Chambre d’agriculture de la Manche : à la croisée des chemins
Session relativement courte mais aux dossiers capitaux pour l’avenir agricole de la Manche. Finances, ADASEA, PAC, tout a été passé en revue.


Depuis ces six dernières années la Chambre d’agriculture est quasiment sur tous les fronts avec en arrière-plan une donne, ses finances et celles des exploitations. La session du 20 novembre n’y a pas échappé.
Cellule d’urgence
D’emblée le président a mis en exergue la cellule d’urgence.
Cellule chargée d’évaluer et
d’aider les producteurs. “Nous sommes en charge du volet technique, soit 250 à 300 dossiers”. Et Pascal Férey de préciser, “nous dégageons pour ses dossiers 10 équivalents temps plein. La facture, puisque nous n’avons pas d’aide à ce niveau, sera salée”. L’occasion d’adresser un message aux centres de gestion, “être très modéré dans votre facturation vis-à-vis d’exploitants en grande difficulté”. Pour la Normandie, un accord sur le FAC (fond d’allègement des charges) a été trouvé avec les autres départements normands. “Attention, la Basse-Normandie devrait bénéficier d’une enveloppe oscillant entre 8, 3 et 10 millions d’euros ; 1,4 M€ est destiné à financer une année blanche. Si elle n’est pas consommée, elle sera perdue”. Yannick Bodin (CR) tique sur cette année blanche et s’interroge sur le taux pratiqué par les établissements bancaires. Dans la foulée Éric Leclerc (FDSEA) demande que les banques soient plus généreuses et mutualistes. Du coup Hervé Marie (FDSEA) met sa pincée de sel, “elles ne doivent être les seules à faire des efforts. Les fournisseurs doivent aussi contribuer à aider le monde agricole”.
PAC et ADASEA
La réforme de la PAC fait parler d’elle à travers les ATR (avances de trésorerie remboursables). “Il nous manque encore 16 % des dossiers”. Lorsque l’on sait que le second versement sera effectué le 1er décembre, l’inquiétude est là aussi présente.
Dossier plus proche mais tout aussi embarrassant, l’avenir de l’ADASEA. L’activité semble avoir baissé ; le dernier directeur est parti fin octobre. En clair, une solution doit être trouvée pour l’avenir des six salariés. “Le président et le conseil d’administration de cette structure ont pris des mesures de protection pour protéger l’emploi et les missions PAI (point d’accueil installation)”. Philippe Pontis reste toujours inquiet. “Les craintes du collège “salariés” sont malheureusement justifiées. Nous espérons que
le conseil d’administration de
l’ADASEA accompagnera dans de bonnes conditions le transfert du personnel”.
Petit aparté au passage sur les bâtiments de l’ex-Crédit Agricole de la Manche, situés en face
de la maison de l’agriculture. “Saint-Lô Agglo n’est plus intéressé par le site ; il risque donc d’être “déconstruit”.
Budget
Passage incontournable pour les membres de session, le budget initial 2016. “Nous sommes dans un contexte incertain et contraint avec en arrière-plan des incidences financières dues aux changements des conseils régionaux et départementaux”. Il s’agit donc d’aller vers un nouveau modèle économique d’autant plus que la régionalisation et la mutualisation de certains services de la Chambre d’agriculture de la Manche vont demander une adaptation. Les finances 2016 seront donc serrées. Rémi
Bailhache, ancien président de la Chambre, lui s’interroge sur les conséquences de l’ADASEA et de la baisse des installations sur le budget. Budget qui a tout de même été voté à l’unanimité moins 7 abstentions.
L’élevage n’échappe pas aux réformes, du moins l’EDE (établissement départemental d’élevage). Le projet de régionalisation datait de 2011. Au 1er janvier prochain, place à une structure régionale. Pour les agriculteurs rien de changé ; les bureaux de Saint-Lô demeurent ainsi que les missions sur le terrain mais le comité d’orientation de la Manche sera dissous.
Derniers points, les SDAGE (schéma départemental de gestion des eaux). Adoptés par les agences de l’eau sur les zones Normandie et Loire-Bretagne, ils ont été refusés par la chambre à une large majorité. “Nous irons tout d’abord sur des recours gracieux puis, s’il le faut, sur les recours en contentieux”.
Maryse Hédouin, conseillère départementale en charge de l’agriculture, s’est déclarée inquiète par la future grande région normande. “Pour 2016, les finances départementales destinées aux agriculteurs, et transitant par la chambre d’agriculture, sont maintenues”. Un avertissement cependant, “l’argent public n’est pas distribué pour que les agriculteurs spéculent avec sur les matières premières”.