Digital : l’agriculture se badge aussi
Les badges deviennent numériques. Le dispositif se présente sous forme d'icône et permet de confirmer l'acquisition d'aptitudes, de connaissances ou de compétences. La DRAAF, la Chambre d'agriculture de Normandie et Unilasalle ont organisé une journée de réflexion sur ses usages potentiels en agriculture, et même au-delà.
llll Badge numérique : le terme reste méconnu. Même les aficionados du digital peine à le définir. Physiquement, le concept se résume à une image codée sur internet. Elle peut notamment être diffusée sur un réseau social (Facebook, Linked in). Des sites internet permettent aussi à l'utilisateur de regrouper tous ses badges dans une sorte de passeport. « Le badge numérique matérialise une compétence qui ne peut pas forcément l'être par un autre moyen. Quand on suit une formation, on a un diplôme qui correspond à des connaissances. La capacité à travailler en équipe ou à communiquer ne fait pas l'objet d'une validation dans les diplômes classiques. Les savoirs faire informels peuvent être reconnus par des badges numériques », explique Rémi Laurent, directeur adjoint de la Chambre régionale d'agriculture de Normandie.
Un système ouvert basé sur l'auto-évaluation
Le badge numérique s'appuie sur le monde collaboratif d'internet. Tout le monde peut créer son badge et l'attribuer. Le badge aura donc plus ou moins de valeur selon l'émetteur. Rémi Laurent imagine des déclinaisons concrètes pour le monde agricole. « Par exemple, on peut imaginer que des groupes d'agriculteurs (comme un GIEE) émettent une badge en lien avec leurs bonnes pratiques. Là, nous sommes dans l'auto-évaluation. Mais, ces badges pourraient être attribués par des conseillers, par des pairs, par des agriculteurs extérieurs au groupe. Plus il y aura d'acteurs derrière ce groupe, meilleur sera son niveau de confiance ».
Un badge qui reconnaît les bonnes pratiques agricoles
Le 6 avril dernier, une journée de réflexion a été organisée. L'initiative est partie de la sphère agricole, d'abord par la DRAAF et ensuite par la Chambre régionale d'agriculture, puis UniLaSalle. Cependant, la démarche s'est ouverte à d'autres domaines comme le monde de la culture, de l'industrie ou de la formation. Les « compétences informelles ne sont pas limitées à un secteur d'activité », rappelle Rémi Laurent. Premier objectif : lancer des initiatives et créer des badges. La DRAAF souhaite par exemple valoriser des savoirs-faire informels dans les lycées agricoles : attitudes écocitoyennes, engagement des élèves dans des activités non scolaires. La Chambre d'agriculture y voit, elle, un intérêt sur le champ de l'agroécologie. S'il n'est pas bio, les bonnes pratiques d'un agriculteur ne sont pas reconnues. « Nous allons donc badger l'agroécologie. Contrairement à un diplôme, nous sommes là dans une logique ascendante. Le terrain peut donc identifier et valoriser des compétences. C'est toujours agréable de faire reconnaître ses pratiques », résume Rémi Laurent. La démarche est aujourd'hui lancée. Les participants de cette journée de réflexion ont déjà leur premier badge, intitulé « Badgeons la Normandie ». Reste désormais à savoir si la pratique se démocratisera.