Porc
Biosécurité maximale pour pérenniser le repeuplement
Un an après le repeuplement et la restructuration de l’élevage de porcs, le Gaec François a conservé un statut sanitaire exceptionnel grâce aux mesures de biosécurité mises en place.




Le Gaec François, 450 truies naisseur engraisseur à Montigny, dans la Manche, présente un état sanitaire exceptionnel. Dominique Marchand, vétérinaire conseil du groupement Cap 50 témoigne : “tous les contrôles montrent l’absence de SDRP, mycoplasme, actinobacillus. Les contrôles abattoirs confirment l’absence de pathologie respiratoire. Et les seuls vaccins pratiqués sont ceux contre la parvovirose, le circovirus et les coli”. Michel et Marc François, les deux frères membres du Gaec, témoignent en outre que les dépenses de santé sur les six derniers mois ne sont que de 41 e/truie/an. Le secret de cette situation enviable ? Un dépeuplement-repeuplement, une restructuration de l’élevage, la filtration de l’air au moyen de filtres antimicrobiens, et le respect strict des règles de biosécurité dans l’élevage pour les deux frères et les deux salariés.
En 2007, la situation devenait intenable dans cet élevage situé dans une zone à forte densité porcine. Un sanitaire marqué par la présence de la plupart des contaminants, notamment le SDRP, à l’origine de résultats techniques médiocres et des dépenses de santé de 140 e/truie/an.
En collaboration avec le groupement Cap 50, les éleveurs décident de franchir le pas du dépeuplement-repeuplement. Un vaste chantier qui durera six mois, le temps de vider, nettoyer de fond en comble, rénover les bâtiments, et filtrer toutes les entrées d’air avec pas moins de 136 filtres répartis dans tous les bâtiments. L’élevage est repeuplé depuis juin 2008 et fonctionne en cinq bandes, avec un respect strict des règles de biosécurité. La nouvelle organisation des bâtiments est basée sur la séparation totale du bloc naissage PS et des engraissements. Laurence Boudou et Thierry Besnier, salariés de l’élevage ont été particulièrement sensibilisés à la démarche grâce à une visite de la station de Crécom où les règles de biosécurité leur ont été expliquées. Et en raison de leur participation active aux travaux de nettoyage qui leur ont fait prendre conscience de l’enjeu de maintenir le niveau sanitaire. Aujourd’hui, ils témoignent qu’il ne s’agit que d’une question d’habitude qu’ils ne vivent pas comme une contrainte.
Tous les actifs de cet élevage respectent scrupuleusement le changement de tenues et le lavage des mains entre le naissage et l’engraissement.
Retour sur investissement assuré
Entre l’élevage “d’avant” et celui qui est en place aujourd’hui, la différence de résultats est spectaculaire. Les croissances ont bondi, portant l’âge à 115 kg de 189 à 168 jours, soit un gain de 21 jours (et 18 jours de moins que la moyenne GTE Bretagne). L’indice de consommation sevrage-vente est tombé à 2,45 et le taux de pertes à 4,7 % contre 9,9 % avant les travaux. La productivité est de 20,3 porcs par truie et par an, et les éleveurs assurent que, compte tenu de la démographie du troupeau (que des premières et deuxièmes portées sur la précédente GTTT), ce critère va obligatoirement progresser. Autre fait remarquable, l’engraisseur de 400 places qui élève le surplus de porcs charcutiers, le Gaec Fougères à Saint-Martin des Landelles, a suivi la même démarche, à savoir une remise à niveau de son bâtiment, un nettoyage-désinfection total. Et le résultat est tout aussi étonnant, avec des performances qui ont explosé. Le taux de pertes est passé de 10 % à 3,5 %, les croissances de 673 g/j à 754 g/j et l’IC de 2,76 à 2,54.
Compte tenu de ces résultats techniques, le repeuplement et la restructuration de l’élevage vont très vite être rentabilisés. Olivier Remigereau, responsable technique à Cap 50 calcule : le coût du dépeuplement a été de 400 e/truie, celui des filtres de 75 000 e au total, soit 168 ?/truie. Soit un total de 570 e/truie. L’amélioration des performances, IC, GMQ, % pertes, dépenses de santé, est évaluée à 308 e/truie (d’après les données Ifip). L’investissement sera donc amorti en moins de 2 ans.
Les éleveurs concluent : “nous sommes conscients que nous ne sommes pas à l’abri de retrouver un ou plusieurs contaminants dans notre élevage, mais chaque jour qui passe nous conforte dans notre décision de dépeupler–repeupler et la mise en place des règles d’hygiène strictes. La biosécurité est, pour nous, une préoccupation quotidienne. Mais elle se doit être aussi une préoccupation collective au sein des filières de l’amont à l’aval et également entre les régions lors des mouvements de porcelets ou de reproducteurs. L’enjeu économique est à ce prix”.
Claudine Gérard
Réussir Porcs