Génétique
Des taureaux profilés ADN au prochain catalogue Amélis
La génomique : une révolution technologique au service de l’amélioration génétique. Elle sort désormais des laboratoires pour s’afficher dans les catalogues des centres d’insémination. Exemple chez Amélis avec ses taureaux “profilAdn”.

A la rentrée prochaine, les éleveurs adhérents d’Amélis recevront leur catalogue automne hiver 09/10 d’offre génétique en production laitière. D’habitude, ils ont droit à une quinzaine de nouveautés toutes races confondues. Mais cette année, “c’est potentiellement une soixantaine de taureaux qu’on pourrait proposer mais on ne va pas tout rentrer”, explique Jean-Marc Pinsault, directeur Marketing et Ventes d’Amélis
Quand la génomique accélère le temps
C’est en fait la génomique qui accélère le temps. Dans un schéma classique de testage, il faut compter 5 à 6 ans de délais pour obtenir un index fiable basé sur les performances des filles. Désormais, après prélèvement et analyse de l’ADN issu d’une goutte de sang d’un bovin juste né, on décrypte, puissants logiciels à l’appui et par comparaison avec une base de données, sa carte et donc sa valeur génétique (voir schéma). Amélis n’a pas manqué le train et a même créé sa propre marque “profilAdn”. Son prochain catalogue cumulera des taureaux issus d’un testage classique et des taureaux en cours de testage mais déjà profilés. “En août vont arriver d’un coup 4 années de génétique, souligne Jean-Marc Pinsault. Il nous faut désormais vulgariser cette nouvelle technologie auprès de nos adhérents”.
Une nouvelle technologie fiable ? “Au niveau de la morphologie, le niveau de précision (Ndrl : cd = coefficient de détermination) est légèrement inférieur mais sur les critères fonctionnels, il est significativement supérieur”.
Vers la fin du testage
Une nouvelle révolution génétique est donc en marche. On accélère le progrès génétique en raccourcissant l’intervalle de génération. “La précision des index est relativement élevée (cd entre 0,5 et 0,7 selon les caractères) et cela va encore progresser. Nous ne sommes plus très éloignés de la fiabilité du testage sur descendance”, confirme Didier Boichard, chef du département de génétique animale de l’INRA. Si l’on y ajoute en plus une précision identique des index pour les mâles comme pour les femelles, on peut considérer que les années, voire les mois, du testage sur descendance sont comptés.
Sans avoir encore tiré de plans définitifs sur la comète, Amélis intègre cette évolution à sa réflexion. Le dimensionnement des taurelleries est à revoir.
A qui l’information ?
Mais si les avancées sont indéniables, d’autres questions restent en suspens et cristallisent même parfois les débats. Qui est propriétaire des informations issues du génotypage ? “La création des taureaux “profilAdn” a nécessité la mise au point d’un nouveau partenariat avec les éleveurs sélectionneurs baptisé ISY’Création, précise Jean-Marc Pinsault. Partenariat fondé sur le fait que la génétique femelle doit rester la propriété des éleveurs. Un partenariat qui n’enferme pas l’éleveur. On veut la priorité d’accès à l’information mais on ne l’empêche pas de vendre sa génétique à d’autres”. La France tarde cependant à combler ses vides juridiques. Outre-Atlantique, les éleveurs sélectionneurs ont immédiatement accès aux informations concernant leurs vaches. Par contre, pour protéger les centres d’inséminations qui ont investi dans la sélection génomique, les données issues du génotypage des taureaux sont protégées pendant 5 ans. Un laps de temps qui, ramené à l’échelle temps de testage conventionnel, équivaut à plus de 20 ans de sélection génétique. Presque une génération d’éleveurs ! Autant dire qu’il y aura un avant et un après d’autant plus que la génomique n’a pas livré tous ses secrets. Sans parler de manipulation génétique, de nouveaux critères intéressants pourraient être isolés chez certaines races à petits effectifs. Après ? Vive le brassage !