Aller au contenu principal

CETA - MERCOSUR : nos agriculteurs, quantité négligeable ?

Il est bien loin le temps (1978) où Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République, parlait de l’agriculture comme du « pétrole vert de la France ». Notre pays était alors, la deuxième puissance agricole mondiale derrière les Etats-Unis. Aujourd’hui, nous ne pointons plus qu’au sixième rang avec seulement avec 4,5 % de parts de marché. Au sein même de l’Europe, nous sommes dépassés par l’Allemagne et les Pays-Bas.

© FDSEA 50

Certes, l’agriculture française demeure une grande fierté de l’économie française avec 14 % des emplois et 72 milliards de valeur créée chaque année. Elle occupe derrière l’aéronautique et la chimie-cosmétique, la troisième place de notre excédent commercial. La raison de ce déclin, nous la connaissons tous : le manque de compétitivité de notre agriculture par les sur-transpositions et les distorsions de concurrence que le gouvernement nous impose. Toutes ces règles pas toujours nécessaires sont autant de boulets attachés aux pieds des agriculteurs de notre département pour aller de l’avant.
Pour compenser ces reculs de production, la France a recours à l’importation de produits agricoles et alimentaires, qui pourraient être produits sur notre territoire, mettant ainsi en danger notre souveraineté alimentaire. La signature des accords du Ceta et du Mercosur n’a rien pour rassurer. Ils ne feront qu’accentuer davantage ce mal et sacrifieront encore notre agriculture. La raison de ces accords de libre-échange est mercantile. Les sociétés industrielles pourront exporter plus et mieux et je m’étonne que les ONG environnementales et écologistes soient absentes des débats. Elles dénoncent régulièrement sur les tribunes médiatiques l’agriculture française comme seule et unique responsable, de tous les maux liés à la pollution, au réchauffement climatique, ou la disparition des espèces. Leur aurait-on intimé l’ordre de ne plus marcher sur ces questions ?
Pire que le Ceta, le Mercosur pourra être validé sans ratification par les parlementaires des Etats membres de l’Europe, et cela, sans aucune garantie sur les critères et les règles de production des produits agricoles qui seront exportés vers l’Europe. Ce manque de garanties sanitaires est confirmé par les scandales sanitaires qui sont mis à jour régulièrement comme l’affaire « Carne fraca » qui a mis en lumière un réseau de commercialisation de viandes avariées incriminant dirigeants industriels et agents du gouvernement brésilien.
Ces accords qu’on nous présente comme merveilleux pour notre économie, destinés à accroitre les bénéfices de grandes entreprises déjà cotées au CAC40, se feront encore et toujours au détriment de notre profession. Le décrochage compétitif de la ferme France qui une fois encore sert de variable d’ajustement économique n’est pas fini. Ces accords entraîneront une désertification de nos territoires, notamment ceux d’élevage.
Ce déclin déjà engagé de notre secteur agricole continue d’aboutir au désespoir de nombreux paysans (tous les deux jours l’un d’entre eux se suicide) et aux crises qui se succèdent. A l’heure où les agriculteurs sont les premiers acteurs de l’écologie, de la préservation de la biodiversité dans les campagnes et de la lutte contre le réchauffement climatique, plus que jamais, l’Etat doit assumer ses responsabilités. Le Gouvernement aura-t-il le courage de maintenir son agriculture reconnue comme la plus saine et la plus durable au monde en prenant les mesures qui s’imposent ?

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Richard Leroy, patron du Garage d'Eugène avec une partie de l'équipe, qui compte au total 16 personnes, à Saint-Lô.
Au Garage d'Eugène, le tracteur fait son festival
Après 11 années de quête, de recherches, de rencontres, Richard Leroy et sa compagne, Marie-Charlotte, ont ouvert un lieu…
Gabriel Siroux, 13 ans, a remporté la première place du prix jeunes meneurs Blondes d'Aquitaine. Il est aux côtés du préfet de l'Orne, venu saluer les jeunes.
[En images] Salon Tous paysans : 10 000 personnes en visite
Le Salon Tous paysans organisé samedi 26 et dimanche 27 octobre 2024 à Alençon a réuni environ 10 000 personnes sur deux jours.…
  
Un abattement à hauteur de 6,5 millions d'euros
Sur les comptes des propriétaires, un versement devrait apparaitre dans les prochaines semaines. Il correspond à un dégrèvement d…
" Je suis né dans une exploitation. J'ai toujours été bercé dans l'ambiance agricole avec ses difficultés et ses espoirs. Je fais souvent valoir autour de la table du conseil municipal que ce métier est un beau métier et qu'il faut le soutenir", rappelait François Carbonell dans ces mêmes colonnes en février 2020.
François Carbonell, un ambassadeur de la ruralité nous a quittés trop tôt
Maire de Vitrai-sous-L'Aigle (61) et rédacteur en chef de l'Eure Agricole de 1989 à 2020, François Carbonell nous a quittés le 4…
Martial Gillette, installé à Saint-Amand, ira au Festival de la viande avec cet animal qui devrait retrouver les étals de la boucherie Lebreuilly à Saint-Lô en fin d'année.
Une première pour Martial Gillette
" Tu ne te rends pas compte de la bête que tu as ", a lancé Laurent Binet, organisateur du Festival à Martial Gillette, éleveur à…
Pour la seconde année consécutive, le préfet de la Manche, Xavier Brunetière, était présent, entouré des élus et responsables agricoles.
[EN IMAGES] 2 750 entrecôtes dégustées au Festival de la viande
La 20e édition du Festival de la viande à Torigny-les-Villes a une nouvelle fois trouvé son public. Avec plus de 2 750…
Publicité