A Caen : Phil Hogan mobilise contre lui
Plus de 150 agriculteurs ont défilé le 25 février, à l’initiative des Jeunes Agriculteurs et de la FRSEA de Normandie. Calmement, ils ont parcouru le centre-ville de l’agglomération caennaise. À l’occasion de la venue à Paris de Phil Hogan, commissaire européen, les exploitants normands ont crié leur colère.

“Jusqu’à présent, il n’a opposé aux demandes portées par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs qu’un mépris dédaigneux”, expliquent les deux syndicats agricoles. Certes, l’Union européenne a débloqué en septembre dernier une enveloppe d’aide destinée aux éleveurs. “Plus que des aides, la FRSEA et les JA réclament plus de transparence sur les prix”, indique Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61. “Nous avons besoin de mesures de soutiens aux marchés. Mais, Phil Hogan refuse d’entendre parler”, explique Patrice Lepainteur, président de la FDSEA du Calvados. Des propos complétés par son homologue de la Manche, Sébastien Amand : “le commissaire européen est présent aujourd’hui. Nous l’interpellons depuis des mois. Pour une fois, il a considéré qu’il était bon de venir voir. Nous appuyons donc nos représentants de la FNSEA. Phil Hogan n’a pas pris conscience que l’agriculture représentait un secteur économique à part entière, mais surtout à part des autres. Les choix de la commission européenne ne correspondent pas aux problèmes quotidiens sur nos fermes. Il doit le comprendre. La mobilisation est importante”.
Simplification demandée
Au-delà des politiques européennes, les manifestants fustigent également les suréglementations françaises. La dernière crispation se nomme Surfaces Non Agricoles. Car la FRSEA et les Jeunes Agriculteurs réclament plus de compétitivité. Le gouvernement a cependant fait un geste au mois de février avec la baisse de 10 points de MSA. “Après calcul, cela correspond à 24 % de cotisations à payer en moins. C’est quand même une avancée. Je rappelle néanmoins qu’au départ, nous souhaitons des prix”, insiste Patrice Lepainteur.
Parallèlement aux manifestations, les syndicats mènent des actions plus discrètes et poursuivent les rencontres avec la grande distribution et les transformateurs. La charte des valeurs, créée par la FNPL, est étudiée lors de ces échanges.
Prudence tripartite...
Dans le même temps, le distributeur système U plaide pour une négociation tripartite. Sur cette idée, Sébastien Amand se montre prudent. “Deux parties ne doivent pas se mettre d’accord au détriment du monde agricole. Il faut donc de la prudence et de la réserve. Nous n’avons pas des enfants de chœur en face de nous. Actuellement, nous sommes victimes de phénomènes d’ententes entre les acteurs de la filière pour collecter les producteurs de lait. Il ne faudrait pas aussi des ententes entre la transformation et la distribution”.