Cidre du Cotentin
Dernière ligne droite avant l’AOC
Avec un avis favorable donnée en juin 2012 par l’INAO, ce produit typique à la Manche devrait sans trop de difficultés obtenir son appellation d’ici peu.

Que de chemin parcouru depuis 13 ans ! En 2000, ils étaient une poignée de cidriculteurs à vouloir prendre leur destinée en main avec une volonté, “faire reconnaître le cidre Cotentin en tant qu’AOC” souligne Alain Jacquet, producteur. Au-delà d’une reconnaissance publique pour cette boisson spécifique, travaillée avec une prise de mousse naturelle, sans pasteurisation ou gazéification, l’équipe emmenée par la présidente Marie-Agnès Héroult veut sauver un patrimoine local, que l’on ne rencontre nul par ailleurs. D’abord, des vergers aux variétés si rares pour certaines qu’elles doivent être réidentifiées et des méthodes de travail, qui hormis un matériel plus moderne, n’ont pas changé depuis des siècles. En clair, les quelques 100 000 bouteilles à sortir chaque année sont l’expression d’une passion qui commencent à porter ses fruits. L’AOC est en très bonne voie avec un
premier passage réussi en juin dernier devant le CRINAO puis l’INAO qui a donné un avis favorable et nommé une commission d’enquête.
Commission d’enquête
Réunis en assemblée générale vendredi dernier à Pirou, chez un restaurateur, principale clientèle visée par la future AOC, les membres du syndicat ont donc fait le point sur le travail restant dans une atmosphère conviviale et optimiste. “Le 26 juillet 2012, nous avons lancé une campagne de pré-information de la démarche par voie de presse, incitant toute personne qui le souhaite à consulter le projet de cahier des charges” explique Marie-Agnès Héroult.
La commission d’enquête INAO s’est déplacée les 8 et 9 novembre sur le terrain afin de rencontrer les acteurs de la démarche, visiter les vergers, ateliers, sans oublier de déguster les produits qui ne contiennent pas moins de 60 % de variétés locales. “Une rencontre très positive puisque cette commission a confirmé son engagement dans la défense de notre demande de reconnaissance en AOC-AOP en mettant l’accent sur l’importance du maillage bocager. Ce qu’ils veulent, c’est avant tout une cohérence entre le produit et le lieu, d’où la présence de géologues”. Outre les aspects techniques, la dite commission a mesuré la motivation des producteurs, aspect primordial pour assurer une pérennité à la future appellation. “Quelques points restent à affiner suite aux recommandations ou demandes de précisions mais la commission d’experts en délimitation géographique a commencé son travail sur l’aire de la future AOC. C’est un signe fort, nous ne pouvons plus revenir en arrière”. Grosso-modo, la zone concernée irait du Nord du département jusqu’au canton de la Haye-Pesnel, autrement dit elle reprendrait une ancienne aire AOR Calvados avec en plus une zone de l’Avranchin. A noter que certaines parcelles seront exclues de l’AOC : zones sableuses, rocailleuses et de marais.
Qui dit AOC ou AOP dit contrôle des conditions de productions. “Elles sont intégrées au cahier des charges. Le travail de définition a démarré. Nous souhaitons, dès la prochaine récolte, mettre en route un plan de contrôle à blanc permettant de tester grandeur nature la faisabilité des contrôles tant internes qu’externes”. Les producteurs attendent désormais impatiemment la sortie officielle de l’AOC. Marie-Agnès Héroult reste prudente, “nous sommes dans la dernière ligne droite mais ne me demandez pas de date. Une chose est certaine, le travail avance bien”. En attendant, les producteurs font déjà la promotion de leurs cidres en le présentant dans toutes les manifestations normandes, à l’instar du Festival des AOC de Cambremer ou encore le concours de Carantilly. 12 lots ont été présentés, dont deux en cidre extra-brut Cotentin. Jean-François Vaultier (Grosville) a remporté une médaille d’or ; médaille d’argent et de bronze pour Marie-Agnès Hérout (Auvers), la Cidrerie du Père Mahieu (Bricquebosq) et Damien Lemasson (Cametours).