids de chacun ?
La CAM représente 170 000 porcs charcutiers commercialisés par an, Agrial : 430 000 et Union Set : 530 000. Une répartition des pouvoirs (respectivement 40/30/30) nous semblait ainsi logique. Sur cette base, en juillet dernier, Union Set et Agrial ont donné leur accord à un protocole de rapprochement. Mais en septembre, lors d’un conseil
de surveillance, la CAM s’est exprimée contre cette nouvelle répartition du pouvoir. Toute discussion devenait alors inutile et c’est ainsi que, d’un commun accord, nous avons décidé de mettre un terme à Union Capig.
Mais quand on connaît les liens tissés entre la CAM et Coopagri en céréales, en appro, au niveau des magasins (...), on n’est pas vraiment étonné de cette stratégie?
Je n’ai pas d’avis à émettre sur telle ou telle stratégie de coopérative. Que la CAM et Coopagri aient décidé de travailler ensemble sur le porc ne me gêne pas en soi. Mais ce que je tiens à souligner, c’est que nous avons été menés en bateau. La décision de la CAM était prise depuis longtemps. Alors oui, nous avons perdu du temps. Nous aurions pu faire l’économie de discussions inutiles.
Vous émettez également des regrets. Pourquoi ?
Des regrets parce qu’il y avait quelque chose de vraiment structurant à construire. Union Capig à trois aurait pesé plus d’un million de porcs charcutiers par an avec 85 % de débouchés via la SOCOPA à Evron en Mayenne. Nous aurions été plus efficaces avec en filigrane des économies d’échelles profitables à nos structures et à nos éleveurs. Cette union à trois avait tout son sens et était tout à fait compatible avec la fusion en 2009 d’Agrial et d’Union Set.
Vous gardez espoir cependant ?
Nous allons peser 930 000 à 950 000 porcs charcutiers. C’est déjà un beau challenge. Mais je suis persuadé,qu’après avoir digéré cette étape et face à des structures d’abattage qui grossissent, d’autres chantiers nous attendent.
2008 a été une année encore difficile pour les producteurs. La sortie du tunnel, c’est pour 2009 ?
Nous savons déjà que nous subirons beaucoup moins l’envolée du prix des aliments au cours du premier semestre 2009. C’est déjà une bonne nouvelle. Second élément: le cheptel truie au niveau européen a baissé et va encore baisser. Il y aura donc moins de porcs charcutiers sur le marché. On peut s’attendre à un effet bénéfique sur les cours. Reste l’inconnue des effets de la crise sur la consommation. Va-t-on assister à une moindre consommation de viande de porc ou au contraire à une augmentation puisque le porc reste une viande à bon marché ?