Carottes : l’urgence de trouver une issue
Après une visite sur le terrain de Joël Limouzin, président du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental), c’est Hervé Morin qui est venu à la rencontre des producteurs de carottes de la côte Ouest de la Manche mercredi 30 janvier. Il a promis de contacter la conseillère agricole du président de la République afin qu’une délégation parisienne puisse descendre enfin sur le terrain.

llll C’est autour de la table que les responsables agricoles et de la filière légumière de la Manche se sont retrouvé le 30 janvier dernier avec les présidents de la Région, Hervé Morin et du Département, Marc Lefèvre. Au menu : les carottes, une production emblématique de la Manche mise à mal en raison de l’interdiction du dichloropropène, pesticide utilisé pour lutter contre le nématode, ver parasite qui ravage les cultures de carottes des sables. Cette intervention s’ajoute à celle faite par le maire de Créances, Henri Lemoigne, le 15 janvier dernier à Grand Bourgtheroulde (Eure), lors du grand débat en direct au président de la République. Une intervention remarquée, qui a permis de remettre le sujet à nouveau au centre des discussions. Trois semaines auparavant, les acteurs de la filière montés à Paris, avaient eu la déception de voir que le dossier avait en quelque sorte disparu.
Se donner cinq ans
L’objectif de ces multiples démarches est bien de trouver une issue. Hervé Morin affirme. « Il faut s’engager à trouver la bonne molécule qui pourrait être la solution pour régler le problème. Mais il faut se donner cinq ans au moins », avance-t-il. Une position qu’il va défendre auprès de la conseillère de l’agriculture du président de la République, Audrey Bourolleau. Une femme que Légumes de France a déjà rencontrée. Mais pour le président de la Région, il faut insister afin qu’une délégation vienne sur le terrain.
De Paris au champ de carottes
Les producteurs de carottes voudraient enfin que ces visites aboutissent à dégager « une solution de transition. Nous ne pouvons pas mettre à mal la production de carottes de cette manière », explique Jean-Luc Leblond, président de la section légumière de la FDSEA de la Manche.
A la clé, ce sont des emplois menacés, des installations en difficultés,
un territoire et des marchés en perdition. Ainsi, les producteurs attendent les indemnisations évoquées en juin quand les acteurs de la filière se sont déplacés dans le bureau du conseiller du ministre de l’Agriculture. Ils espèrent également que le metam-sodium, autre pesticide retiré du marché français mais toujours autorisé à l’échelle européenne, obtienne une dérogation française. « C’est la condition pour continuer de produire des carottes des sables et des carottes de Créances, emblème de notre territoire », poursuit le responsable syndical. Ce pesticide détruit le nématode et possède un pouvoir herbicide.
Moderniser
L’utilisation pendant cinq ans donnerait la possibilité de cultiver des carottes et en même temps se projeter dans un plan de modernisation. C’est aussi le message de Hervé Morin, qui se dit prêt à accompagner les légumiers. « Les aides étaient peu fléchées pour la modernisation de la production légumière. Mais cela nous aiderait à investir dans de nouvelles productions, afin de baisser la pression du nématode dans les terres, et dans du matériel », poursuit Jean-Luc Leblond.
En attente de réponse
Si les visites se multiplient, les réponses se font toujours attendre. « Il y a toujours urgence », lâche Jean-Luc Leblond. Et pour cause, dans deux mois, il sera question d’une nouvelle saison. D’ici là, l’ensemble des acteurs espèrent tout de même une issue favorable.