Bio
Bio Cohérence est encore plus bio
Pour maintenir leur cahier des charges, les agriculteurs bio créent leur marque. Bio Cohérence va plus loin que le nouveau label européen. En Basse-Normandie, la démarche a été lancée mercredi 27 octobre. Deux premiers agriculteurs de la région ont signé le formulaire d’adhésion.


Les agriculteurs normands peuvent désormais s’engager dans la démarche Bio Cohérence. La marque est officiellement lancée. Le cahier des charges s’annonce plus strict que le règlement de l’Union Européenne. La certification officielle restera cependant un pré requis avant d’intégrer Bio Cohérence. Il y a donc bio et bio.
Une harmonisation à minima
Avec l’harmonisation européenne, les règles de l’agriculture biologique à la française disparaissent. Le logo AB cédera peu à peu la place à un label commun aux pays de l’UE. “Actuellement, le consommateur se fait un peu avoir”, dixit Jean-Pierre Picquenot, animateur du Grab. “Il ne sait pas que le produit estampillé AB n’est plus aussi pointu qu’avant”. Bruxelles a harmonisé le cahier des charges par le bas. Le label bio AB, et donc sa déclinaison européenne, fixent le seuil d'étiquetage à 0,9 % d’OGM dans les produits, ou des surfaces plus importantes de maïs. “Limiter les surfaces de maïs à 60 % s’inscrit dans la logique bio cohérente. On respecte ainsi la rotation des cultures. L’Europe autorise également des fermes à être bio sur une partie de leur surface. Nous ne concevons pas cette idée. Maintenons notre lien au sol. Se contenter du bio européen signifierait régresser”, explique Alain Delangle, producteur de lait à Saint-Fraimbault (61) et secrétaire national de la FNAB. Ce dernier s’est donc engagé la semaine dernière dans la démarche Bio Cohérence.
Une marque privée
Objectif : préserver une agriculture bio d’excellence. “Il s’agit d’une marque privée créée par la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique. Elle s’est constituée autour des producteurs, des consommateurs et des distributeurs spécialisés. A ce titre, l’Allemagne est en avance. Elle dispose de marques privées plus strictes que le label national”, insiste l’éleveur. Des propos complétés par Loïc Ducloué, producteur de lait et de viande bovine à Carentan et président du Grab : “il me semble inconcevable de ne pas valoriser nos pratiques. Nous ne pouvions pas nous contenter de la certification européenne”.
“Se préserver des importations”
Contrairement au logo AB, les producteurs gardent la mainmise sur le cahier des charges. “Il peut évoluer. Nous avons la volonté d’avancer, d’accompagner la bio et ses techniques par l’intermédiaire de diagnostics énergétiques ou environnementaux. Notre démarche ne se résume pas à une marque”, précise Alain Delangle. Reste à convaincre toute la filière. Même si le lait d’Alain Delangle et de Loïc Ducloué respectera des contraintes plus strictes, il sera valorisé comme un lait bio classique. La faute à des transformateurs qui se cantonnent au cadre européen. Pourtant, les deux premiers signataires y croient. Ils misent sur le long terme. “Première nécessité, les producteurs doivent adhérer. C’est la priorité des priorités. Ensuite, les consommateurs feront la différence. Ils veulent être sûrs de ce qu’ils consomment. Si la demande se développe pour Bio Cohérence, les industriels s’y intéresseront”, estime Loïc Ducloué. Les producteurs misent aussi sur les distributeurs spécialisés. Bio Cohérence doit leur permettre de se différencier. “Je suis très optimiste. Ces distributeurs ont d’ailleurs participé à l’élaboration du cahier des charges”, rappelle Alain Delangle. Et de poursuivre : “c’est pour nous une manière de nous préserver des importations. Le bio ne doit pas se développer avec des produits étrangers”.
Quelques règles supplémentaires
de Bio Cohérence
Mixité :
Toute l’exploitation doit être conduite en agriculture biologique et/ou en conversion
Autodiagnostic :
Réalisation d'un autodiagnostic de ses pratiques sur le plan agro-environnemental, social et économique dans les 2 ans suivant l'adhésion.
OGM :
Obligation de résultat : les produits contaminés par des OGM sont sortis de la marque. Seuils : 0,01% pour les matières premières, 0,1% pour les produits transformés. (Contre 0,9 % pour le réglement bio européen).
Farine de sang, farine de viande, farine de poisson :
Usage interdit pour la fertilisation. (Pour le réglement bio européen : autorisation de certains sous-produits animaux pour la fertilisation).
Chargement maximum :
Recommandation : ne pas dépasser 2UGB/ha maximum en chargement instantané. (Pour le réglement bio européen : aucune règle).
Réglement complet disponible à la FNAB.