Appel aux dons de bois pour que les jeunes se chauffent et mangent à Ouistreham
Jacques-Antoine Motte, agriculteur de Cambremer (14) à la retraite, vient en aide aux migrants à Ouistreham. Il lance un appel aux dons de bois, dont les jeunes, âgés de 14 à 25 ans, ont besoin pour survivre. Agriculteurs, à votre bon cœur.
Jacques-Antoine Motte, agriculteur de Cambremer (14) à la retraite, vient en aide aux migrants à Ouistreham. Il lance un appel aux dons de bois, dont les jeunes, âgés de 14 à 25 ans, ont besoin pour survivre. Agriculteurs, à votre bon cœur.
Depuis le mois de mai, depuis le premier déconfinement, en remontant le chemin de halage, le long de l’Orne au départ de Ouistreham, après quelques dizaines de mètres, des tentes se dessinent dans le sous-bois. Le campement est un peu caché, à l’abri du regard des promeneurs. Des bâches tendues abritent des chaises disparates, glanées par les associations, disposées autour du feu de bois. Entre les tentes, de la paille tapisse le sol et éponge la boue. Ici survivent près 100 jeunes hommes soudanais. Ce jeudi matin de fin janvier, le café chauffe. Les jeunes – entre 14 et 25 ans - discutent autour de l’âtre. Il ne fait pas si froid. « La semaine dernière, il y a eu de la neige », lâche Françoise Torchy, du collectif Citoyen en lutte Ouistreham, rattaché à Uotopia 56. Depuis trois ans, elle vient en aide régulièrement aux migrants. « La majorité d’entre eux vient du Darfour. Ils veulent passer en Angleterre. »
Les chèvres mieux traitées
« Jusqu’au 11 mai, les jeunes étaient confinés à Tailleville. Les associations étaient à l’arrêt. À la sortie du confinement, on a agi dans l’urgence en créant le collectif. » Le groupe est composé de dix personnes qui se relaient pour apporter de l’aide alimentaire le mardi, le vendredi et le dimanche. « On leur distribue des denrées pour qu’ils préparent ce dont ils ont envie et gardent leur autonomie. Ils sont d’excellents cuisiniers. » Le collectif se répartit la semaine avec d’autres structures. Dont une de Cambremer, au sein de laquelle œuvre Jacques-Antoine Motte, agriculteur à la retraite : « j’étais éleveur de chèvres et je produisais mon fromage. Depuis que je suis retraité, j’ai du temps pour moi. Alors j’en donne aussi pour eux. Mes chèvres étaient mieux traitées que les jeunes ici ». Les bénévoles viennent en soutien aux exilés sur le plan matériel, administratif, juridique et médical.
Objectif Angleterre
La semaine dernière, Jacques-Antoine Motte a contacté L’Agriculteur normand pour lancer un appel aux dons de bois. « Les points de feux tournent jour et nuit. Les jeunes en ont besoin pour se réchauffer, pour se faire à manger. Et c’est convivial, mais ils manquent de bois. Alors, je me suis dit que si des agriculteurs pouvaient en donner un peu… » Les bénévoles lancent aussi un appel aux dons de bidons avec bouchons : « nous apportons entre 200 à 300 l d’eau par jour pour qu’ils se lavent et qu’ils cuisinent ». Hadjira Loubar habite à Caen. Elle vient en aide aux migrants depuis trois ans, avec les Restos du cœur. « J’assure la traduction en arabe, je fais de la couture. On leur trouve des matelas. Et je les engueule quand c’est sale. Ils me connaissent bien », s’amuse-t-elle sous son masque. Le Département et l’État mettent à disposition des lieux de mise à l’abri où les jeunes peuvent se doucher, dormir au chaud. « Mais ils n’y restent pas. Ce qu’ils veulent, c’est aller en Angleterre. La dernière semaine de décembre, neuf d’entre eux sont passés. Depuis le 1er janvier, c’est plus compliqué. »