Manche
Consommer bio local, c’est idéal
Du 23 au 29 septembre, la Manche va vivre à l’heure du bio. Logique, il s’agit de la première semaine nationale en la matière. Petit tour d’exploitation chez Alexandre Henrye (Saint-Lô).

Alexandre Henrye n’arrête pas depuis 2011. Ce maraîcher l’a joué finement en s’installant aux portes de Saint-Lô (route de Baudre). Sur deux hectares, puis trois, notre homme a conquis plus de 200 familles. Elles viennent deux fois par semaine assister au marché installé sur la ferme des Perriers de 16 à 20 h. “Je m’y retrouve largement à tous les niveaux en proposant environ 80 variétés ; en plus, j’ai un contact direct avec le consommateur”. Reste que sans Yves Dubos, dont la famille est installée sur une des dernières fermes saint-loises depuis des années, rien n’aurait été possible. Yvon, producteur laitier bio, a accepté, voici trois ans, de laisser quelques ha à Alexandre pour lui permettre de déveloper sa production.
Solidarité
“Nous sommes sur le même site, mais chacun installé en individuel” précise Yvon Dubos qui propose lui-même de la caissette de viande bovine sur réservation. L’exemple même de la solidarité et de l’entente permettant à chacun d’y trouver son compte. Francis Couillard, président du GAB 50, apprécie. “Ici, nous faisons la démonstration que la consommation de produits bio en local est possible ; c’est justement l’objectif de la semaine nationale se déroulant du 23 au 29 septembre”. Francis Couillard reste cependant amer sur quelques points. “Pendant des années, les bio n’ont pas été pris au sérieux. Aujourd’hui, nous payons comptant le prix d’une politique agricole d’où on nous a écarté”. Pour le GAB 50, outre l’aspect environnement, manger bio et local, “c’est créer de l’emploi, protéger sa santé et oeuvrer pour un profond changement dans l’agriculture et l’alimentation en règle générale”.
Pas question d’opposer agriculture conventionnelle et bio dans un débat stérile. “Chacun est libre de choisir son option de production. Reste que face à des coûts de production élevés, notamment en production laitière, beaucoup s’inspirent de nos méthodes”. Quant à la vente directe, “la consommation de denrées alimentaires produites localement réduit le nombre d’intermédiaires, diminue les transports polluants et contribue à la vitalité économique de nos territoires”. Et d’enfoncer le clou, “manger bio, c’est aussi faire le choix d’une alimentation de qualité qui garantit des produits sans pesticides, engrais chimiques de synthèse ou OGM”. Le système développé par Alexandre Henrye n’est bien sûr pas applicable partout. “D’autres formes de commercialisation sont en place et accessibles à tous : vente à ferme, marchés locaux, magasins de producteurs, AMAP, systèmes de paniers, vente en ligne ou encore restauration collective”.
Alexandre Henrye, aider d’Yvon Dubos, va continuer son petit bonhomme de chemin. Nos deux exploitants ne craignent qu’une chose, la pression foncière sur Saint-Lô. “Même si elle s’est calmée depuis quelques années, nous vivons toujours avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. En fait, nous sommes cernés de chaque côté, soit par des lotissements ou des zones industrielles”.