Bien-être animal et antibio-résistance : la Charte des bonnes pratiques sensibilise et forme
Bien-être animal et utilisation des antibiotiques sont deux points importants dans la Charte des Bonnes Pratiques.
Dans un contexte de demande sociétale forte, les techniciens bas-normands réalisant les chartes en Elevage ont été formés sur le bien-être animal, notamment sur l’accompagnement vers des bonnes pratiques d’écornage des veaux, et sur l’utilisation des médicaments, notamment celle des antibiotiques. Objectif : relayer ces bonnes pratiques et sensibiliser les éleveurs lors des visites en exploitation sur ces attentes sociétales désormais incontournables.
L’écornage : une opération qui a du sens
S’il est besoin de le rappeler, les animaux écornés sont largement plus faciles à manipuler en élevage ou durant leur transport et en abattoir. Ils présentent moins de risques de blessures pour l’éleveur et pour les animaux entre-deux. Ecorner permet ainsi de diminuer les risques sanitaires et les causes de dépréciation des viandes et des cuirs.
La pratique de l’écornage évolue dans les élevages depuis ces dernières années, majoritairement vers une intervention plus précoce sur les veaux. Il reste cependant dans les têtes des éleveurs, comme celles des techniciens, que cette pratique doit se faire autour de 2 mois (notamment par rapport aux contraintes réglementaires). Or, de récentes études ont montré que cette opération est largement moins invasive et donc douloureuse lorsqu’elle est pratiquée entre 15 jours et 1 mois.
Privilégier l’ébourgeonnage à l’écornage…
A la naissance, les veaux présentent un bourgeon cornual appelé cornillon, très différent de la corne du veau âgé de quelques semaines ou adulte. Ce bourgeon est flottant dans la peau et surtout, pas encore rattaché à l’os du crâne.
Au fil des jours, ce bourgeon se soude à l’os du crâne de manière plus ou moins rapide selon le sexe ou la race de l’animal mais généralement avant 2 mois. Une fois soudé, il y a une communication entre la corne et le sinus frontal (voir schéma).
… c’est intervenir plus facilement et sans conséquences sanitaires
Si l’écornage est réalisé sur les veaux de moins de 2 mois, et particulièrement entre 15 jours et 1 mois, y compris en race Normande, le cornillon peut être détruit facilement, par cautérisation (chimique : pâte caustique, ou thermique : brûle-corne) et sans conséquence sanitaire : on parle alors d’ébourgeonnage. Sur des veaux plus âgés, le bourgeon est alors vascularisé et le système nerveux développé. L’intervention est plus difficile, donc plus douloureuse et la prise en charge de la douleur est fortement recommandée.
L’écornage n’est pas en général un chantier agréable pour l’éleveur (organisation pratique, prise en charge de la douleur,…) et peut être de ce fait relégué dans les priorités. Vos pratiques sont pourtant importantes, d’abord pour vous, pour vos animaux et désormais vis-à-vis de la société.
Par ailleurs, n’hésitez donc pas à contacter votre technicien Charte des bonnes pratiques pour évaluer vos façons de faire et vous aider à les améliorer si nécessaire !
Antibiotique : « J’ai le déclic ! »
Autre fort enjeu de santé animale mais aussi de santé publique : l’utilisation d’antibiotiques et notamment ceux dits « critiques » qui présentent un intérêt majeur en médecine humaine.
En élevage, les antibiotiques doivent être prescrits par un vétérinaire, après consultation systématique ou dans le cadre d’un protocole de soin rédigé à l’occasion des bilans sanitaires d’élevage. Pour autant, de mauvais usages de ces antibiotiques sont constatés. Il est donc important de respecter les bonnes pratiques d’utilisation d’antibiotique dans les élevages pour conserver les armes thérapeutiques en santé humaine.
Eradiquer certaines pratiques
Depuis 2012, le CNIEL a mis en place le dispositif OPAIA (Outil Post-Accident Inhibiteurs/Antibiotiques), comme outils d’investigation post-accident inhibiteurs/antibiotiques.
Le bilan des enquêtes réalisées sur l’année 2014 indique que les accidents sont majoritairement liés à des erreurs d’inattention ou de mauvaises transmissions de consignes entre trayeurs voire même liés à des évènements intervenus sur l’exploitation comme une visite extérieure, une livraison ayant perturbé le cours de la traite (voir graphique).
Concernant les problèmes de pratique de traite, l’observation des enquêtes révèle majoritairement des erreurs de branchement d’animaux sous traitement par inadvertance, par absence de transmission ou transmission de mauvaises consignes relatives à un animal sous traitement. Autour des pratiques de traite, de mauvais lavages, rinçages ou mauvaise désinfection du matériel de traite sont souvent cause d’accidents. De même, des capacités insuffisantes de bidons de dérivation, voire leur mauvais rinçage peuvent suffire à contaminer un tank.
Autres erreurs pouvant facilement être évitées sont celles liées aux problèmes d’identification ou de marquage visuel d’animal sous traitement. Par ailleurs, avec le pilotage par des logiciels de la machine à traite, une attention toute particulière est à avoir sur une mise à jour de ce logiciel en amont du traitement.
Près d’un tiers des accidents sont aussi liés au non-respect de la prescription sur le délai d’attente et d’erreur de date de remise du lait dans le tank, lors de tarissement court, lors de vêlage avant terme, en cas d’association de médicaments, de non-respect de la phase colostrale,…
Par ailleurs, certaines pratiques favorisant le développement d’antibio-résistance, subsistent dans certaines exploitations. L’une, concerne l’utilisation de « lait antibiotique » pour les veaux. De nombreuses études indiquent que cette pratique, outre le fait de modifier la flore intestinale des veaux les rendant plus fragiles, engendre une forte antibio-résistance de la part des bactéries contenues dans leur rumen.
Une autre pratique à proscrire est de ne pas écarter le lait des 4 quartiers lorsqu’un traitement antibiotique a été réalisé sur un trayon. En effet, même si les 4 quartiers sont totalement indépendants les uns des autres, les antibiotiques peuvent passer dans les autres quartiers via la voie sanguine. Une destruction de ce lait est donc à conseiller.
Plan Ecoantibio 2017 : premier bilan de la DGAL
L’ALEA (Animal Level of Exposure Antimicrobials : indicateur qui représente le mieux l’exposition des animaux aux antibiotiques) a augmenté entre 1999 et 2007 en France mais est en diminution depuis : moins -7,3 % entre 2012 et 2013.
L’exposition des animaux aux antibiotiques critiques (Céphalosporines de 3e et 4e générations et fluoroquinolones), après s’être stabilisée, diminue ces dernières années.
L’objectif du plan Ecoantibio 2017 est d’atteindre une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques d’ici fin 2017. Fin 2015, une réduction de 10 % était déjà effective.
Les bons résultats sont le fruit d’un effort commun des éleveurs et des intervenants en élevage pour réduire l’utilisation des antibiotiques.
La maîtrise des traitements antibiotiques en élevage est un véritable enjeu de filière en termes de santé, de compétitivité, technologique et surtout d’image auprès d’un consommateur très sensible. Il est donc plus que nécessaire que les acteurs de l’élevage conjuguent leurs compétences, leur vigilance et leurs moyens pour assurer la santé animale et garantir la qualité.
Il est donc fondamental de respecter les bonnes pratiques permettant d’éviter que le lait (ou la viande) d’un animal sous traitement aux antibiotiques ou sous délai d’attente ne soit livré accidentellement.
N’hésitez pas, là encore, de solliciter votre technicien pour reprendre avec lui les différents points de la Charte des bonnes pratiques en élevage et analyser vos pratiques.