Aller au contenu principal

Betteraves : faute de prix, les planteurs quittent la salle

En pleine réunion, les planteurs se sont levés et ont laissé une salle clairsemée. Le message envoyé à Saint-Louis Sucre est clair, à la fois signal d’alarme et d’indignation.

© CB


llll Saint-Louis Sucre a organisé le 13 juin dernier une réunion d’information pour les planteurs à Grand-Quevilly (76). Cent-cinquante agriculteurs livrant les sucreries de Cagny (14) et d’Etrepagny (27) avaient fait le déplacement. Au cours de la réunion, ces derniers ont massivement quitté la salle. Un geste fort qui exprime le malaise de producteurs exaspérés par la décision du leader européen du sucre de ne pas accorder de complément de prix en juin, comme cela avait été annoncé au printemps. Le prix de la récolte 2017 n’est toujours pas connu.

Réponse début juillet
Les producteurs espèrent qu’un dernier versement permettra d’atteindre les 25 euros la tonne, prix « acceptable » à leurs yeux. En deçà, il sera inférieur aux coûts de production. La direction de Saint-Louis Sucre s’est refusée à toute annonce. La réponse est repoussée à début juillet.
Pour le groupe allemand, l’enjeu porte sur 18 millions d’euros et rien n’indique que le prix de 25 euros sera atteint. Sur l’exercice 2017-18, le chiffre d’affaires du segment sucre du groupe s’élève à plus de 3 milliards d’euros, pour un résultat opérationnel à 139 millions d’euros.
Pour l’exercice en cours, vu la situation inédite des cours du sucre et du marché, le groupe table sur un résultat opérationnel entre -100 et -200 millions d’euros.
Les propos des dirigeants de Saint-Louis Sucre assurant très bien connaître les difficultés des exploitations n’ont rien changé. Les producteurs étaient exaspérés et ont multiplié les prises de paroles : « Si on croit à la betterave, on rémunère correctement ses producteurs, » a lancé l’un d’eux, en réaction au slogan affiché. « Vous êtes leader dans le prix d’achat des betteraves payées le moins cher possible, » a répliqué un autre.
Les producteurs ont rappelé que l’augmentation des surfaces répondait à une demande de l’industriel, lui permettant de diminuer ses coûts de production, sans que ces économies leur profitent. « Cela nous permet de mieux résister à la crise », plaidait la direction de Saint-Louis Sucre.

La confiance n’y est plus
La relation de confiance entre industriels et planteurs est mise à mal. « Nous vous avons fait confiance et nous attendons toujours un complément de prix », a déploré Stéphane Prévost, agriculteur à Ferrières-Haut-Clocher (27). « La confiance se perd au fil des jours. La confiance n’y est plus ». La situation pourrait modifier notablement les emblavements de betterave pour 2019 : c’est aujourd’hui que les agriculteurs définissent leurs assolements et les cours des céréales sont à la hausse. « Il ne faudra pas pleurer si vous n’avez pas vos surfaces de betteraves l’an prochain », a prévenu Jocelyn Tauvel, agriculteur à Boisney (27).

Südzucker tire son épingle du jeu mais est pessimiste pour 2018-2019
Dans un contexte sucrier difficile, l’allemand Sü̈dzucker, premier producteur mondial de sucre, a plutôt bien tiré son épingle du jeu au cours de son dernier exercice. Pour 2017-2018 (exercice clos le 31 mars), il a publié mi-mai, une hausse de 4,2 % de son résultat opérationnel à 445 M€, pour un chiffre d’affaires consolidé de 6,983 Mrd € (+7,8 %). Le groupe qui est également présent dans le bioéthanol, via sa filiale cotée CropEnergies, les préparations et jus de fruits et les pizzas surgelées, a produit sur l’exercice écoulé 5,9 Mt de sucre (contre 4,7 Mt en 2016-2017), dont 5,7 Mt de sucre de betterave et 0,2 Mt de sucre raffiné de canne à sucre. Südzucker est beaucoup moins optimiste pour l’exercice 2018-2019 en cours, dans « un environnement de marché incertain et en profonde mutation », rappelle-t-il. Le groupe a un objectif de chiffre d’affaires consolidé compris entre 6,8 et 7,1 Mrd € et prévoit une baisse de son résultat d’exploitation consolidé autour de 100 à 200 M€. Une contre-performance principalement liée à l’activité sucre, « la forte baisse des prix du sucre à un niveau historiquement bas ne pouvant en aucun cas être compensée par des coûts de production plus bas et des volumes de ventes plus élevés », explique le groupe. De fait, le segment sucre de Südzucker devrait sur cet exercice, afficher une perte d’exploitation comprise entre -100
et -200 M€ (contre un résultat positif de 139 M€ en 2017-2018).

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Richard Leroy, patron du Garage d'Eugène avec une partie de l'équipe, qui compte au total 16 personnes, à Saint-Lô.
Au Garage d'Eugène, le tracteur fait son festival
Après 11 années de quête, de recherches, de rencontres, Richard Leroy et sa compagne, Marie-Charlotte, ont ouvert un lieu…
Gabriel Siroux, 13 ans, a remporté la première place du prix jeunes meneurs Blondes d'Aquitaine. Il est aux côtés du préfet de l'Orne, venu saluer les jeunes.
[En images] Salon Tous paysans : 10 000 personnes en visite
Le Salon Tous paysans organisé samedi 26 et dimanche 27 octobre 2024 à Alençon a réuni environ 10 000 personnes sur deux jours.…
  
Un abattement à hauteur de 6,5 millions d'euros
Sur les comptes des propriétaires, un versement devrait apparaitre dans les prochaines semaines. Il correspond à un dégrèvement d…
" Je suis né dans une exploitation. J'ai toujours été bercé dans l'ambiance agricole avec ses difficultés et ses espoirs. Je fais souvent valoir autour de la table du conseil municipal que ce métier est un beau métier et qu'il faut le soutenir", rappelait François Carbonell dans ces mêmes colonnes en février 2020.
François Carbonell, un ambassadeur de la ruralité nous a quittés trop tôt
Maire de Vitrai-sous-L'Aigle (61) et rédacteur en chef de l'Eure Agricole de 1989 à 2020, François Carbonell nous a quittés le 4…
Céline Pacary, directrice de l'Association de gestion des ODG laitiers normands, a accueilli les visiteurs sur le stand des fromages AOP de Normandie lors du Fêno, au parc des expositions de Caen.
Le livarot se fait tirer le portrait dans un livre de recettes
À l'occasion du Festival de l'excellence normande (Fêno), du 18 au 20 octobre 2024, l'Association de gestion des ODG…
Sur les 70 jeunes présents au concours de pointage, treize sont sélectionnés pour la finale départementale.
MFR : treize pointeurs en finale départementale
Chaque année, la Fédération de la MFR organise le concours du jugement de bétail en vue de sélectionner des jeunes pour la finale…
Publicité