ARIP : « il faut communiquer sur notre métier »
L’Arip Normandie tiendra son assemblée générale le 5 juin où les différents maillons de la chaine se retrouveront autour du nouveau président, Jean-François Osmond. Il a succédé en août dernier à Xavier Trincot, resté à la tête de l’Arip pendant dix ans.

lll Jean-François Osmond, installé depuis 2012 à Giéville (centre Manche), en production laitière et porcine, a été élu à la tête de l’ARIP (association régionale interprofessionnelle porcine) de Normandie. Ce jeune trentenaire livre sa vision de la filière.
>> Comment se porte la filière porcine en Normandie ?
Avec un prix moyen de 1,18 €/kg, 2018 a été une année très mauvaise. C’est une perte de 20 centimes par rapport à 2017. Tout au long de l’année 2018, le prix a stagné. Et on a vu une hausse de nos charges en fin d’année. C’est l’effet ciseau mais dans le mauvais sens. Le résultat se creuse. Les marges sont négatives. Pour ce début d’année, nous atteignons 1,47 €/kg mais cela reste à relativiser.
>> Comment expliquez-vous cette remontée des cours ?
La fièvre porcine africaine (FPA) frappe les pays asiatiques comme la Chine, le Vietnam, ou encore les pays de l’Europe de l’est. Comme il y a quelques cochons dans les cours, la FPA a décimé les campagnes. Depuis un an, la Chine achète du porc sur le marché européen dont la France. Ceci explique la remontée des cours. C’est une bouffée d’oxygène. Pour autant, il faut rester vigilant parce que cette FPA est aux portes de la France. La profession regarde de près l’évolution. D’ailleurs Inaporc et l’État français ont financé une partie des clôtures enterrées de manière à ce que le sanglier, qui est vecteur de la maladie, ne puisse franchir les frontières. Ce sont 500 000 € qui ont été apportés par l’interprofession. L’objectif étant de ne pas perdre l’agrément export en France.
>> Pourquoi avoir choisi le thème de la communication pour cette assemblée générale ?
Nous avons besoin de communiquer sur le métier de producteur. Nous ne montrons pas assez nos élevages en raison des règles sanitaires, et des mesures de bio-sécurité. Et en même temps nous faisons face à des associations qui s’introduisent dans nos élevages pour tenter de faire des images-chocs. Ils tentent aujourd’hui de s’attaquer aux différentes marques, aux filières…
Mais nous n’avons rien à cacher. Nos élevages sont propres et visitable. C’est un point important que la profession a pris en compte. Dans le cadre des contrats qui nous lient avec les industriels, avoir des exploitations accessibles au grand public est un point essentiel au même titre que la production sans OGM sans antibiotiques etc.
Il faut que nous communiquions de manière positive sur notre métier. Qui est mieux que nous pour en parler !
>> Le 5 juin, vous accueillez Antoine Thibault, youtubeur, qui a créé une chaîne. Pour quelle raison ?
C’est un éleveur laitier installé dans l’Eure. Il a créé sa chaîne YouTube pour faire des vidéos sur des sujets du quotidien. Se mettre aux nouvelles technologies n’est pas une question d’âge. Il ne suffit pas d’avoir 20 ans pour s’emparer des réseaux sociaux. Nous pouvons le faire à n’importe quel moment. Nous n’avons pas honte de montrer nos productions.
>> Vous avez évoqué la bio sécurité qu’en est-il pour 2019 ?
En fait, nous devons définir trois zones : celle qui est spécifique à la production, à l’élevage mais aussi au public. Nous serons amenés à réaliser un sas d’entrée ou encore des petits travaux comme des clôtures pour éviter que les sangliers approchent nos exploitations. Ce sera bien souvent de l’auto-construction par l’éleveur. Mais ces travaux engendrent un coût et surtout une formation que les éleveurs doivent faire avant le 1er janvier 2020.
>> Vous avez rencontré les conseils départementaux. Que vous disent-ils ?
Au titre de l’Arip, nous avons rencontré l’ensemble des départements normands. Il s’agissait pour nous de leur montrer l’importance de rentrer ses menus travaux dans le cahier des charges de leur politique en faveur des petits investissements inférieurs à 10 000 €. Nous avons été bien reçus. Les clôtures comme les sas d’entrée en kit pourraient rentrer dans ses menus travaux.
>> Les AIM (abattoir industriel de la Manche) ont fermé. Quelles conséquences pour les producteurs ?
Aucun des producteurs y a laissé des plumes. Mais on peut se désoler qu’il n’y ait plus d’abattoir spécialisé dans le porc en Normandie. Ce qui pour nous met à mal notre envie de construire un label porc normand, né, élevé et abattu en Normandie. Par conséquent, il est pour le moment en stand-by.
>> Les exploitations porcines ont-elles besoin d’être modernisées ?
Les bâtiments ont été mis aux normes et en même temps modernisés. Aujourd’hui on peut dire que les exploitations sont vieillissantes mais en fonctionnement. Pour autant, on sait que nous avons une filière qui a besoin de réinvestir. Mais sur les 10 dernières années, nous avons rencontré que deux ou trois bonnes années et les banquiers sont assez frileux. Mais c’est un point essentiel pour que demain nos exploitations soient transmissibles. Il faut bien avoir à l’idée qu’en Normandie 58 % des éleveurs de porcs ont plus de 50 ans. Nous avons besoin d’attirer des jeunes.