Au GAEC de La Vantignière (50) : 55 laitières sur 150 en location
La location de vaches laitières n’est certainement pas la réponse à la grave crise qui secoue la stabulation régionale. Ce dispositif apporte cependant de la souplesse en termes de gestion de trésorerie et de droit à produire.
« On a démarré avec 20. Aujourd’hui, nous en sommes à 55 ». Au GAEC de La Vantignière, à Marchesieux (Manche), la location de vaches s’est profilée en 2003. Le quota laitier à l’époque était de 650 000 litres. Au gré de différentes reprises, il a grimpé à 1 250 000 litres. La société Gestel, régisseur de troupeaux, a accompagné cette montée en puissance. « Ce système de location est plus souple en trésorerie », expliquent les 3 associés Samuel Hébert, Benoît Lemelletier et Martial Dauvers, fraichement installé.
Mais plus de vaches, cela signifie aussi plus de places (140 logettes sur caillebotis aujourd’hui) et une salle de traite redimensionnée (roto de 24 places). Le tout accompagné de mises aux normes avec leurs coûts induits sans parler de rachats de foncier. Difficile de tout financer en même temps. Et puis, « les semences sexées n’existaient pas à l’époque, les génisses de renouvellement n’y suffisaient pas », précise Samuel Hébert.
De la réactivité
Et pour résoudre l’équation, il a fallu être réactif d’autant plus que la GAEC a toujours eu pour politique de produire tout son quota. Parti de zéro, le partenariat a été effectif au bout de 3 mois. « Pour un client avec qui on travaille depuis plusieurs années, on peut apporter une solution en moins de 3 semaines, précise même Benoît Bébin, technicien Gestel. Nous ne proposons pas de vaches en lait parce que nous considérons qu’il s’agit bien souvent de vaches de réformes. Nous avons donc fait le choix de génisses garanties pleines d’insémination artificielle et à très bon potentiel de production qui, au vu de leur âge, vont très bien s’adapter aux conditions d’élevages de leur loueur ». Samuel, Benoît et Martial confirment. Pas de casse ni de déception en 13 ans de partenariat. Le niveau d’étable tutoie aujourd’hui les 10 000 kg.
S’en servir comme d’un compte
« Louer ses vaches ne change rien au niveau du fonctionnement de l’exploitation. On s’en sert comme d’un compte », analysent les associés du GAEC de la Vantignière.
Un compte avec ses frais de fonctionnement. 46 €/génisse en contrat/an soit à Marchesieux 46 x 55 = 2 530 € par an. Il faut y ajouter la rémunération du capital basée sur un autre principe. A partir de la 3éme année, l’élevage doit redonner à la société un nombre de génisses pleines correspondant à la proportion d’une génisse par 10 vaches en contrat ou la contre-valeur.
A la remarque : «10 % de taux de rémunération du capital, un excellent placement ! » Thierry Gardon (Pd.g de Gestel) pondère. « C’est 10 % en tête de bétail pour l’investisseur avant les coûts de gestion et les aléas. En terme de coût réel pour l’éleveur, il est bien inférieur et il conviendrait d’ailleurs de considérer le coût marginal qui est encore plus bas ».
Et demain ? Les associés du GAEC de La Vantignière pensent diminuer leur nombre de génisses sous contrat. Quoique ? Le prix du lait et la restructuration laitière ne laissent guère de place à une très grande lisibilité, mieux vaut un brin de souplesse.