15 centimètres de neige sur les routes
Chronique d'une matinée laitière
« En 15 ans de ramassage de lait, je n’ai jamais vu ça… » lâche désabusé un chauffeur laitier sur la petite route de Lolif, petite commune située non loin d’Avranches. Il est 10 h, son camion bloque l’accès d’une des routes du village. « J’allais prendre mon virage pour passer la voie de chemin de fer lorsqu’une voiture m’a croisé et forcé à aller sur le côté ». Même peu chargé, 11 500 litres, notre chauffeur n’a rien pu faire, la roue avant droite a mordu sur la berne : impossible de se dégager seul avec la neige et le verglas qui recouvre la route. Pourtant il manque peu de choses, moins d’un mètre pour retrouver un appui, sinon solide du moins avec un minimum d’adhérence.


















Par chance, la ferme de Philippe Lecompagnon n’est pas loin, cinquante mètres. Seule solution, sortir le tracteur pour tirer le camion, pourtant muni de chaînes sur les roues motrices. 10 h 30, notre agriculteur arrive, les quatre routes motrices ne seront pas de trop pour sortir le camion de sa fâcheuse position. Cela commence d’ailleurs à devenir urgent, quelques voitures font du surplace, leurs conducteurs prennent l’incident avec philosophie. Il est vrai que dans ce coin de campagne, tout le monde se connaît ou presque, l’occasion d’échanger ses vœux pendant que la remorque est attelée au laitier. Une première tentative en arrière échoue, la seconde aussi. Finalement c’est par l’avant que le camion sera dégagé, prêt à reprendre sa difficile route de ferme en ferme pour collecter le travail des producteurs. Alors que le poids-lourd vient de traverser le passage à niveau, deux coups de trompe, le train, lui, passe sans aucune difficulté en direction de Folligny, soulevant au passage un nuage de neige.
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